Vous venez de découvrir que votre taux de prolactine est élevé et vous vous interrogez sur vos chances de concevoir un bébé ? Cette situation, appelée hyperprolactinémie, concerne environ une femme sur mille en âge de procréer et suscite de nombreuses questions légitimes. Peut-on tomber enceinte naturellement malgré ce déséquilibre hormonal ? Un traitement est-il indispensable ? Et surtout, existe-t-il un risque accru de fausse-couche une fois la grossesse obtenue ? Dans cet article, notre gynécologue répond à toutes vos interrogations et vous aide à y voir plus clair sur cette hormone qui joue un rôle clé dans la fertilité féminine.
💬 Question d'une future maman
« Je voudrais m'informer sur quelques points au sujet de la prolactine élevée. Peut-on tomber enceinte sans traitement ? A-t-on besoin d'un traitement pour tomber enceinte ? Y a-t-il un risque de fausse-couche ? Si on tombe enceinte, doit-on être sous médication pour ce risque ? »
👩⚕️ Réponse du Gynécologue
La prolactine élevée altère la fertilité chez la plupart des femmes, mais pas chez toutes. Si la femme n'arrive pas à tomber enceinte, elle doit, pendant un certain temps, prendre des médicaments pour réduire ses niveaux de prolactine et, ainsi, pouvoir concevoir un enfant.
Si la grossesse survient, il n'y a pas plus de risque de fausse-couche que chez une femme qui a des niveaux de prolactine normaux, il ne faut pas non plus suivre un traitement spécial. Il est probable qu'il y ait de nombreuses femmes avec des niveaux de prolactine élevés, et qu'elles ne le sachent pas, car la plupart d'entre elles n'ont aucun symptôme. Si c'est nécessaire dans votre cas, consultez un spécialiste et suivez ses conseils.
Qu'est-ce que la prolactine et quel est son rôle dans la fertilité ?
La prolactine est une hormone sécrétée par l'hypophyse, une petite glande située à la base du cerveau. Sa fonction principale est de stimuler le développement des glandes mammaires pendant la grossesse et de déclencher la production de lait maternel après l'accouchement. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'allaitement représente une forme de contraception naturelle : la prolactine élevée pendant cette période inhibe l'ovulation.
En dehors de la grossesse et de l'allaitement, le taux normal de prolactine chez une femme en âge de procréer se situe généralement entre 5 et 20 ng/mL. Lorsque ce taux dépasse les valeurs normales, on parle d'hyperprolactinémie. Cette élévation peut avoir plusieurs origines : un adénome hypophysaire (tumeur bénigne appelée prolactinome), certains médicaments, le stress intense, l'hypothyroïdie ou encore le syndrome des ovaires polykystiques.
L'impact sur la fertilité est significatif car un excès de prolactine perturbe directement le cycle menstruel. Cette hormone inhibe la sécrétion de GnRH (hormone de libération des gonadotrophines), ce qui diminue la production de FSH et de LH, les deux hormones essentielles au bon déroulement de l'ovulation. Le résultat ? Des cycles irréguliers, une absence d'ovulation (anovulation) ou une ovulation de mauvaise qualité, rendant la conception plus difficile. Pour mieux comprendre les mécanismes de l'ovulation et optimiser vos chances de concevoir, vous pouvez consulter nos conseils pour améliorer la fertilité.

Peut-on tomber enceinte avec une prolactine élevée sans traitement ?
Comme l'explique notre gynécologue, la prolactine élevée n'empêche pas systématiquement la grossesse. En effet, le degré d'hyperprolactinémie varie considérablement d'une femme à l'autre, tout comme son impact sur l'ovulation. Certaines femmes présentant une élévation légère ou modérée de la prolactine peuvent continuer à ovuler, parfois de manière irrégulière, et donc concevoir naturellement sans traitement.
Il est probable qu'il y ait de nombreuses femmes avec des niveaux de prolactine élevés qui ne le sachent pas, car la plupart d'entre elles n'ont aucun symptôme. L'hyperprolactinémie peut ainsi passer inaperçue jusqu'à ce qu'un bilan de fertilité soit réalisé. Les symptômes les plus courants qui peuvent alerter sont les suivants :
- Des cycles menstruels irréguliers ou une absence totale de règles (aménorrhée)
- Un écoulement de lait par les mamelons en dehors de la grossesse ou de l'allaitement (galactorrhée)
- Des maux de tête récurrents
- Une baisse de la libido
Cependant, si vous essayez de concevoir depuis plusieurs mois sans succès et que votre taux de prolactine est élevé, un traitement sera généralement recommandé pour normaliser vos niveaux hormonaux et restaurer une ovulation régulière. Sans prise en charge, les chances de grossesse spontanée restent réduites dans la majorité des cas d'hyperprolactinémie significative.
Quels traitements pour normaliser la prolactine et concevoir ?
Si la femme n'arrive pas à tomber enceinte à cause d'une prolactine élevée, elle doit, pendant un certain temps, prendre des médicaments pour réduire ses niveaux de prolactine et ainsi pouvoir concevoir un enfant. Le traitement de référence repose sur les agonistes dopaminergiques, des médicaments qui imitent l'action de la dopamine, le neurotransmetteur naturel qui régule la sécrétion de prolactine.
Les deux principaux médicaments utilisés sont la bromocriptine et la cabergoline. Cette dernière est généralement privilégiée en première intention car elle présente une meilleure efficacité et une meilleure tolérance. Ces traitements permettent de :
- Normaliser rapidement le taux de prolactine dans le sang
- Restaurer des cycles menstruels réguliers et ovulatoires
- Réduire la taille d'un éventuel adénome hypophysaire
- Faire disparaître les symptômes associés comme la galactorrhée
Les résultats sont généralement excellents : la majorité des femmes traitées retrouvent une ovulation normale et peuvent concevoir. Dans les cas où le traitement médicamenteux ne suffit pas ou n'est pas toléré, une intervention chirurgicale peut être envisagée pour retirer l'adénome. Les techniques de procréation médicalement assistée peuvent également être proposées si nécessaire. Si c'est nécessaire dans votre cas, consultez un spécialiste et suivez ses conseils pour déterminer la meilleure approche thérapeutique adaptée à votre situation.
Grossesse et prolactine élevée : quels risques de fausse-couche ?
Voici une information rassurante pour toutes les femmes concernées : si la grossesse survient, il n'y a pas plus de risque de fausse-couche que chez une femme qui a des niveaux de prolactine normaux. Cette donnée est confirmée par les études scientifiques et l'expérience clinique des spécialistes de la fertilité.
Une fois enceinte, il ne faut pas non plus suivre un traitement spécial pour prévenir un risque de fausse-couche lié à la prolactine. En fait, pendant la grossesse, le taux de prolactine augmente naturellement et peut atteindre jusqu'à 250 ng/mL en fin de grossesse, soit dix fois plus que la normale hors grossesse. Cette élévation physiologique est tout à fait normale et nécessaire pour préparer l'allaitement.
Concernant le traitement par agonistes dopaminergiques, il est généralement interrompu dès la confirmation de la grossesse en cas de micro-adénome (tumeur de moins d'un centimètre). Pour les macro-adénomes plus volumineux, le traitement peut parfois être maintenu sous surveillance médicale étroite, car l'hyperoestrogénie de la grossesse peut entraîner une augmentation du volume de la tumeur dans certains cas. Un suivi régulier avec des examens du champ visuel et éventuellement une IRM sera alors proposé.
Pour les femmes ayant connu des difficultés de conception ou des antécédents de fausse-couche, il est conseillé de réaliser un bilan complet avant une nouvelle grossesse. Découvrez quels sont les contrôles médicaux recommandés après des fausses-couches pour identifier d'éventuelles causes et mettre en place un suivi adapté.
Vos questions fréquentes concernant la prolactine élevée et la grossesse
1. Comment savoir si j'ai une prolactine élevée ?
Le diagnostic de l'hyperprolactinémie se fait par une simple prise de sang, idéalement réalisée le matin, au repos et à jeun pour éviter les variations liées au stress. Si le premier dosage révèle un taux élevé, votre médecin demandera généralement une deuxième analyse pour confirmer le résultat. En cas de confirmation, des examens complémentaires comme une IRM de l'hypophyse peuvent être prescrits pour rechercher la cause de cette élévation.
2. Le stress peut-il vraiment augmenter la prolactine ?
Oui, le stress est un facteur reconnu d'élévation de la prolactine. Un stress physique ou émotionnel intense peut augmenter temporairement les taux de cette hormone et perturber l'ovulation. C'est pourquoi la gestion du stress fait partie des recommandations pour optimiser la fertilité. Des techniques de relaxation, le yoga ou un accompagnement psychologique peuvent aider à réduire l'impact du stress sur votre équilibre hormonal.
3. Combien de temps faut-il pour tomber enceinte après le début du traitement ?
Avec un traitement adapté, la normalisation du taux de prolactine survient généralement en quelques semaines. La reprise de cycles ovulatoires réguliers peut prendre entre un et trois mois. La plupart des femmes conçoivent dans les six à douze mois suivant le début du traitement, avec des chances comparables à celles de la population générale une fois l'ovulation restaurée.
4. Puis-je allaiter mon bébé si j'ai eu une hyperprolactinémie ?
En cas de micro-adénome n'ayant pas évolué pendant la grossesse, l'allaitement maternel n'est pas contre-indiqué. Votre médecin évaluera votre situation personnelle et vous donnera des recommandations adaptées. Pour savoir si vous êtes enceinte et quand réaliser un test, consultez notre article sur les différentes méthodes de test de grossesse.
Conclusion
L'hyperprolactinémie est une cause fréquente mais heureusement réversible d'infertilité. Si vous présentez un taux de prolactine élevé et souhaitez concevoir, sachez que les traitements actuels sont très efficaces et permettent à la grande majorité des femmes de retrouver une ovulation normale et de mener une grossesse à terme sans risque particulier de fausse-couche.
La clé réside dans un diagnostic précis et une prise en charge adaptée par un spécialiste. N'hésitez pas à consulter un endocrinologue ou un gynécologue spécialisé en fertilité qui pourra évaluer votre situation, identifier la cause de votre hyperprolactinémie et vous proposer le traitement le plus approprié. Avec un suivi médical régulier et une approche personnalisée, votre projet de maternité a toutes les chances d'aboutir.


