Pour la première fois, en entrant dans un centre commercial, j'ai ressenti le besoin que beaucoup de gens ont de compenser leurs manques émotionnels par leurs achats, au travers desquels ils couvrent le «besoin humain d'appartenir» à un certain groupe social, reflété dans leurs vêtements ou dans leur maison.
La recherche d'acceptation, de se détacher dans notre environnement social, de nous sentir uniques, spéciaux, triomphants, était là, planant dans l'espace, enveloppant les acheteurs, leur chuchotant de façon subliminale que, par leurs achats, ils peuvent trouver une identité, si ce n'est la leur, celle qui leur semble la plus acceptable ou suggestive mais, dans tous les cas, tout aussi fausse et illusoire.
Il est habituel de mettre en relation le fait d'arborer de nouveaux vêtements avec celui du renouvellement de notre vie. De manière inconsciente, nous ferons paraître ce changement au travers de nos achats, et bien que nos achats ne nous permettent pas d’atteindre notre objectif, nous chercherons à satisfaire notre besoin de façon instantanée dans le fait de «porter nos vêtements pour la première fois».
Sans nous en rendre compte, nous pouvons tous tomber sous l'influence des promesses de la publicité, qui séduit par l'achat d’expériences, de sentiments, d'acceptation de soi, de bien-être, et qui disparaît comme par magie, quand nous achetons des choses inutiles qui finissent par nous faire sentir coupables et plus anxieux.
Le journal télévisé reportait récemment l’augmentation de l’indice des acheteurs compulsifs qui affecte autant les hommes que les femmes, entre 30 et 55 ans, avec un profil de faible estime de soi, de manque de contrôle, d'insécurité, une prédisposition à l'imagination, un sentiment de solitude ou de vide spirituel, en plus de souffrir d’autres troubles tels que l'anxiété et la dépression.
Cette réalité, qui semble lointaine à beaucoup de gens, se voyait cependant reflétée, dans les yeux de nombreux acheteurs l'après-midi de ma visite dans un centre commercial populaire. L'anxiété de se battre en duel avec le temps qui passe pour maintenir la vieillesse éloignée, «pour les demandes du script…» se percevait aussi comme un autre virus contagieux dans les cabines d’essayage de la zone de vêtements pour adolescentes, où des femmes mûres étaient réticentes à accepter le fil du temps avec naturel et sagesse.
La société de consommation dans laquelle nous vivons nous entoure et nous «vampirise» dans un bombardement médiatique implacable et suppose un grand effort pour que nous prenions conscience de son énorme pouvoir subliminal, maintenant que les centres commerciaux sont devenus un lieu d’activités de loisir, plutôt qu'un besoin spécifique.
Le retour au travail après les vacances est un moment idéal pour que les alarmes de la compulsion sautent et que nous ayons envie d’acheter du bonheur dans toutes sortes d'objets plus ou moins abordables économiquement. En raison de la mondialisation, et en imitant les Etats-Unis, des articles «Made in Asia» pas chers et de qualité douteuse, inondent les magasins pour la satisfaction des bourses moins fournies. Malheureusement, cela implique que les adolescents, en particulier, ressemblent à des clones en achetant leur garde-robe dans des chaînes de magasins qui vendent des vêtements avec ces caractéristiques.
Souvent, nous oublions que chaque personne est unique en soi et que le renouveau intérieur, se surpasser en tant qu'être humain, est le seul moyen de montrer toute la lumière, la magie et le réel « glamour » que chaque être humain porte en soi depuis la naissance. Ce serait fantastique de pouvoir honorer cette « essence pure », personnelle et non interchangeable, en profitant de choisir des vêtements colorés qui seraient plus en accord avec chacune de nos personnalités, sans avoir d’autre intention que d'être nous-même. Quelque chose que la plus humble femme en Inde fait, car s’habiller, pour elle, c’est décorer son âme.