Vous suivez un traitement à base de progestérone et vous venez de découvrir que vous êtes enceinte ? Cette situation soulève naturellement de nombreuses questions sur la poursuite ou l'arrêt du traitement. Comprendre le rôle de cette hormone essentielle pendant la grossesse vous aidera à prendre les bonnes décisions en collaboration avec votre médecin.
💬 Question d'une future maman
Je vous ai écrit il y a quelques semaines parce que mon médecin m'avait prescrit un traitement à base de progestérone, mais à ce moment je n'étais pas enceinte.
À mon quatrième mois de traitement, j'ai fait un test de grossesse qui s'est révélé positif. J'ai consulté mon médecin pour savoir si je devais continuer à prendre la progestérone et il m'a dit de faire comme je voulais, que ce n'était pas grave si je n'en prenais pas et que je pouvais aussi continuer à en prendre sans problème.
Je l'ai prise pendant 10 jours après l'ovulation, comme chaque mois, puis je l'ai laissée pour pouvoir avoir mes règles. Maintenant que je suis enceinte, je ne sais pas si je dois continuer. Qu'en pensez-vous? Voilà maintenant 5 jours que je n'en prends plus et j'ai peur de perdre mon bébé que j'ai tant désiré. Je vous remercie. Cordialement.
👩⚕️ Réponse du Gynécologue
Au moment de la grossesse, votre corps fabrique des hormones « autant qu'un curé peut en bénir » comme on dit vulgairement. C'est pourquoi votre médecin vous a dit de faire comme vous voulez, car prendre de la progestérone est aussi insignifiant que de rajouter une cuillère à café d'eau dans un litre d'eau. Si cela vous tranquillise, vous pouvez en prendre, mas ce sera pratiquement sans effet.
Le rôle fondamental de la progestérone pendant la grossesse
La progestérone, souvent appelée "l'hormone de la grossesse", joue un rôle crucial dès les premiers moments de la conception. Cette hormone stéroïdienne naturelle est produite par le corps jaune ovarien après l'ovulation, puis par le placenta une fois celui-ci formé.
Pendant les premières semaines de grossesse, la progestérone assure plusieurs fonctions vitales : elle maintient l'épaississement de l'endomètre pour permettre la nidation, réduit les contractions utérines qui pourraient compromettre l'implantation de l'embryon, et prépare l'organisme maternel aux changements à venir.
Les taux de progestérone augmentent naturellement et progressivement tout au long de la grossesse, atteignant leur pic au troisième trimestre. Cette production naturelle est généralement suffisante pour maintenir une grossesse normale, ce qui explique pourquoi certains médecins considèrent la supplémentation comme facultative dans certains cas.

Quand la supplémentation en progestérone est-elle nécessaire ?
Bien que votre corps produise naturellement cette hormone en quantité croissante pendant la grossesse, certaines situations spécifiques nécessitent un apport supplémentaire :
En procréation médicalement assistée (PMA), la supplémentation en progestérone est systématique et obligatoire. Les traitements hormonaux utilisés pendant les cycles de FIV perturbent la production naturelle, rendant l'apport externe indispensable jusqu'à ce que le placenta prenne le relais, généralement vers 10-12 semaines d'aménorrhée.
Les femmes ayant des antécédents de fausses couches répétées peuvent bénéficier d'une supplémentation, bien que les études scientifiques montrent des résultats mitigés sur son efficacité réelle pour prévenir les arrêts de grossesse dans les grossesses naturelles.
L'insuffisance lutéale, caractérisée par une phase lutéale trop courte ou une production insuffisante de progestérone après l'ovulation, peut également justifier un traitement de soutien en début de grossesse.
Les différentes formes de progestérone disponibles
La progestérone médicamenteuse se présente sous plusieurs formes, chacune ayant ses spécificités d'administration et d'efficacité. La voie vaginale est généralement privilégiée car elle permet une absorption locale optimale avec moins d'effets secondaires systémiques.
Les ovules ou gélules vaginales offrent une libération progressive et ciblée de l'hormone directement au niveau de l'utérus. Cette méthode d'administration peut occasionner des pertes blanchâtres ou légèrement colorées, qui sont tout à fait normales et sans danger.
La progestérone par voie orale reste possible mais nécessite des doses plus élevées pour être efficace, ce qui peut augmenter le risque d'effets secondaires comme la somnolence, les vertiges ou les troubles digestifs. Les injections intramusculaires sont moins couramment utilisées mais restent une option dans certains protocoles spécifiques.
Risques et effets secondaires à connaître
La progestérone naturelle est généralement bien tolérée pendant la grossesse, les effets secondaires étant le plus souvent légers et temporaires. Les symptômes les plus fréquemment rapportés incluent une sensation de fatigue accrue, des étourdissements, particulièrement en position debout, et parfois des troubles du sommeil.
Certaines femmes peuvent ressentir des changements d'humeur ou une irritabilité, bien que ces symptômes soient difficiles à distinguer des variations hormonales naturelles de la grossesse. La voie vaginale peut occasionner des irritations locales mineures ou des pertes inhabituelles.
Il est important de noter que contrairement aux progestatifs de synthèse, la progestérone naturelle n'a pas d'effet contraceptif et ne bloque pas l'ovulation. Les contre-indications sont rares mais incluent les allergies connues aux composants du médicament et certaines pathologies hépatiques graves.
Pour en savoir plus sur les différents maux de grossesse et leur prise en charge, consultez notre guide complet.
Que faire en cas de doute sur votre traitement ?
La communication avec votre équipe médicale reste primordiale pour adapter votre traitement à votre situation personnelle. Si vous ressentez des inquiétudes concernant l'arrêt ou la poursuite de votre supplémentation, n'hésitez pas à recontacter votre médecin pour obtenir des explications claires.
Certains professionnels de santé préfèrent maintenir le traitement par précaution jusqu'à la première échographie, qui confirme la bonne évolution de la grossesse. D'autres, constatant que la production hormonale naturelle est suffisante, peuvent recommander l'arrêt progressif ou immédiat.
Il est essentiel de ne jamais arrêter brutalement un traitement sans avis médical, particulièrement si vous avez bénéficié d'une aide médicale à la procréation ou si vous présentez des facteurs de risque spécifiques. Dans le doute, un dosage sanguin de progestérone peut aider à évaluer votre production naturelle.
Découvrez également nos conseils pour bien vivre les premières semaines de grossesse en toute sérénité.
Vos questions fréquentes concernant la progestérone pendant la grossesse
1. Puis-je arrêter la progestérone dès que je découvre ma grossesse ?
Cela dépend entièrement de votre situation médicale. Si votre grossesse est naturelle et que vous n'avez pas d'antécédents particuliers, l'arrêt peut souvent se faire sans risque. Cependant, consultez impérativement votre médecin avant toute modification de traitement.
2. La progestérone peut-elle nuire à mon bébé ?
Non, la progestérone naturelle utilisée pendant le premier trimestre de grossesse ne présente pas de risque pour le développement fœtal. C'est une hormone que votre corps produit naturellement en grandes quantités pendant la grossesse.
3. Combien de temps dois-je continuer le traitement si mon médecin me le conseille ?
En général, la supplémentation se poursuit jusqu'à 10-12 semaines d'aménorrhée, moment où le placenta produit suffisamment d'hormones. Dans certains cas spécifiques, le traitement peut être prolongé selon l'évaluation médicale.
4. Les effets secondaires de la progestérone peuvent-ils être confondus avec les symptômes de grossesse ?
Effectivement, la fatigue, les nausées et les changements d'humeur peuvent être liés soit à la grossesse, soit au traitement. C'est pourquoi il est parfois difficile de distinguer les deux, et l'arrêt du traitement peut aider à clarifier la situation.
5. Que faire si j'oublie de prendre ma progestérone ?
En cas d'oubli ponctuel, prenez votre dose dès que vous vous en rendez compte, sauf si c'est presque l'heure de la dose suivante. Ne doublez jamais les doses et consultez votre pharmacien ou médecin en cas de doute.
Pour plus d'informations sur le suivi médical de grossesse et les examens recommandés, consultez notre rubrique dédiée.
Conclusion
La question de la poursuite d'un traitement de progestérone en début de grossesse dépend de nombreux facteurs individuels. Votre corps produit naturellement cette hormone en quantité croissante pendant la grossesse, ce qui explique pourquoi certains médecins considèrent la supplémentation comme optionnelle dans les grossesses naturelles sans facteur de risque.


