Votre tout-petit a 30 mois et son vocabulaire reste très limité ? Vous vous posez des questions sur son développement langagier ? Décryptons ensemble cette situation qui préoccupe de nombreux parents et découvrons les conseils d'experts pour accompagner au mieux votre enfant.
Question de maman :
J'ai un enfant de 30 mois qui ne parle pas. À un an et demi il disait « papa, maman et eau », mais à 30 mois il ne dit pas grand-chose de plus « tétée, mamie, ici… ».
Si on lui apprend un mot comme « ici », quand on lui demande où il est, il ne répond pas, et se limite à répéter quand on lui dit « dis ici », « Alexandre est ici », puis il le dit mais pas dans son contexte. Il comprend parfaitement ce que nous disons et se fait très bien comprendre, mais je ne vois aucune intention de sa part à vouloir parler. Mon mari et moi pensons qu'il s'agit plus d'un problème de ne pas vouloir parler que de ne pas pouvoir, mais même en pensant cela je commence à être un peu inquiète. Est-ce normal ? Nous avons un autre bébé de 9 mois, qui baragouine déjà. On dirait que le petit parlera avant le grand…
Réponse du Spécialiste :
Ce n'est pas une évolution « normale » et, bien que chaque enfant ait un rythme d'évolution particulière, Alexandre ne parle pas parce qu'il ne le veut pas et, si c'est bien le cas, il y a quelque chose qui lui enlève l'envie de communiquer. Il est bon qu'il ait une bonne compréhension et, je suppose, d'après ce que vous dites, que s'il se fait comprendre, ça doit être par les gestes. Pensez que, parfois, nous les adultes, nous nous précipitons, nous nous hâtons et nous privons les enfants de la possibilité et de la nécessité de parler. Si en pointant l'objet qu'il désire du doigt nous le lui donnons, il n'aura pas l'opportunité de nous le dire.
J'aimerais avoir plus d'informations pour mieux vous aider, mais je peux vous dire de ne pas vous fier aux personnes, quelle qu'elles soient, qui vous disent « il parlera bientôt », en laissant passer le temps. Je lui ferais faire des examens dès que possible.
Comprendre le développement du langage à 30 mois
À l'âge de 30 mois, un enfant devrait normalement posséder un vocabulaire d'environ 200 à 300 mots et commencer à former des phrases de deux à trois mots. Cette période marque une étape importante dans l'acquisition du langage, où les tout-petits combinent les mots pour exprimer leurs besoins et leurs émotions de manière plus élaborée.
Lorsque le vocabulaire reste limité à quelques mots isolés, il est légitime de se poser des questions. Cependant, il est essentiel de distinguer le retard de langage d'autres situations. La compréhension des consignes et la capacité à communiquer par gestes sont des indicateurs positifs qui montrent que l'enfant possède les bases de la communication.
Le développement langagier dépend de plusieurs facteurs interconnectés : la maturation neurologique, l'environnement linguistique, les interactions sociales et parfois des aspects physiologiques comme l'audition. Comprendre ces différents éléments permet d'identifier plus précisément la nature des difficultés rencontrées.

Les signes qui doivent alerter les parents
Certains signaux méritent une attention particulière et justifient une consultation médicale rapide :
- L'absence de progression du vocabulaire entre 18 et 30 mois, voire une stagnation ou une régression des acquis linguistiques
- L'incapacité à utiliser les mots dans leur contexte approprié, comme simplement répéter sans comprendre le sens
- Le manque d'initiative pour communiquer verbalement, même lorsque l'enfant comprend parfaitement ce qu'on lui dit
- L'impossibilité de former des associations de deux mots simples comme « papa parti » ou « encore eau »
- Une communication exclusivement gestuelle sans tentative d'accompagner les gestes de sons ou de mots
Dans le cas d'Alexandre, plusieurs de ces signes sont présents. Sa bonne compréhension est encourageante, mais l'absence de progrès significatif depuis l'âge de 18 mois et sa tendance à simplement répéter sans utiliser les mots de manière fonctionnelle nécessitent une évaluation professionnelle. Pour mieux comprendre les différentes étapes du développement de votre enfant, consultez notre guide sur le développement de bébé mois par mois.
Les causes possibles d'un retard de langage
Plusieurs facteurs peuvent expliquer qu'un enfant de 30 mois ne parle pas encore correctement :
- Les troubles auditifs : Des otites à répétition ou une surdité partielle peuvent entraver l'acquisition du langage sans que les parents s'en aperçoivent immédiatement
- Les facteurs environnementaux : Une anticipation excessive des besoins de l'enfant, comme le mentionne le spécialiste, peut réduire sa motivation à parler
- L'arrivée d'un nouveau bébé : Ce bouleversement familial peut temporairement ralentir le développement langagier de l'aîné
- Un trouble spécifique du langage : Certains enfants présentent des difficultés intrinsèques à organiser et produire le langage oral
- Un trouble du spectre autistique : Associé à d'autres signes comme des difficultés d'interaction sociale
Il est important de noter que l'exposition aux écrans peut également impacter négativement le développement langagier. Les interactions passives devant la télévision ou la tablette ne stimulent pas la communication de la même manière que les échanges réels avec l'entourage.
Les démarches à entreprendre sans attendre
Face à un retard de langage à 30 mois, la consultation rapide d'un professionnel de santé est primordiale. Voici les étapes recommandées :
Premièrement, prenez rendez-vous avec votre pédiatre ou médecin traitant. Il effectuera un premier bilan et vérifiera notamment l'audition de votre enfant. Un test auditif est indispensable car une déficience auditive, même légère, peut considérablement entraver l'apprentissage du langage.
Deuxièmement, une consultation chez un orthophoniste sera probablement prescrite. Ce spécialiste réalisera un bilan complet du langage oral : compréhension, expression, articulation et capacités de communication. L'orthophoniste évaluera également les aspects pragmatiques du langage, c'est-à-dire la manière dont l'enfant utilise la communication dans ses interactions quotidiennes.
Troisièmement, selon les résultats, d'autres examens complémentaires pourront être proposés : consultation ORL approfondie, bilan psychomoteur, voire évaluation neuropsychologique si nécessaire. Cette démarche pluridisciplinaire permet d'avoir une vision globale de la situation.
Comme le souligne le spécialiste dans sa réponse, il ne faut surtout pas se contenter des paroles rassurantes du type « il parlera bientôt » sans agir concrètement. Le temps perdu peut avoir des conséquences sur le développement futur de l'enfant, tant sur le plan scolaire que social. Découvrez également nos conseils sur la communication avec votre enfant.
Comment stimuler le langage au quotidien
En parallèle des démarches médicales, les parents peuvent mettre en place plusieurs stratégies pour encourager le développement langagier de leur enfant :
Créez des opportunités de communication. Comme le mentionne le spécialiste, évitez d'anticiper systématiquement les besoins de votre enfant. Si Alexandre pointe du doigt un objet, reformulez verbalement sa demande avant de répondre : « Tu veux de l'eau ? Dis eau ». Attendez quelques secondes pour lui laisser le temps de s'exprimer.
Narrez vos actions quotidiennes. Commentez ce que vous faites lors des repas, de la toilette, des trajets en voiture. Cette narration constante enrichit le vocabulaire passif de l'enfant et l'encourage à imiter. Utilisez des phrases simples et claires : « On met tes chaussures. Les chaussures bleues. »
Lisez des histoires ensemble chaque jour. Les livres illustrés sont d'excellents supports pour développer le langage. Pointez les images, nommez les objets, posez des questions simples. Laissez votre enfant tourner les pages et choisir ses histoires préférées.
Chantez des comptines et des chansons. La musicalité et la répétition des comptines facilitent la mémorisation et encouragent l'enfant à reproduire les sons et les mots. Les gestes associés renforcent la compréhension.
Évitez de faire répéter de manière systématique. Comme le souligne le spécialiste, la répétition forcée peut être contre-productive et agacer l'enfant. Privilégiez plutôt la reformulation naturelle dans le contexte approprié.
Limitez drastiquement l'exposition aux écrans. Les interactions face à face sont irremplaçables pour le développement du langage. Les écrans, même éducatifs, ne peuvent se substituer aux échanges réels avec l'entourage. Pour en savoir plus sur l'impact des écrans sur le développement, consultez notre article sur les bonnes pratiques pour l'éveil de bébé.
Vos questions fréquentes concernant le retard de langage chez l'enfant
1. À quel âge un enfant doit-il absolument parler ?
Il n'existe pas d'âge absolu, mais à 24 mois, un enfant devrait prononcer au moins 50 mots et commencer à former des phrases de deux mots. À 30 mois, le vocabulaire devrait atteindre 200 à 300 mots avec des phrases de trois mots. Si ce n'est pas le cas, une consultation est recommandée.
2. Mon enfant comprend tout mais ne parle pas, est-ce inquiétant ?
La bonne compréhension est un signe positif qui indique que les mécanismes cognitifs fonctionnent bien. Cependant, si l'expression reste très limitée au-delà de 30 mois, il est important de consulter pour identifier ce qui bloque la production verbale. Il peut s'agir d'un trouble spécifique de l'expression ou d'autres facteurs qu'un professionnel pourra évaluer.
3. Le bilinguisme peut-il retarder l'acquisition du langage ?
Non, le bilinguisme en lui-même ne cause pas de retard de langage. Les enfants bilingues peuvent avoir un vocabulaire légèrement moins étendu dans chaque langue séparément, mais leur vocabulaire total (dans les deux langues combinées) est comparable à celui des enfants monolingues. Si un véritable retard existe, il se manifestera dans les deux langues.
4. Quels professionnels consulter en cas de retard de langage ?
Commencez par votre pédiatre ou médecin généraliste qui orientera vers un orthophoniste pour un bilan complet. Selon les besoins, d'autres spécialistes peuvent intervenir : ORL pour vérifier l'audition, psychomotricien, psychologue, voire neuropédiatre dans certains cas complexes.
5. Combien de temps dure une rééducation orthophonique ?
La durée varie considérablement selon la nature et la sévérité du trouble. Un retard simple peut nécessiter quelques mois de suivi, tandis que des troubles plus complexes peuvent demander un accompagnement de plusieurs années. L'orthophoniste réévalue régulièrement les progrès et adapte la prise en charge en conséquence.
6. Faut-il attendre l'entrée à l'école pour consulter ?
Absolument pas. Plus l'intervention est précoce, meilleurs sont les résultats. Attendre l'école peut faire perdre un temps précieux et rendre la rééducation plus longue. Si vous avez des doutes avant 3 ans, n'hésitez pas à consulter. La plasticité cérébrale est maximale dans les premières années de vie.
Conclusion
Le retard de langage chez un enfant de 30 mois mérite une attention sérieuse et des actions concrètes. Si la situation d'Alexandre présente des aspects rassurants comme sa bonne compréhension, l'absence de progression significative et l'utilisation limitée du langage nécessitent une évaluation professionnelle rapide.
La consultation d'un pédiatre suivie d'un bilan orthophonique permettra d'identifier précisément les difficultés et de mettre en place un accompagnement adapté. Plus l'intervention est précoce, meilleurs sont les résultats. En parallèle, les parents jouent un rôle fondamental en créant un environnement linguistique stimulant et en encourageant leur enfant à communiquer verbalement.


