Vos hémorroïdes vous gênent après l'accouchement ? Ce paquet de veines placé sur la marge de l'anus réagit à beaucoup de facteurs. Ayant été gravement sollicité pendant la grossesse et le travail, il s'enflamme et vous fait souffrir le martyre. Sachez qu'environ 20% des jeunes mamans sont concernées par les hémorroïdes après l'accouchement, ce qui en fait l'un des troubles post-partum les plus fréquents. Comment éviter cette crise d'hémorroïdes et la soigner une fois qu'elle se produit ?
La crise d'hémorroïdes avant et après l'accouchement
La douleur causée par les hémorroïdes est une souffrance courante de la grossesse. Ces veines, déjà présentes, mais normalement discrètes, se manifesteront sous la pression des organes placés plus haut. En effet, l'utérus prend du volume, comprimant la dernière partie de l'intestin et causant une constipation presque chronique. Pour évacuer les selles, la future maman va devoir constamment pousser, ce qui finit par irriter les hémorroïdes, ces veines de la marge anale.
En parallèle, les vaisseaux sanguins du corps subissent les effets de la progestérone sécrétée en grande quantité pendant la grossesse. Les veines anales n'échappent donc pas à la règle. Les vaisseaux se dilatent et s'enflamment, d'où la survenue d'une crise hémorroïdaire. La femme ressent des démangeaisons, de la douleur quand elle évacue ses selles, et remarque parfois du sang après les selles.
Les efforts de l'accouchement vont davantage peser sur les hémorroïdes à cause de la compression du plexus veineux rectal par le passage de la tête du fœtus. Selon les données médicales, les accouchements par voie basse présentent 20% de risque de thrombose hémorroïdaire externe contre seulement 4% avec une césarienne. La crise hémorroïdaire s'accompagne souvent de varices des membres inférieurs témoignant de problèmes circulatoires.

Hémorroïdes et grossesse : comment prévenir les crises ?
Une fois que les hémorroïdes se sont gonflées, elles ne vont plus disparaître. Avec les bonnes mesures d'hygiène et un traitement adéquat, les veines vont diminuer en volume, mais restent plus ou moins élargies. Il est donc plus prudent d'essayer d'en éviter l'apparition en adoptant un mode de vie sain le plus tôt possible.
Améliorer votre transit intestinal :
- Aidez vos intestins à bien fonctionner en incluant plus de fibres dans votre régime. Les fruits et les légumes, qu'ils soient crus ou cuits, en contiennent en grandes quantités. Prenez au moins 300 grammes de fibres par jour.
- Buvez suffisamment : 2 litres de liquides par jour dont beaucoup d'eau fraîche. Si vous aimez les jus, préférez le jus d'airelles aux jus de pomme ou de citron qui sont astringents. Réduisez au maximum la prise de repas lourds à digérer comme les plats épicés et la charcuterie.
- Certaines personnes pointent le chocolat, le café et le poivre du doigt, mais aucune étude n'a corroboré cette théorie selon laquelle ils favoriseraient la crise hémorroïdaire.
Adopter une hygiène de vie active :
- Pratiquez des exercices physiques quotidiens pour stimuler la circulation du sang dans le plexus veineux rectal. Une promenade en pleine air, des séances de natation ou de la gymnastique douce peuvent suffire, si vous ne vous sentez pas de taille à faire de plus grandes performances.
- Évitez de garder longtemps les positions debout ou assise, et surtout de soulever des objets lourds, pour éviter de ralentir le retour du sang dans les veines.
- Mangez correctement pour limiter votre prise de poids pendant la grossesse. En effet, la compression sera d'autant plus grande si vous prenez plus de poids que la normale.
Hémorroïdes après l'accouchement : comprendre les thromboses
Après l'accouchement, les hémorroïdes se manifestent le plus souvent sous forme de thromboses hémorroïdaires internes et externes. Une thrombose hémorroïdaire est un caillot de sang qui se forme dans les artères hémorroïdaires sous la peau. Chez la femme après l'accouchement, ces thromboses sont souvent multiples avec un œdème important, un gonflement important, responsable de douleurs intenses.
Ces caillots ne migrent pas et ne présentent donc aucun risque d'embolie pulmonaire. La thrombose se reconnaît par l'apparition d'une tuméfaction anale bleutée, parfois accompagnée d'un œdème. Dans la majorité des cas, selon la Société Nationale Française de Colo-Proctologie, la maladie hémorroïdaire se résorbe spontanément dans les semaines, voire les 6 mois après l'accouchement. Cependant, dans environ un tiers des cas, on observe des hémorroïdes post-partum persistantes.
Hémorroïdes et grossesse : traitement naturel
Si vous souffrez déjà de vos hémorroïdes, faites des bains de siège à l'eau froide ou fraîche pour réduire le flux sanguin et l'inflammation. L'application de glace dans un gant peut également refroidir et apaiser la zone, notamment les œdèmes souvent présents au niveau du périnée après l'accouchement.
Il peut arriver que les hémorroïdes sortent à l'extérieur de l'anus. Dans ce cas, repoussez-les en les massant doucement avec vos doigts. Pour ce faire, lavez-vous les mains, enfilez un gant chirurgical enduit de lubrifiant, puis tentez délicatement de pousser l'hémorroïde dans le rectum à l'aide d'un doigt. Si cette manœuvre ne fonctionne pas, ne forcez pas et consultez votre médecin.
Ne repoussez pas le moment d'aller aux toilettes quand vous en sentez le besoin. En cas de constipation, utilisez un laxatif doux ou un suppositoire glycériné pour évacuer les selles facilement sans devoir pousser. N'hésitez pas à prendre des laxatifs de manière continue sans culpabilité après l'accouchement, car ce qui fait que les hémorroïdes ressortent, c'est la constipation mais aussi le fait de pousser longtemps.
Les lavements doux contribuent à décongestionner le paquet d'hémorroïdes. Appliquez ensuite une pommade anti-inflammatoire (à base de marronnier) pour tonifier les veines de la zone anale. Des lingettes imprégnées d'anti-inflammatoires sont vendues en pharmacie et facilitent la toilette en cas d'hémorroïdes après l'accouchement. Il est notamment important que la zone reste propre pour prévenir les infections.
Traitements médicamenteux compatibles avec l'allaitement
Bonne nouvelle pour les mamans allaitantes : il existe de nombreux traitements compatibles avec l'allaitement. Une femme qui allaite peut parfaitement prendre des médicaments tels que des veinotoniques (comme le Daflon), des laxatifs, des topiques sous forme de crème et suppositoires à appliquer au niveau de la marge anale, ainsi que du paracétamol.
En cas de douleur intense, les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l'ibuprofène ou le kétoprofène sont parfaitement autorisés pendant l'allaitement. En effet, très peu de ces médicaments passent dans le lait maternel - bien moins que si une mère donnait elle-même un anti-inflammatoire à son bébé.
En cas d'œdème important, votre médecin peut également prescrire des corticoïdes en cure courte. Les crèmes sans anesthésiques ni corticoïdes comme la Titanoreine crème sont à privilégier si besoin. Les graines de psyllium, laissées à macérer une nuit dans un verre d'eau, peuvent être utiles en cas de douleur lors du passage à la selle.
Si le gonflement des hémorroïdes persiste après l'accouchement, n'hésitez pas à demander conseil auprès de votre gynécologue ou à consulter un proctologue qui pourra prescrire un traitement encore plus adapté.
Vos questions fréquentes concernant les hémorroïdes après l'accouchement
1. Les hémorroïdes vont-elles disparaître après l'accouchement ?
Dans la plupart des cas, les hémorroïdes s'améliorent spontanément dans les semaines suivant l'accouchement. Cependant, environ un tiers des femmes continuent d'avoir des symptômes hémorroïdaires six mois après l'accouchement. Si les symptômes persistent, une consultation spécialisée peut être envisagée.
2. Puis-je utiliser des traitements locaux si j'allaite ?
Oui, de nombreux traitements locaux sont compatibles avec l'allaitement. Les crèmes, suppositoires et pommades à base de plantes ou d'anti-inflammatoires légers peuvent être utilisés. Privilégiez les produits sans anesthésiques ni corticoïdes forts.
3. Quand dois-je m'inquiéter et consulter rapidement ?
Consultez rapidement si vous observez des saignements abondants dans la région anale, des douleurs très intenses qui ne passent pas avec les traitements usuels, de la fièvre, ou si vous ressentez des brûlures importantes et des suintements. Un examen proctologique peut alors être nécessaire.
4. La césarienne protège-t-elle des hémorroïdes ?
La césarienne diminue effectivement le risque de thrombose hémorroïdaire externe : 4% de risque avec une césarienne contre 20% par voie basse. Cependant, les hémorroïdes peuvent aussi apparaître pendant la grossesse à cause de la constipation et de la pression de l'utérus.
5. Comment éviter la constipation après l'accouchement ?
Adoptez une alimentation riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes), buvez beaucoup d'eau, et n'hésitez pas à utiliser des laxatifs doux en cas de besoin. L'activité physique progressive aide aussi à relancer le transit intestinal.
Conclusion
Les hémorroïdes après l'accouchement sont un désagrément fréquent mais généralement temporaire qui touche une femme sur cinq. Avec des mesures d'hygiène appropriées, des traitements naturels et si nécessaire des médicaments compatibles avec l'allaitement, il est tout à fait possible de soulager efficacement ces symptômes. L'important est de ne pas rester dans l'inconfort et de demander conseil à votre professionnel de santé qui pourra vous orienter vers la solution la plus adaptée à votre situation. La plupart du temps, le problème se résout spontanément dans les mois suivant l'accouchement, vous permettant de profiter pleinement de votre nouvelle vie de maman.


