La Chlamydia, une infection très féminine

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Infection Chlamydia

La chlamydiose représente aujourd'hui l'infection sexuellement transmissible d'origine bactérienne la plus répandue en France, touchant particulièrement les femmes en âge de procréer. Cette maladie silencieuse, souvent qualifiée d'"épidémie invisible", suscite des préoccupations majeures de santé publique en raison de ses complications potentiellement graves sur la fertilité féminine. 

 

Comprendre l'impact spécifique de la chlamydia sur la femme enceinte et les risques associés devient essentiel pour prévenir les conséquences dramatiques de cette infection insidieuse.

 

Chlamydia, une infection insidieuse aux conséquences majeures

La chlamydia trachomatis est la bactérie à l'origine de cette infection. À part des lourdeurs au niveau du bas-ventre, peu de signes permettent de savoir qu'on est atteint de la maladie. La chlamydia survient autant chez les femmes que chez les hommes mais, chez ces derniers, on ne la suspecte qu'en cas d'inflammation de l'urètre découverte à la suite d'écoulements purulents. Chez la femme enceinte, la chlamydia peut aussi évoluer de manière silencieuse. Cela rend le diagnostic plus compliqué et augmente le risque de retard de traitement, avec des complications déjà bien avancées. Dans tous les cas, la chlamydia se transmet par voie sexuelle, donc au cours de relations sexuelles non protégées ou par un partenaire infecté.

L'ampleur de cette infection est particulièrement préoccupante : plus de 276 000 infections à Chlamydia trachomatis ont été diagnostiquées en France en 2016, soit trois fois plus qu'en 2012. Cette augmentation spectaculaire s'explique notamment par l'amélioration du dépistage, mais aussi par une réelle progression de l'infection dans la population. Chez les femmes de 18 à 25 ans, la prévalence atteint 3,6%, contre 2,5% chez les hommes du même âge.

Le caractère asymptomatique de l'infection dans 60 à 70% des cas chez les femmes constitue le principal défi diagnostique. Cette "maladie silencieuse" évolue de façon sournoise, permettant à la bactérie de coloniser progressivement les organes génitaux internes sans alerter la patiente. Cette discrétion explique pourquoi de nombreuses femmes découvrent leur infection lors d'un bilan de fertilité ou pendant la grossesse.

 

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Les complications d'une chlamydia : stérilité et grossesse extra-utérine

Le germe responsable de la chlamydia arrive dans l'organisme par le col utérin. Il colonise ensuite les organes du voisinage : utérus et vagin. L'infection peut s'étendre jusqu'aux trompes de Fallope, les tubes reliant l'utérus à l'ovaire, causant une inflammation appelée salpingite aiguë ou chronique. L'état inflammatoire des trompes diminue la voie destinée aux spermatozoïdes et empêche la fécondation. Cela peut expliquer des problèmes de fertilité chez certaines femmes. Et comme l'infection passe inaperçue, le couple ne se doute de cette colonisation bactérienne qu'après plusieurs tests pour stérilité. En cas de fécondation, la progression de l'œuf peut être gênée par cette inflammation, causant alors une grossesse extra-utérine. Dans ce cas, l'embryon ne va pas être viable et le pronostic vital de la jeune femme sera menacé.

Les conséquences à long terme de l'infection non traitée sont particulièrement sévères chez les femmes. L'atteinte inflammatoire pelvienne (AIP) représente la complication la plus redoutable, pouvant toucher l'utérus, les trompes de Fallope et les ovaires. Cette inflammation chronique génère des adhérences et des cicatrices qui compromettent définitivement la fonction reproductrice.

Les statistiques sont éloquentes : l'infection à chlamydia non traitée multiplie par sept le risque de grossesse extra-utérine et représente la première cause de stérilité tubaire chez la femme. Ces complications expliquent pourquoi la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande un dépistage systématique chez toutes les femmes sexuellement actives de 15 à 25 ans, y compris les femmes enceintes.

 

Chlamydia pendant la grossesse : risque de fausse couche et complications

Contracter une chlamydia pendant la grossesse expose la future maman à une fausse couche ou à un accouchement prématuré. En effet, les voies génitales sont enflammées. Le sac amniotique risque de se rompre et provoquer l'arrêt de la grossesse. En cas d'infection alors que la grossesse est au stade avancé, le risque d'accoucher prématurément est présent en raison de l'inflammation. D'ailleurs, si cela ne se produit pas, le bébé pourrait aussi contracter l'infection en traversant les voies génitales au moment de l'accouchement. L'arrêt de la grossesse à la suite d'une chlamydia est possible à tout moment de gestation.

Les risques pour le nouveau-né sont également considérables. La transmission materno-fœtale peut survenir during la grossesse ou lors de l'accouchement par voie basse. Les nouveau-nés exposés développent fréquemment une conjonctivite à chlamydia, caractérisée par des rougeurs, des gonflements et des écoulements oculaires apparaissant quelques jours à plusieurs semaines après la naissance.

Plus grave encore, 10 à 20% des bébés infectés développent une pneumonie atypique dans les premiers mois de vie, se manifestant par une toux persistante et des difficultés respiratoires. Ces complications néonatales, bien que traitables par antibiotiques, soulignent l'importance cruciale du dépistage et du traitement précoce pendant la grossesse.

L'infection peut également provoquer un retard de croissance intra-utérin, un faible poids de naissance, et dans les cas les plus sévères, une rupture prématurée des membranes avec risque d'infection amniotique grave pour la mère et l'enfant.

 

Dépistage systématique : une priorité de santé publique

Face à l'ampleur du problème, la stratégie de dépistage a été renforcée ces dernières années. La HAS recommande désormais un dépistage systématique de toutes les femmes sexuellement actives de 15 à 25 ans, y compris pendant la grossesse, ainsi que chez toutes les femmes enceintes consultant pour une IVG, sans limite d'âge.

Le dépistage repose sur les tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN), marqués CE, qui offrent une excellente sensibilité et spécificité. Chez les femmes, le prélèvement vaginal est préféré au prélèvement urinaire, et peut être réalisé par un professionnel de santé ou en auto-prélèvement pour faciliter l'accès au dépistage.

Une innovation majeure : depuis le 1er juillet 2025, les jeunes femmes de 18 à 25 ans peuvent commander gratuitement un kit de dépistage à domicile sur le site mon-test-ist.ameli.fr, sans ordonnance et sans avance de frais. Cette mesure vise à lever les freins psychologiques et logistiques au dépistage.

Le dépistage doit être répété annuellement en cas de test négatif avec nouveau partenaire sexuel, et tous les 3 à 6 mois en cas de test positif pour vérifier l'efficacité du traitement et dépister une éventuelle réinfection.

 

Chlamydia pendant la grossesse : comment la soigner efficacement ?

Plus de 80% des cas de chlamydia chez la femme enceinte sont asymptomatiques. Au cas où le médecin suspecte cette infection, il va prescrire des antibiotiques. Une consultation gynécologique est toujours d'une importance capitale car il vaut mieux éviter l'auto-médication en cas de grossesse. Pour s'assurer du diagnostic, le médecin prescrit ou procède à un frottis du col et de la muqueuse du vagin. Les éléments du sang peuvent démontrer une augmentation des éléments d'inflammation. Dans le cadre des infections génitales, la prévention reste la meilleure façon pour y faire face. Si vous deviez avoir des rapports sexuels, ne manquez pas d'utiliser un préservatif, même pendant la grossesse.

Le traitement de choix chez la femme enceinte reste l'azithromycine, administrée en dose unique de 1 gramme par voie orale. Cette molécule de la famille des macrolides présente l'avantage d'être efficace, bien tolérée et compatible avec la grossesse et l'allaitement. Le taux de guérison approche les 95% avec ce protocole.

En cas de contre-indication à l'azithromycine, les alternatives incluent l'érythromycine (500 mg quatre fois par jour pendant 7 jours) ou l'amoxicilline (500 mg trois fois par jour pendant 7 jours). Ces traitements ont démontré une efficacité similaire dans les études cliniques, bien que l'azithromycine reste préférée en raison de sa prise unique qui améliore l'observance.

Un contrôle de guérison est systématiquement recommandé 3 à 5 semaines après la fin du traitement chez la femme enceinte, afin de s'assurer de l'éradication complète de la bactérie. Le traitement simultané du ou des partenaires est impératif pour éviter les réinfections, et l'abstinence sexuelle ou l'usage du préservatif est recommandé jusqu'à la guérison confirmée.

 

Vos questions fréquentes concernant la chlamydia et la grossesse

 

1. Comment savoir si j'ai la chlamydia pendant ma grossesse si elle est asymptomatique ?
Le dépistage systématique lors du premier trimestre de grossesse permet de détecter l'infection même en l'absence de symptômes. Ce test fait partie du bilan prénatal standard et est pris en charge par l'Assurance Maladie. Si vous présentez des facteurs de risque (nouveau partenaire, partenaires multiples), n'hésitez pas à demander un dépistage supplémentaire au cours de la grossesse.

 

2. Le traitement antibiotique de la chlamydia est-il dangereux pour mon bébé ?
Non, les antibiotiques utilisés pour traiter la chlamydia pendant la grossesse (azithromycine, érythromycine, amoxicilline) sont parfaitement sûrs pour le développement fœtal. Ils appartiennent aux catégories d'antibiotiques autorisées pendant la grossesse et ne présentent aucun risque tératogène. Le bénéfice du traitement dépasse largement les risques potentiels.

 

3. Si j'ai eu la chlamydia avant ma grossesse et que j'ai été traitée, puis-je être réinfectée ?
Oui, il n'existe aucune immunité acquise contre la chlamydia. Vous pouvez être réinfectée si votre partenaire n'a pas été traité ou si vous avez des rapports non protégés avec un nouveau partenaire infecté. C'est pourquoi le dépistage des partenaires et leur traitement simultané sont essentiels.

 

4. Mon partenaire doit-il obligatoirement être traité même s'il n'a pas de symptômes ?
Absolument. Le traitement du ou des partenaires des 12 derniers mois est systématique, même en l'absence de symptômes, car 50% des hommes infectés sont asymptomatiques. Le traitement est identique : azithromycine 1g en dose unique ou doxycycline 100mg deux fois par jour pendant 7 jours (cette dernière étant contre-indiquée chez la femme enceinte).

 

5. Puis-je allaiter si je suis traitée pour une chlamydia après l'accouchement ?
Oui, l'azithromycine et l'érythromycine sont compatibles avec l'allaitement maternel. Ces antibiotiques passent en très faible quantité dans le lait maternel et ne présentent aucun danger pour le nourrisson. Vous pouvez donc poursuivre l'allaitement pendant et après le traitement sans interruption.

 

Conclusion

La chlamydiose demeure un enjeu majeur de santé publique, particulièrement chez les femmes en âge de procréer. Son caractère asymptomatique et ses complications sévères sur la fertilité soulignent l'importance capitale du dépistage systématique, notamment pendant la grossesse où les conséquences peuvent affecter à la fois la mère et l'enfant.

Les recommandations actuelles de la HAS, qui préconisent un dépistage systématique des femmes de 15 à 25 ans et de toutes les femmes enceintes, constituent une avancée significative dans la lutte contre cette infection. L'accessibilité facilitée au dépistage, notamment grâce aux kits gratuits à domicile, devrait contribuer à réduire la prévalence de cette IST.

La prévention reste néanmoins la meilleure arme : l'usage systématique du préservatif lors de rapports sexuels avec un nouveau partenaire, le dépistage régulier et le traitement simultané des partenaires constituent les piliers de la lutte contre la chlamydiose. Pour obtenir des informations complémentaires sur les infections pendant la grossesse, n'hésitez pas à consulter votre professionnel de santé.

Pour plus d'informations sur la surveillance médicale pendant la grossesse, consultez nos ressources dédiées.

 

 

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