Prééclampsie et HELLP syndrome : peut-on éviter une récidive lors d'une nouvelle grossesse ?

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Prééclampsie et deuxième grossesse

Avoir vécu une prééclampsie sévère avec un syndrome HELLP lors d'une première grossesse laisse naturellement des inquiétudes pour les grossesses suivantes. Si vous êtes à nouveau enceinte après une telle expérience, vous vous interrogez probablement sur les moyens de prévention disponibles et les mesures à prendre pour protéger votre santé et celle de votre bébé.

Question 

Avec ma première fille, j'ai eu une super grossesse, mais à la semaine 30, tout s'est compliqué et j'ai eu une prééclampsie sévère avec un Hellp syndrome.

Maintenant, je suis enceinte de 19 semaines et, même si les médecins m'ont dit qu'il n'y avait aucune raison que ça se reproduise, j'aimerais savoir s'il existe un type de prévention pour que ce qui s'est passé lors de ma première grossesse ne se répète pas. On m'a parlé de l'administration de salicylés, j'aimerais avoir votre opinion. Je vous remercie.

Réponse du Gynécologue 

Les problèmes que vous avez eus sont liés à des changements dans la pression sanguine à cause de problèmes rénaux et hépatiques qui se développent du fait de la grossesse. Lorsque l'accouchement a lieu, tout revient à la normale, il n'est donc pas possible de prévenir cela pour une future grossesse.

Dans cette nouvelle grossesse, en connaissant vos antécédents, les médecins doivent contrôler avec une extrême rigueur le poids, les éventuelles rétentions d'eau et la pression artérielle, et vous devez vous reposer, si nécessaire.

Il n'est pas obligatoire que ce qui s'est passé lors de votre première grossesse se reproduise. Renforcez vos contrôles, si votre gynécologue pense que vous devez voir un autre spécialiste, il vous l'indiquera. Il n'a pas été prouvé que l'utilisation de salicylates prévient l'éclampsie.

Comprendre la prééclampsie et le syndrome HELLP

La prééclampsie est une complication qui affecte environ 5% des grossesses et se manifeste généralement après la 20ème semaine de gestation. Elle se caractérise par une hypertension artérielle associée à la présence de protéines dans les urines. Le syndrome HELLP représente une forme particulièrement sévère de cette pathologie, touchant 10 à 20% des femmes qui développent une prééclampsie.

L'acronyme HELLP désigne trois anomalies biologiques majeures : l'hémolyse (destruction des globules rouges), l'élévation des enzymes hépatiques et la thrombopénie (chute du taux de plaquettes). Ces perturbations résultent d'un dysfonctionnement vasculaire qui trouve son origine au moment où le placenta se forme, créant des lésions au niveau des vaisseaux sanguins.

Dans 70% des cas, le syndrome HELLP survient avant l'accouchement, principalement entre la 27ème et la 37ème semaine d'aménorrhée. Il peut également apparaître dans les 48 heures suivant la naissance, ce qui nécessite une vigilance particulière durant cette période. Les symptômes peuvent inclure des douleurs abdominales intenses, des nausées, des vomissements, des maux de tête persistants et des troubles visuels.

 

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Le risque de récidive lors d'une grossesse ultérieure

Après avoir vécu une prééclampsie sévère ou un syndrome HELLP, il est légitime de s'interroger sur les risques lors d'une nouvelle grossesse. Le taux de récidive global est estimé à environ 19%, mais ce chiffre peut atteindre 61% lorsque le syndrome est survenu avant 32 semaines d'aménorrhée lors de la première grossesse.

Néanmoins, ces statistiques ne signifient pas que vous développerez automatiquement ces complications à nouveau. De nombreuses femmes ayant eu une prééclampsie lors d'une première grossesse vivent ensuite des grossesses tout à fait normales. La surveillance médicale rapprochée et l'identification précoce des signes d'alerte constituent les meilleures protections.

Votre équipe médicale mettra en place un suivi renforcé comprenant des consultations plus fréquentes, un contrôle régulier de la tension artérielle (qui peut être fait à domicile avec un tensiomètre), des analyses urinaires répétées et des échographies pour évaluer la croissance de votre bébé et le fonctionnement du placenta. Cette surveillance accrue permet de détecter précocement tout signe inquiétant et d'intervenir rapidement si nécessaire.

 

L'aspirine à faible dose : une prévention efficace

Contrairement à ce que mentionne la réponse initiale du gynécologue, les connaissances médicales ont considérablement évolué ces dernières années concernant la prévention de la prééclampsie. L'aspirine à faible dose (entre 75 et 150 mg par jour) est aujourd'hui reconnue comme le seul traitement préventif efficace chez les femmes à haut risque.

Des études scientifiques majeures ont démontré que l'aspirine, lorsqu'elle est prise à faible dose et débutée précocement dans la grossesse, peut réduire de 60 à 80% le risque de prééclampsie précoce (avant 34 semaines). Elle diminue également les risques d'accouchement prématuré et de retard de croissance intra-utérin.

Pour être efficace, l'aspirine doit être initiée avant la 16ème semaine de grossesse, idéalement dès la 12ème semaine, et poursuivie jusqu'à la 36ème semaine. Des recherches ont également mis en évidence un effet chronobiologique : la prise d'aspirine le soir semble plus efficace que le matin pour prévenir la prééclampsie. À ces faibles doses, l'aspirine ne présente pas les mêmes risques que l'aspirine à dose élevée, qui est contre-indiquée pendant la grossesse.

Les recommandations internationales, notamment celles de la Société Européenne de Cardiologie et du groupe de travail américain sur la prévention (USPSTF), préconisent l'aspirine à faible dose pour les femmes présentant au moins un facteur de risque élevé, dont font partie les antécédents de prééclampsie ou de syndrome HELLP. Si vous vous trouvez dans cette situation, n'hésitez pas à en discuter avec votre gynécologue ou votre sage-femme pour envisager cette option préventive.

 

Les mesures complémentaires pour une grossesse sereine

Au-delà du traitement préventif par aspirine, plusieurs mesures peuvent contribuer à réduire les risques et favoriser le bon déroulement de votre grossesse. Le repos reste une recommandation importante, particulièrement si vous présentez des signes de fatigue ou de tension. L'activité physique modérée et régulière, comme la marche ou la natation adaptée aux femmes enceintes, aide à maintenir une bonne circulation sanguine et à contrôler la prise de poids.

L'alimentation joue également un rôle fondamental. Privilégiez une alimentation équilibrée et variée, riche en fruits, légumes, protéines maigres et produits laitiers. Contrairement aux anciennes recommandations, il n'est pas nécessaire de suivre un régime sans sel, mais une consommation modérée reste conseillée. L'hydratation est essentielle : buvez au moins 1,5 à 2 litres d'eau par jour.

La gestion du stress et des émotions contribue aussi à votre bien-être global. Prendre soin de votre santé mentale pendant la grossesse est tout aussi important que votre santé physique. N'hésitez pas à exprimer vos inquiétudes à votre équipe médicale et à votre entourage. Des techniques de relaxation, comme la sophrologie ou le yoga prénatal, peuvent vous aider à gérer l'anxiété liée à vos antécédents.

 

Vos questions fréquentes concernant la prééclampsie et le syndrome HELLP

 

1. Quels sont les signes d'alerte qui doivent me pousser à consulter en urgence ?
Certains symptômes nécessitent une consultation immédiate : maux de tête intenses et persistants, troubles visuels (vision floue, mouches volantes, éclairs lumineux), douleurs importantes dans la partie supérieure droite de l'abdomen ou à l'estomac, nausées et vomissements soudains, gonflement rapide du visage et des mains, prise de poids brutale de plus de 2 kg en quelques jours. N'attendez jamais pour contacter votre maternité si vous ressentez l'un de ces signes.

 

2. Puis-je surveiller ma tension artérielle à domicile ?
Oui, et c'est même recommandé lorsque vous avez des antécédents de prééclampsie. Votre médecin peut vous prescrire un tensiomètre automatique agréé que vous pourrez utiliser chez vous. La Société française d'hypertension artérielle recommande la règle des 3 : réalisez 3 mesures le matin au réveil et 3 mesures le soir avant le coucher, pendant 3 jours consécutifs. Notez vos résultats et partagez-les avec votre équipe médicale.

 

3. L'aspirine à faible dose présente-t-elle des risques pour mon bébé ?
L'aspirine à faible dose (75 à 150 mg par jour) prescrite dans le cadre de la prévention de la prééclampsie est considérée comme sûre pour le bébé lorsqu'elle est prise du premier trimestre jusqu'à la 36ème semaine. Elle ne doit pas être confondue avec l'aspirine à dose élevée (500 mg ou plus), qui est contre-indiquée pendant la grossesse. Les bénéfices de l'aspirine à faible dose dépassent largement les risques potentiels chez les femmes à haut risque de prééclampsie.

 

4. Mon mode d'accouchement sera-t-il différent avec mes antécédents ?
Pas nécessairement. Si votre grossesse se déroule bien et que vous ne développez pas de nouvelle prééclampsie, vous pourrez envisager un accouchement par voie basse dans des conditions normales. Cependant, si des signes de prééclampsie apparaissent, particulièrement dans les formes sévères, votre équipe médicale pourra décider d'un déclenchement ou d'une césarienne pour préserver votre santé et celle de votre bébé. La décision sera prise en fonction de votre état, du terme de la grossesse et du bien-être fœtal.

 

5. Combien de temps après l'accouchement dois-je rester vigilante ?
La surveillance doit se poursuivre pendant au moins une semaine après l'accouchement, et même jusqu'à 6 semaines dans certains cas. Le risque d'éclampsie ou d'aggravation du syndrome HELLP reste important jusqu'au 4ème jour post-partum. Votre tension artérielle, votre poids, votre diurèse et d'éventuels signes cliniques seront surveillés attentivement. Si vous développez des symptômes inquiétants après votre retour à domicile, contactez immédiatement la maternité.

 

6. Existe-t-il un lien entre la prééclampsie et mon état de santé futur ?
Oui, avoir développé une prééclampsie augmente légèrement le risque d'hypertension chronique et de maladies cardiovasculaires à long terme. C'est pourquoi un suivi médical régulier après la grossesse est recommandé. Adoptez un mode de vie sain après l'accouchement : alimentation équilibrée, activité physique régulière, gestion du stress et contrôle périodique de votre tension artérielle. Ces mesures vous aideront à préserver votre santé cardiovasculaire sur le long terme.

 

Conclusion

Vivre une nouvelle grossesse après une prééclampsie sévère ou un syndrome HELLP peut susciter des inquiétudes légitimes. Cependant, les progrès de la médecine offrent aujourd'hui des moyens de prévention efficaces, notamment l'aspirine à faible dose prescrite précocement. Un suivi médical rapproché, une surveillance régulière de votre tension artérielle et l'attention portée aux signes d'alerte constituent vos meilleures protections.

 

 

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