L'approche de l'accouchement soulève de nombreuses questions, et parmi elles, celle du lavement préalable revient fréquemment. Beaucoup de futures mamans se demandent si cette pratique est encore d'actualité dans les maternités françaises et comment aborder sereinement cette question souvent source d'inquiétude.
Le lavement à l'hôpital : une pratique en déclin
Aujourd'hui, la majorité des maternités françaises n'administrent plus de lavement de façon systématique avant l'accouchement. Cette pratique, autrefois très répandue, a été progressivement abandonnée sur la base d'études scientifiques démontrant son efficacité limitée.
Les recherches menées par la Cochrane, référence internationale en matière de médecine fondée sur les preuves, n'ont révélé aucune différence significative concernant les taux d'infection chez les femmes ou les nouveau-nés, qu'un lavement ait été pratiqué ou non. De plus, l'Organisation Mondiale de la Santé recommande explicitement de ne pas pratiquer de lavements systématiques lors de l'admission à la maternité.
Si votre maternité pratique encore le lavement dans son protocole standard, il vous sera proposé. Cependant, vous avez parfaitement le droit de refuser cette intervention. N'hésitez pas à en discuter avec votre équipe médicale lors de vos consultations prénatales ou lors de l'élaboration de votre projet de naissance.
Il est intéressant de noter que dans les jours précédant l'accouchement, votre corps sécrète naturellement de la prostaglandine, une hormone qui stimule la mobilité intestinale. Cela explique pourquoi de nombreuses femmes vont spontanément à la selle plus fréquemment en fin de grossesse.
Défécation pendant l'accouchement : une réalité médicale normale
La crainte de déféquer pendant l'accouchement est extrêmement courante et tout à fait compréhensible. Il faut savoir que cette situation est parfaitement normale et arrive fréquemment lors de la phase d'expulsion.
Lorsque vous poussez pour faire naître votre bébé, vous utilisez exactement les mêmes muscles que lors de la défécation. La pression exercée par la tête de bébé sur le rectum peut naturellement entraîner l'expulsion de selles. Ce phénomène physiologique fait partie intégrante du processus de naissance.
Les sages-femmes, gynécologues et obstétriciens sont parfaitement habitués à cette situation. Ils nettoient discrètement et rapidement sans jamais porter de jugement. C'est leur quotidien et cela fait partie de leur travail d'accompagnement. La plupart des femmes ne se rendent même pas compte que cela leur est arrivé, tant l'équipe médicale gère la situation avec professionnalisme et discrétion.
Si cette préoccupation vous empêche de vous concentrer sur votre accouchement, sachez qu'en parler ouvertement avec votre sage-femme lors de vos cours de préparation à l'accouchement peut vraiment vous aider à dédramatiser.
Solutions naturelles pour vous sentir plus sereine
Si vous souhaitez partir "préparée de la maison" comme vous le mentionnez, plusieurs options s'offrent à vous sans recourir systématiquement à des médicaments :
L'alimentation riche en fibres : Dans les derniers jours de grossesse, privilégiez les aliments facilitant le transit intestinal. Les pruneaux, comme le suggère le gynécologue, sont particulièrement efficaces. Vous pouvez également consommer des fruits frais (poires, pommes, kiwis), des légumes verts, des céréales complètes et boire suffisamment d'eau.
L'hydratation : Boire régulièrement tout au long de la journée favorise un transit intestinal régulier et facilite l'élimination naturelle.
La mobilité : Rester active jusqu'au début du travail aide à stimuler naturellement le transit. De courtes promenades quotidiennes sont bénéfiques à plusieurs niveaux.
Les suppositoires à la glycérine : Si vous sentez le travail commencer et souhaitez vider vos intestins, vous pouvez utiliser un suppositoire à la glycérine. Toutefois, demandez toujours l'avis de votre sage-femme ou gynécologue avant d'utiliser ce type de produit, surtout en fin de grossesse.
Certaines femmes utilisent également du Microlax (micro-lavement) au début des contractions de travail, mais cette pratique doit également être validée par un professionnel de santé. Il est important de noter que même avec ces précautions, rien ne garantit que les intestins seront totalement vides pendant l'accouchement.
Se concentrer sur l'essentiel : votre accouchement
Le jour de l'accouchement, vous serez concentrée sur la gestion de vos contractions, votre respiration et l'arrivée imminente de votre bébé. Ces préoccupations intestinales passeront très probablement au second plan face à l'intensité du moment.
De nombreuses mamans témoignent qu'elles étaient obsédées par cette question avant l'accouchement, mais qu'au moment venu, elles n'y pensaient absolument plus. L'intensité des sensations, la concentration nécessaire pour accompagner les contractions et la joie de rencontrer enfin leur enfant prennent toute la place.
Si vous avez prévu une péridurale, sachez que celle-ci bloque principalement la sensation de douleur, mais n'inhibe pas complètement le fonctionnement des intestins. Vous pourriez donc ne rien ressentir même si une évacuation se produit.
N'hésitez pas à préparer votre corps autrement en pratiquant le massage du périnée à partir de la 34ème semaine de grossesse. Cette technique permet d'assouplir les tissus et peut contribuer à réduire les risques de déchirures, tout en vous familiarisant avec les sensations de pression que vous ressentirez lors de l'expulsion.
Communication avec l'équipe médicale : votre meilleure alliée
La clé pour vivre sereinement votre accouchement réside dans la communication avec votre équipe médicale. N'hésitez pas à exprimer vos inquiétudes lors de vos consultations prénatales ou pendant vos séances de préparation à l'accouchement.
Votre sage-femme ou votre gynécologue pourra :
- Vous expliquer en détail les protocoles de la maternité où vous allez accoucher
- Répondre à toutes vos questions sans jugement
- Vous conseiller sur les meilleures pratiques adaptées à votre situation personnelle
- Vous rassurer sur le déroulement concret de l'accouchement
Plus vous serez informée et à l'aise avec le sujet, moins vous serez stressée le jour J. Et rappelez-vous qu'un stress moindre facilite également le travail et l'accouchement. Votre corps et votre bébé fonctionnent mieux dans un environnement de confiance et de sérénité.
Si vous accouchez dans une maternité privée ou un établissement spécifique, vous pouvez directement vous renseigner sur leurs pratiques en matière de lavement. Certaines maternités proposent même des visites prénatales qui permettent de découvrir les lieux et de poser toutes vos questions à l'équipe.
Vos questions fréquentes concernant le lavement et l'accouchement
1. Le lavement avant l'accouchement est-il obligatoire ?
Non, le lavement n'est plus une pratique obligatoire dans la grande majorité des maternités françaises. Les études scientifiques ont démontré qu'il n'apporte pas de bénéfices significatifs en termes de réduction des infections ou de complications. Vous avez le droit de refuser cette intervention si elle vous est proposée.
2. Que se passe-t-il si je défèque pendant l'accouchement ?
C'est une situation tout à fait normale et fréquente. L'équipe médicale nettoie discrètement et rapidement sans faire de commentaires. La plupart des femmes ne s'en rendent même pas compte car elles sont concentrées sur les poussées et l'arrivée de leur bébé. Les professionnels de santé sont parfaitement habitués à cette situation qui fait partie du processus naturel de l'accouchement.
3. Puis-je prendre un laxatif doux avant d'aller à la maternité ?
Il est préférable de consulter votre sage-femme ou votre gynécologue avant de prendre tout laxatif ou produit facilitant l'évacuation intestinale en fin de grossesse. Certains produits comme les suppositoires à la glycérine ou le Microlax peuvent être utilisés au début du travail, mais uniquement sur avis médical. En effet, certains produits peuvent provoquer des contractions ou présenter des contre-indications spécifiques.
4. Comment savoir si mon intestin est vide avant l'accouchement ?
Il n'existe pas de moyen infaillible de garantir que vos intestins soient complètement vides. Le corps sécrète naturellement des hormones en fin de grossesse qui augmentent le transit intestinal. Si vous êtes allée à la selle dans les 24 heures précédant l'accouchement, votre rectum sera probablement peu rempli. Cependant, même avec toutes les précautions, une évacuation reste possible pendant l'expulsion, et c'est tout à fait normal.
Conclusion
La question du lavement avant l'accouchement, bien que source d'inquiétude pour de nombreuses futures mamans, ne devrait pas gâcher votre préparation à ce moment unique. Les pratiques médicales ont évolué et les protocoles actuels respectent davantage la physiologie naturelle de l'accouchement.
Concentrez-vous sur ce qui compte vraiment : votre préparation physique et mentale, votre lien avec votre bébé, et la confiance en votre corps qui sait parfaitement ce qu'il doit faire. L'équipe médicale qui vous accompagnera sera là pour vous soutenir dans tous les aspects de votre accouchement, avec professionnalisme et sans jugement.
Le plus important est que vous vous sentiez écoutée, respectée et en sécurité. N'hésitez jamais à poser vos questions, aussi intimes soient-elles. Votre accouchement vous appartient, et vous méritez d'y aller sereine et confiante.
