Cher Docteur, nous avons une fille de 7 mois et une semaine qui a encore un peu d’hypertonie. Lors d’une visite chez le pédiatre faite à ses trois mois et demi, il lui a diagnostiqué de l’hypertonie. Nous avons donc commencé une stimulation précoce à partir de ses quatre mois.
Nous avons consulté un neurologue infantile quand elle avait cinq mois. Il lui a diagnostiqué des réflexes archaïques, avec un encéphalogramme avec un métabolisme basal un peu lent. À six mois et demi, lors d’une visite chez le neurologue, le diagnostic était normal, même s’il nous a recommandé de revenir lorsque notre fille aura dix mois (ça sera vers Pâques). Nous étions très heureux, mais en allant chez le pédiatre, il nous a dit que, de toute façon, il la voit toujours hypertonique. Il pense donc nous devons continuer avec la stimulation précoce.
Notre médecin dramatise beaucoup les situations et il nous fait toujours peur à l'idée qu'elle ne va pas s'asseoir (elle se maintient déjà assise depuis un mois, et de mieux en mieux) et qu’elle ne marchera pas à cause de son hypertonie.
Le fait est qu'aujourd'hui, à ses sept mois et une semaine, lorsqu’elle est allongée sur le ventre, elle se traîne vers l’arrière et commence à se propulser vers l'avant en utilisant ses mains et ses pieds pour ralentir, elle fait des tours dans le sens des aiguilles d'une montre ou dans le sens contraire, en croisant les bras, elle manipule des objets et les passe d'une main à l'autre, les cogne les uns contre les autres.
C’est quand elle est allongée sur le dos qu’elle paraît le plus attardée car elle plie excessivement les jambes et se redresse avec la tête et la moitié du corps, nous avons lu que cela était normal comme apprentissage à la position assise mais la pédiatre considère cela anormal. Notre fille lève les jambes et s’attrape les pieds mais elle n’arrive pas à les mettre dans sa bouche, même si elle met dans sa bouche tout type d’objets car elle manipule tous les objets qu’elle peut et plus d’un à la fois.
Assise, notre fille se tient très bien même si on lui met des coussins autour d’elle au cas où elle perde l’équilibre. Elle joue avec des objets dans chaque main et passe de cette position à celle où elle se déplace.
Par ailleurs, aujourd’hui, la pédiatre a remarqué que ma fille a souvent les mains très moites et elle ne sait pas à quoi cela est dû mais elle a peur que ça puisse être lié aux nerfs ou à une hyperthyroïdie.
Nous aimerions savoir plusieurs choses : d'après votre expérience, comment évoluent généralement ces cas d’hypertonie lorsque jusqu’à maintenant l’hypertonie n'a pas empêché notre fille d’atteindre les étapes de développement normales pour son âge ? Est-ce que la sueur des mains peut avoir un lien avec un problème neurologique ? Quelles sont les causes les plus fréquentes de la transpiration abondante, mise à part la chaleur vu que son père transpire beaucoup ? Est-ce qu’il vous semble très grave d’avoir un peu d’hypertonie à cet âge ? Est-ce que vous pensez que ça l’empêchera de marcher ? Je suis désolée de vous poser ces questions, auxquelles vous ne pouvez peut être pas répondre, mais je suis très inquiète. Je m'excuse pour la longueur de mon message et je vous remercie beaucoup pour votre gentillesse.
Réponse du pédiatre
L'examen clinique le plus simple pour évaluer l'existence de traces de spasticité consiste à prendre l'enfant sous les bras et à la soulever du sol. S’il y a des traces de spasticité, elle aura tendance à étirer les jambes, même à les croiser en forme de ciseaux. Ceci, bien sûr, en dehors de l'évaluation du niveau de développement psychomoteur, qui est tout à fait normal d’après ce que vous m’expliquez. Dans votre message, vous ne me dites pas quelle a été la cause de sa spasticité.
La transpiration excessive des paumes des mains a de grande chance d’être normale, vus les antécédents familiaux, même si cela peut également être provoqué par certaines pathologies, tels que des troubles vasomoteurs, comme dans les évanouissements, les séjours prolongés au lit, etc. Une autre cause peut être la douleur (coliques), encore plus rarement l’hypoglycémie et d'autres troubles plus rares.
L’hypertonie chez un nourrisson peut être source de stress pour les parents. Bien que cette condition se manifeste par une raideur musculaire inhabituelle, elle n’est pas nécessairement un frein au développement normal.
Qu'est-ce que l'hypertonie chez le bébé ?
L'hypertonie désigne une augmentation anormale du tonus musculaire, c'est-à-dire que les muscles de votre bébé sont plus tendus et contractés qu'ils ne devraient l'être. Il est important de comprendre que l'hypertonie est une caractéristique tout à fait normale chez le nouveau-né. En effet, à la naissance, les membres du nourrisson sont naturellement repliés contre son corps et contractés, ce qui est parfaitement physiologique. Cette hypertonie des membres tend normalement à s'atténuer vers l'âge de 8 mois, laissant place à plus de souplesse. C'est cette évolution qui permet à votre enfant de gagner en mobilité et d'explorer ses capacités motrices. Lorsque l'hypertonie persiste au-delà ou qu'elle est particulièrement prononcée, une consultation médicale permet de déterminer s'il s'agit d'une hypertonie transitoire ou pathologique.
Les manifestations de l'hypertonie peuvent se traduire par plusieurs signes caractéristiques :
• Rigidité musculaire : le bébé semble moins souple dans ses mouvements et ses muscles, notamment ceux des jambes et du tronc, apparaissent tendus ou rigides, ce qui peut compliquer l'habillage ou le change.
• Réflexes exacerbés : les mouvements involontaires, comme les réflexes archaïques, sont plus marqués et parfois persistants après l'âge habituel de leur disparition.
• Croisement des jambes en ciseaux : lorsqu'on soulève l'enfant sous les bras, ses jambes peuvent se tendre ou se croiser, ce qui constitue un signe clinique important.
• Mouvements limités ou asymétriques : certains gestes peuvent sembler bloqués ou manquer de fluidité, ce qui peut ralentir l'acquisition de certaines compétences motrices. L'origine de l'hypertonie peut varier considérablement.
Elle peut être transitoire, liée à une simple immaturité neurologique qui se résorbera naturellement, ou parfois associée à des affections comme la paralysie cérébrale ou d'autres troubles neurologiques. C'est pourquoi une évaluation médicale approfondie est toujours recommandée pour rassurer les parents et adapter la prise en charge si nécessaire.

Transpiration des mains : causes fréquentes et signaux à surveiller
La transpiration excessive des mains chez un nourrisson, bien qu'elle puisse inquiéter les parents, est souvent bénigne et ne nécessite pas de traitement particulier. Cette manifestation est fréquemment observée chez les bébés et peut s'expliquer par plusieurs facteurs qui méritent d'être explorés. L'hérédité joue un rôle prépondérant dans la transpiration. Si l'un des parents, comme c'est le cas ici avec le père, transpire abondamment, il est tout à fait probable que l'enfant hérite de cette caractéristique sans que cela ne soit pathologique. Cette prédisposition génétique est la cause la plus fréquente de la sudation des mains chez les nourrissons. Le système nerveux autonome du bébé est encore en cours de maturation durant les premiers mois de vie.
Cette immaturité peut entraîner une régulation parfois excessive des glandes sudoripares, provoquant des épisodes de transpiration plus marqués, notamment au niveau des paumes et des pieds. Ce phénomène tend à se normaliser naturellement au fil du développement. Certains facteurs déclencheurs tout à fait normaux peuvent également expliquer cette sudation : la chaleur ambiante, les efforts physiques comme jouer ou ramper, ou encore les moments d'excitation ou de stress. Ces réactions sont parfaitement physiologiques et font partie du développement normal du nourrisson.
Dans de rares cas, la transpiration excessive peut être associée à des causes médicales qu'il convient de surveiller : les troubles vasomoteurs liés à une mauvaise régulation de la circulation sanguine, l'hypoglycémie si elle s'accompagne de somnolence ou d'irritabilité, ou encore l'hyperthyroïdie, bien que cette dernière soit exceptionnelle chez les nourrissons. Si la transpiration est isolée et ne s'accompagne pas d'autres signes inquiétants, elle est généralement sans gravité et une surveillance régulière suffit.
Conseils pratiques pour favoriser le développement malgré l'hypertonie
Accompagner un bébé présentant une hypertonie légère demande de la patience, de l'observation et des actions adaptées à ses besoins spécifiques. Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans la stimulation quotidienne de leur enfant, en complément du suivi médical et des éventuelles séances de kinésithérapie.
La stimulation motrice régulière constitue un pilier fondamental de l'accompagnement. Proposez à votre bébé des activités au sol, comme le tapis d'éveil, qui encouragent les mouvements libres et la découverte de son corps. Utilisez des jouets interactifs ou texturés pour stimuler la coordination œil-main et la manipulation d'objets. Favorisez également les positions qui permettent de détendre naturellement les muscles, comme sur le dos ou sur le ventre, tout en surveillant attentivement ses mouvements et ses réactions. L'environnement dans lequel évolue votre bébé doit être sécurisé et propice à l'exploration. Placez des coussins autour de lui en position assise pour prévenir les chutes, et laissez-lui suffisamment d'espace pour ramper sans obstacle. Cette liberté de mouvement est essentielle pour qu'il développe ses capacités motrices à son propre rythme.
Le portage physiologique en écharpe ou en porte-bébé adapté peut être particulièrement bénéfique pour les bébés hypertoniques. Cette pratique favorise le relâchement musculaire tout en maintenant une proximité rassurante avec les parents. Dans vos bras, privilégiez la position "petit bouddha" qui permet une bonne détente des membres.
Les massages relaxants représentent un outil précieux. Un massage doux et régulier des membres peut contribuer à détendre les muscles hypertoniques et favoriser un sentiment de bien-être. Les bains chauds, avant ces moments de massage, peuvent également aider à relâcher les tensions. Ces instants de partage renforcent le lien affectif entre parents et enfant. Restez attentive aux signaux de régression ou d'inconfort inhabituel. Si votre enfant semble moins actif qu'auparavant, perd certains acquis ou montre des signes de détresse, consultez immédiatement votre pédiatre pour adapter la prise en charge si nécessaire.
L'Importance d'un suivi personnalisé en cas d'hypertonie
Le suivi médical régulier constitue la pierre angulaire d'une prise en charge efficace de l'hypertonie chez le nourrisson. Comme l'a souligné le pédiatre dans sa réponse, des tests cliniques simples permettent d'évaluer précisément le niveau d'hypertonie ou de spasticité, et d'adapter les recommandations en fonction de l'évolution de chaque enfant. Une approche multidisciplinaire est souvent recommandée pour les cas d'hypertonie persistante. Elle peut impliquer le pédiatre traitant, un neurologue pédiatrique, un kinésithérapeute spécialisé en pédiatrie et parfois un psychomotricien. Cette collaboration entre professionnels permet d'offrir à votre enfant une prise en charge globale et personnalisée, tenant compte de tous les aspects de son développement.
La kinésithérapie pédiatrique occupe une place centrale dans le traitement de l'hypertonie. Différentes techniques, comme la méthode Bobath ou Vojta, visent à améliorer la mobilité et à stimuler le développement moteur. Le kinésithérapeute travaille avec les parents, leur enseignant des exercices à réaliser à la maison. La bonne nouvelle, c'est que la majorité des cas d'hypertonie légère n'entravent pas le développement global de l'enfant, y compris sa capacité à marcher. Avec un accompagnement approprié, une stimulation adaptée et une vigilance constante, votre bébé a toutes les chances de progresser et de s'épanouir à son propre rythme. Les étapes motrices importantes comme la position assise, le quatre-pattes puis la marche sont généralement atteintes, même si le calendrier peut parfois être légèrement décalé.
. Gardez confiance dans les capacités de votre enfant et poursuivez vos efforts avec sérénité. Les progrès que vous décrivez chez votre fille, notamment sa capacité à se maintenir assise, à manipuler des objets et à se déplacer, sont des signes très encourageants qui témoignent d'un développement psychomoteur tout à fait satisfaisant.
Vos questions fréquentes concernant l'hypertonie chez le bébé
1. À partir de quel âge l'hypertonie devient-elle préoccupante chez un bébé ?
L'hypertonie des membres est normale chez le nouveau-né et tend à s'atténuer vers 8 mois. Si elle persiste au-delà de cet âge de manière prononcée, ou si elle s'accompagne d'autres signes comme des retards dans les acquisitions motrices, il est conseillé de consulter un pédiatre ou un neurologue pédiatrique pour une évaluation approfondie. Toutefois, une hypertonie légère et transitoire reste fréquente et ne doit pas systématiquement inquiéter les parents.
2. L'hypertonie peut-elle empêcher mon bébé de marcher ?
Dans la grande majorité des cas d'hypertonie légère, la marche est acquise normalement, parfois avec un léger décalage dans le calendrier habituel. Les cas où l'hypertonie constitue un réel obstacle à la marche sont généralement associés à des pathologies neurologiques sous-jacentes plus importantes. Un suivi régulier et une stimulation adaptée permettent d'accompagner efficacement le développement moteur de votre enfant.
3. Quels professionnels de santé peuvent aider mon bébé hypertonique ?
Plusieurs spécialistes peuvent intervenir dans la prise en charge d'un bébé hypertonique : le pédiatre assure le suivi général, le neurologue pédiatrique peut réaliser des examens complémentaires si nécessaire, le kinésithérapeute spécialisé propose des exercices adaptés, et le psychomotricien peut également contribuer au développement global de l'enfant. L'ostéopathie peut parfois être complémentaire pour soulager certaines tensions.
4. Comment différencier une hypertonie normale d'une hypertonie pathologique ?
Une hypertonie normale se caractérise par une tension musculaire qui diminue au fil des mois et n'empêche pas l'acquisition des étapes de développement. Une hypertonie pathologique persiste dans le temps et s'accompagne souvent de retards moteurs ou d'autres signes neurologiques. Seul un professionnel de santé peut établir cette distinction grâce à un examen clinique complet.
Conclusion
L'hypertonie chez le nourrisson, bien qu'elle puisse générer de l'inquiétude, est dans la majorité des cas une condition transitoire qui n'empêche pas le bon développement de l'enfant. Les signes décrits chez votre fille de 7 mois sont autant de preuves encourageantes d'un développement psychomoteur qui progresse favorablement. Le suivi médical régulier et la stimulation précoce constituent les meilleurs atouts pour permettre à votre bébé de franchir sereinement toutes les étapes de son développement.


