Bien que certains professionnels soient réticents à la reconnaître, la violence obstétricale existe, comme l'a mis en évidence l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La seule manière de l'éradiquer est de la normaliser et de confier le pouvoir de décision sur la grossesse et l'accouchement à la femme et à sa famille.
La violence obstétricale est définie, selon l'OMS, comme une forme spécifique de violence exercée par des professionnels de la santé (principalement des médecins et du personnel infirmier) envers les femmes enceintes, lors de l'accouchement et en post-partum, constituant une violation des droits reproductifs et sexuels des femmes.
Autrement dit, il s'agit de violence exercée envers la femme enceinte par des actes tels que le manque de respect de son autonomie et de sa liberté de décision, la limitation de ses mouvements, un traitement déshumanisé, l'abus de médicaments et la pathologisation d'un processus naturel tel que l'accouchement.
Cela peut entraîner un dommage potentiel pour la femme enceinte et son bébé, et nuire à leurs droits.
Comment éliminer la violence obstétricale ?
La première étape pour éradiquer la violence obstétricale est de la normaliser. La violence obstétricale existe, et elle a été reconnue par l'OMS.
Refuser cette réalité, c'est ne pas vouloir résoudre un problème largement demandé par les femmes. Nous devons être du côté des familles, écouter leurs vécus et faire notre autocritique, en reconnaissant ce dans quoi nous avons échoué et ce que nous faisons bien pour le renforcer.
À cet égard, il est nécessaire de revoir la pratique assistancielle, d'implémenter un contrôle qualité et des enquêtes de satisfaction lors de l'accouchement, et d'analyser si les attentes ont été atteintes dans les processus assistanciels liés à la grossesse.
Un autre aspect qui devrait être amélioré est la préparation à la grossesse et à l'accouchement. Une femme informée et responsabilisée sur sa grossesse est capable de prendre ses propres décisions.
Les professionnels doivent respecter ses désirs, les prendre en compte et corriger avec diligence toutes les pratiques qui pourraient engendrer de la violence obstétricale.
En quoi consiste la violence obstétricale ? Quelques exemples
Les formes de violence obstétricale ne devraient pas se baser sur les techniques utilisées, mais sur leur mauvaise utilisation.
Il existe une forme de violence obstétricale très subtile et, bien souvent, invisible, qui repose sur le manque d'information ou des informations biaisées, visant à influencer la femme pour qu’elle adopte un comportement spécifique.
Par exemple, si le professionnel, lorsqu'il informe sur la technique de l'épidurale, ne met en avant que les aspects positifs, sans aborder les risques associés, il pourrait conditionner la décision de la future mère.
D’autres cas sont plus flagrants, comme l’utilisation de phrases peu assertives, plus centrées sur la justification des techniques et la défense du professionnel que sur la femme, ce qui peut parfois lui inspirer de la culpabilité et minimiser la réalité, telles que par exemple :
« Quand tu es venue tout à l’heure, tu ne voulais pas d’épidurale, donc maintenant ne te plains pas », « C’est toi qui as décidé un accouchement naturel, normal que tu aies mal », « Tu t’es déchirée parce que tu ne restes pas tranquille », etc.
Souvent, les femmes elles-mêmes ne sont même pas conscientes qu’elles subissent de la violence obstétricale, c’est pourquoi elles ne portent pas plainte.
De plus, parfois, le professionnel lui-même ne s'en rend pas compte, car son comportement découle de ce qu’il a appris dans la société et dans sa pratique quotidienne. Se conformer à des protocoles rigides, sans écouter les femmes et leurs préférences, peut conduire à ces formes de violence obstétricale si subtiles qu’elles passent inaperçues, même pour le professionnel.
Un exemple clair serait de refuser à des parents ayant dû interrompre leur grossesse à cause d'une malformation le droit de connaître et de dire adieu à leur bébé, par manque d'empathie et de formation au deuil.
Comment prévenir la violence obstétricale ? Un processus respectueux
Malgré cela, la tendance actuelle est de plus en plus orientée vers l’humanisation des hôpitaux ou, mieux encore, des professionnels.
Travailler en équipe et en harmonie avec la femme est ce qui rend le processus respectueux. Dans ce sens, il faut saluer ce changement grâce à toutes ces sages-femmes « guerrières » qui ont désappris ce qu'elles avaient appris, réinventant leur travail, s’adaptant aux preuves scientifiques et renouvelant les salles d'accouchement et les professionnels.
Grâce à elles, nous devons continuer à travailler sur un modèle holistique centré sur la femme et sa famille.