Vous venez de donner naissance à votre bébé et, sur la table d'accouchement, vous avez ressenti des symptômes inquiétants comme des étourdissements ou un essoufflement ? Cette situation peut être déstabilisante, surtout lorsque les explications médicales tardent à venir. Comprendre ce qui s'est passé et savoir si cela peut se reproduire lors d'un prochain accouchement sont des préoccupations légitimes. Explorons ensemble les causes possibles de ces manifestations et les réponses d'un spécialiste.
Que s'est-il vraiment passé pendant l'accouchement ?
L'accouchement est un moment intense où votre corps subit de nombreux changements physiologiques en très peu de temps. Lorsque vous perdez une quantité importante de sang, comme cela peut arriver lors d'un accouchement avec forceps, votre organisme réagit immédiatement. Une perte sanguine brutale peut provoquer une diminution de la pression artérielle, ce qui entraîne des symptômes comme les étourdissements, l'essoufflement ou encore une sensation de faiblesse générale .
Lors d'un accouchement instrumentalisé avec forceps, les tissus peuvent être davantage sollicités, ce qui augmente le risque de saignement. Cette situation nécessite une surveillance accrue de la part de l'équipe médicale, mais elle n'est pas rare. Les professionnels de santé sont formés pour gérer ces complications et réagir rapidement.
Il est important de comprendre que votre corps venait de fournir un effort considérable. L'accouchement mobilise toute votre énergie et sollicite intensément votre système cardiovasculaire. Dans ce contexte, même une perte de sang modérée peut avoir des conséquences perceptibles sur votre état général.
📩 Question de maman
"Juste quand mon premier enfant est né, en étant toujours sur la table d'accouchement, j'ai commencé à ressentir des étourdissements et des essoufflements. J'avais perdu beaucoup de sang et mon bébé est né grâce aux forceps. Quand j'ai récupéré, les médecins n'ont pas su me donner d'explications. Ils m'ont dit que c'était à cause de la péridurale (j'ai reçu plusieurs injections car ça ne me faisait aucun effet) et d'autres ont dit que c'était peut-être dû à une crise d'angoisse. Une fois rentrée à la maison, j'ai fait une crise d'angoisse et j'ai suivi un traitement. Pourriez-vous me dire quelle est votre opinion ? Est-ce que ça se reproduira lors d'un deuxième accouchement ?"
💚 Réponse du Gynécologue
Je dois vous dire qu'il est très difficile de vous donner une réponse d'après les informations que vous m'apportez. Une partie de ma réponse pourrait être pure spéculation. Évidemment, ce serait l'anesthésiste qui contrôlait l'acte médical qui pourrait vous donner la meilleure réponse.
Une perte de sang lors de l'accouchement, quand elle survient brutalement, peut occasionner une diminution de la pression artérielle avec une sensation d'essoufflement et des étourdissements. L'anesthésie péridurale, qui dure dans le temps avec des doses répétées, peut aussi donner des symptômes similaires.
Vues les circonstances que vous évoquez, je pense qu'à ce moment-là ce qui s'est passé n'était pas dû à une supposée crise d'angoisse. Nous devons penser que votre bébé était né et que, pour vous, le problème immédiat de l'accouchement était résolu, ce n'était pas le moment le plus idéal pour faire une crise d'angoisse. Bien sûr, après la naissance, en pleine récupération et en étant faible, il était plus facile de développer de l'anxiété et même une certaine inquiétude. Si vous l'avez surmonté, vous ne devrez logiquement pas développer de problèmes lors d'un nouvel accouchement. Par ailleurs, votre médecin le prendra en compte, même s'il ne vous a pas donné beaucoup d'explications.

Le rôle de la péridurale dans vos symptômes
L'anesthésie péridurale peut effectivement provoquer une baisse de tension artérielle, des sensations vertigineuses et des malaises, surtout lorsque plusieurs injections sont nécessaires . Ces effets secondaires sont connus et surveillés par l'équipe d'anesthésie pendant toute la durée de l'accouchement.
Lorsque la péridurale ne fait pas l'effet escompté dès la première injection, il est courant que l'anesthésiste procède à plusieurs réinjections ou ajustements. Chaque injection supplémentaire peut augmenter le risque d'hypotension, cette baisse de tension qui provoque des étourdissements. L'équipe médicale surveille généralement ces paramètres vitaux de très près, mais parfois les symptômes se manifestent rapidement.
Les anesthésiques locaux utilisés lors d'une péridurale agissent sur le système nerveux et peuvent affecter temporairement la régulation de votre tension artérielle. Combiné à la fatigue de l'accouchement et à la perte de sang, cet effet peut être amplifié. C'est probablement ce qui explique l'incertitude des médecins quant à la cause exacte de vos symptômes : il s'agissait vraisemblablement d'une combinaison de facteurs.
L'hémorragie du post-partum : une complication à prendre au sérieux
L'hémorragie du post-partum se définit par une perte de sang supérieure à 500 ml dans les 24 heures suivant l'accouchement et touche environ 5% des femmes . C'est une complication qui nécessite une prise en charge rapide et efficace de la part de l'équipe obstétricale.
- Les symptômes d'alerte : Outre les étourdissements et l'essoufflement, d'autres signes peuvent indiquer une hémorragie importante comme une accélération du rythme cardiaque, une pâleur de la peau, des sueurs froides ou une sensation de soif intense.
- Les causes fréquentes : L'utilisation d'instruments comme les forceps, un travail prolongé, ou une atonie utérine (l'utérus ne se contracte pas suffisamment après la délivrance) sont des facteurs de risque reconnus.
- La prise en charge : L'équipe médicale met en place un protocole de surveillance strict et peut administrer des médicaments pour favoriser la contraction de l'utérus, effectuer un massage utérin, ou dans certains cas, envisager d'autres interventions.
Votre expérience semble correspondre à ce scénario : une perte de sang importante combinée aux effets de la péridurale a provoqué les symptômes que vous avez ressentis. La bonne nouvelle est que vous avez été prise en charge et que vous vous êtes rétablie.
La crise d'angoisse : une explication peu probable pendant l'accouchement
Certains professionnels de santé ont évoqué la possibilité d'une crise d'angoisse pour expliquer vos symptômes. Pourtant, le timing rend cette hypothèse peu plausible. Vous étiez toujours sur la table d'accouchement, votre bébé venait de naître, et le moment critique était passé. Ce n'est généralement pas à cet instant précis que l'anxiété atteint son paroxysme.
Les crises d'angoisse se manifestent souvent par une hyperventilation, une sensation d'oppression thoracique, des palpitations et une peur intense. Bien que certains de ces symptômes puissent ressembler à ceux que vous avez décrits, le contexte médical (perte de sang importante, péridurale multiple) suggère une origine physiologique plutôt que psychologique à ce moment-là.
En revanche, la crise d'angoisse que vous avez vécue une fois rentrée à la maison est tout à fait cohérente. Après un accouchement difficile et des symptômes inquiétants, il est normal de ressentir de l'anxiété. Cette expérience traumatisante peut laisser des traces émotionnelles qui nécessitent un accompagnement, ce que vous avez fait en suivant un traitement.
Un deuxième accouchement : quels risques de récidive ?
La question qui vous préoccupe légitimement est de savoir si ces complications peuvent se reproduire lors d'un futur accouchement. La réponse est nuancée et dépend de plusieurs facteurs. Avoir eu une hémorragie lors d'un premier accouchement augmente légèrement le risque lors des grossesses suivantes, mais cela ne signifie pas que la situation se répétera systématiquement.
Votre dossier médical sera étudié attentivement par l'équipe qui vous accompagnera. Les médecins prendront en compte votre historique pour adapter la surveillance et anticiper les éventuelles complications. Ils pourront par exemple :
- Planifier une surveillance renforcée de vos paramètres vitaux pendant et après l'accouchement
- Prévoir des stratégies préventives pour minimiser le risque d'hémorragie, comme l'administration précoce de médicaments favorisant la contraction utérine
- Discuter avec vous des options d'anesthésie et adapter le protocole de péridurale si vous en souhaitez une
- S'assurer que vous êtes dans les meilleures conditions possibles, avec un taux d'hémoglobine optimal avant l'accouchement
Le fait que vous ayez surmonté l'anxiété post-traumatique est également un élément positif. Vous êtes mieux préparée psychologiquement et vous savez maintenant à quoi vous attendre, ce qui peut réduire le stress lié à un futur accouchement.
Vos questions fréquentes concernant les complications pendant l'accouchement
1. Pourquoi les médecins n'ont-ils pas pu identifier clairement la cause de mes symptômes ?
Dans le contexte d'un accouchement, plusieurs facteurs peuvent se combiner et rendre difficile l'identification d'une cause unique. La perte de sang, les effets de l'anesthésie péridurale et la fatigue physique peuvent tous contribuer aux mêmes symptômes. Les médecins doivent parfois se contenter d'une explication multifactorielle plutôt que d'un diagnostic précis.
2. Combien de temps faut-il pour récupérer complètement après une hémorragie du post-partum ?
La récupération varie selon l'importance de la perte de sang. Généralement, les symptômes immédiats disparaissent en quelques heures à quelques jours. Cependant, si vous avez développé une anémie, il peut falloir plusieurs semaines pour retrouver votre niveau d'énergie habituel. Une supplémentation en fer est souvent prescrite pour accélérer la récupération.
3. Est-ce que l'utilisation des forceps augmente systématiquement le risque d'hémorragie ?
Les forceps peuvent légèrement augmenter le risque de saignement en raison de la traction exercée sur les tissus, mais ce n'est pas systématique. Ils sont utilisés lorsque cela est nécessaire pour la sécurité du bébé ou de la mère, et les bénéfices dépassent généralement les risques potentiels.
4. Peut-on refuser la péridurale lors d'un prochain accouchement pour éviter ces complications ?
Vous avez tout à fait le droit de refuser la péridurale. Cependant, discutez-en avec votre anesthésiste lors de la consultation prénatale. Il existe d'autres méthodes de gestion de la douleur, et l'équipe pourra également ajuster le protocole de péridurale pour minimiser les effets secondaires si vous souhaitez tout de même en bénéficier.
5. Comment savoir si je fais une vraie hémorragie après l'accouchement ?
Les signes d'alerte incluent un saignement abondant qui trempe plusieurs serviettes en une heure, la présence de gros caillots, des étourdissements importants, une accélération du rythme cardiaque, une pâleur inhabituelle ou une sensation de faiblesse extrême. En cas de doute, contactez immédiatement votre maternité ou les urgences.
Conclusion : Se préparer sereinement pour l'avenir
Votre expérience lors de votre premier accouchement a été difficile, mais elle vous a aussi rendue plus informée et plus forte. Les étourdissements et l'essoufflement que vous avez ressentis étaient très probablement liés à la combinaison d'une perte de sang importante et des effets de la péridurale, plutôt qu'à une simple crise d'angoisse comme certains l'ont suggéré.
Pour un futur accouchement, l'équipe médicale sera pleinement consciente de votre historique et mettra en place toutes les mesures nécessaires pour assurer votre sécurité. La communication avec vos soignants sera essentielle : n'hésitez pas à exprimer vos craintes et à poser toutes les questions qui vous préoccupent lors de vos consultations prénatales.


