Hélène, notre collaboratrice, psychologue et coach, invite les mamans qui ont des difficultés à trouver leur propre espace au sein de leur famille à réfléchir. Et elle le fait du point de vue d'un enfant.
Chère maman:
Je suis content que tu prennes autant soin de moi et que tu te soucies de mon entrée à la crèche, des livres de mes frères, de nos vêtements, que tu contactes nos nouveaux enseignants et que tu te renseignes sur les bons plans pour que l’on économise un peu d'argent cette année, pendant laquelle on va encore se serrer la ceinture.
Vraiment, merci pour l'effort que tu fais. Je dois t’avouer qu'il y a des jours où je me rends compte que tu te soucies beaucoup de moi, de papa, de mes frères, des grands-parents, de ton patron, de tes collègues de travail... Mais maman, aujourd'hui j’ai réfléchi et je me suis dit : et quand ma maman va-t-elle commencer à prendre soin d’elle un peu plus sérieusement ?
Cela semble surprenant qu’un enfant te le dise. J’ai peut-être l’air d’un ingrat, mais en réalité, tu sais déjà que j'aime prendre soin des autres (tu me l’as appris, tu te rappelles ?).
Maman, aujourd'hui je veux que tu t’arrêtes un instant et que tu écoutes la question que je veux te poser : de quoi n’as-tu pas profité cette semaine ?
Si tu réfléchis un peu, tu verras qu’il y a beaucoup de choses. Tu n’as pas eu le temps de faire certaines chose car tu as l’habitude de dire le typique « c’est que je n’ai plus le temps de faire ça », mais ce sont des choses aussi basiques que : respirer tranquillement 15 minutes par jour, t'arrêter pour manger en savourant paisiblement ta nourriture, aller t’acheter ce vêtement que tu veux, embrasser papa par surprise, discuter avec une amie tout en profitant avec elle d’un café, choisir les boucles d'oreilles qui vont le mieux avec ta tenue du jour, te maquiller un petit peu (« opération brillant à lèvres »), rendre visite à ton amie la coiffeuse et sortir toute belle de là, prendre un bain relaxant, faire ce sport qui te plait tant, te promener dans le parc en profitant du soleil, lire sur un banc ce livre qui attend depuis longtemps sur l’étagère de ta chambre (et qui t’a toujours plu), danser avec papa, peindre les tableaux de Monet que tu aimes tant, rendre plus souvent visites à ta famille qui a aussi pris soin de toi étant petite...
Il est évident que certains de ces moments perdus te disent quelque chose et il est normal que, parfois, entre tant de routine et de hâte, tu remarques que, quand enfin nous dormons, ton amie la tristesse te rend visite. Même si tu as ce dont tu as toujours rêvé (une famille), tu dois sentir que l’un de ces thèmes s’est perdu sur le chemin.
Ainsi, ton amie te rappelle que cela te plaisait et que, maintenant, tu ne peux pas en profiter dans ta vie. Ton amie, la tristesse, adore se déguiser en colère, de sorte que rien d'inattendu ne se produit (comme quand je jette quelque chose au sol pour la cinquième fois), tu sens peu à peu cette colère, tu remarques que tu t’énerves et que tu te stresses beaucoup. Maman, calme-toi, je te comprends. Je comprends que tu me grondes parfois plus que ce que tu aimerais, et c’est à cause de la façon dont te fait sentir cette amie, et aujourd’hui il vaut mieux que tu l’écoutes, et que tu t’accordes à nouveau quelque chose de ce que tu as perdu.
Et maintenant que j'ai commencé à te poser des questions, maman, dis-moi... À quoi as-tu renoncé non seulement cette semaine, mais aussi ces derniers mois et ces dernières années ?
Bien sûr que la liste peut se répéter, et même augmenter. Et bien, maman, je pense que tu as renoncé à de nombreux privilèges, et il est temps de cesser d'aller « au trot » ou « au galop » afin de profiter de plus de moments pour toi.
Je te propose quelque chose: maintenant que je vais commencer à aller à la crèche et mes frères à l'école, je voudrais que tu commences aussi à prendre soin de ta petite bulle particulière, oui, ta bulle, ce petit bout de vie où tes rêves deviennent réalité. Cette parenthèse que tu rempliras de tout ce que tu aimes et vers qui, si un jour l’un de nous manque à l’appel, tu pourras toujours te tourner. Ces rendez-vous sacrés avec toi-même!
Tu seras une mère encore plus heureuse, et tu sais, par expérience, que tu nous laisseras le meilleur héritage: la joie, l'enthousiasme, la vitalité et la joie de vivre: ton bonheur.
J'aimerais que tu continues de prendre soin de nous comme tu l’as fait jusque là. Quel serait le défi à relever? Il me semble que, comme nous apprenons chaque jour, tu réussiras à t’efforcer chaque semaine à intégrer certaines de ces merveilleuses habitudes dans ton quotidien, ou au moins plusieurs fois par semaine (pour commencer c’est bien, comme tu me disais avec la purée de fruits, un petit peu ! et tu sais : du calme et de la bonne nourriture!).
Ecoute, maman, tu m'as donné la vie! Et c'est la plus grande chose que j'ai. MERCI!
Il se peut que je ne puisse pas te remercier avec des mots comme je le voudrais. Qui plus est, il se peut que de toute ma vie je ne parvienne pas à le faire de cette façon, même si je le ressens ainsi. Mais tu dois savoir que, pour moi, tu es formidable (s’il-te-plait, rappelle-toi qu’aborder ce thème pendant mon adolescence peut s’avérer très compliqué car, durant cette période, c'est là où les jeunes souffrent d’amnésie à l’heure d’être reconnaissants envers le monde, donc ne le prends pas vraiment en compte. Chacun de nous devient adulte, se rend compte de ce qu'il n’arrive pas à dire et à faire).
Cette année, même si tu ne consacres pas autant de temps aux tâches habituelles pour dédier plus de temps à prendre soin de ta petite bulle, je sais que ça te fera du bien. Je suis sûr que ça permettra à toute la famille d’être plus heureuse. Dans le fond, je suis certain que tout cela va nous unir davantage. Nous serons ensemble et souhaiterons nous raconter ce que nous vivons. Ce sera un temps de qualité, un temps partagé, il sera nôtre et sera magnifique, car tu ne regretteras pas ce qui te manquait... Tu seras en train de vivre un peu plus chaque semaine!
Maman, je t’aime ! Apprécie-toi également et aime ta petite bulle.
Des bisous de tes enfants!
Note de l'auteur: Papa, je pourrais également te diriger cette lettre, mais, si galant que tu es, tu m’as appris que d’abord viennent les dames. Donc, aujourd'hui, je la dédie à elle. Nous t’aimons, papa! MERCI pour tout.