Manger le placenta après l'accouchement ? Ce qui pourrait sembler sortir d'un ancien rituel oublié fait aujourd'hui partie des tendances adoptées par de nombreuses célébrités, notamment américaines. Depuis que Tom Cruise et Katie Holmes ont ouvert la voie en 2006 avec la naissance de leur fille Suri, les stars hollywoodiennes rivalisent d'éloges sur les bienfaits nutritionnels de cet organe. Entre promesses de récupération accélérée et prévention du baby-blues, qu'en est-il réellement de la placentophagie ?
La placentophagie, une tendance venue d'Hollywood
Lorsque des célébrités adoptent une pratique, celle-ci gagne rapidement en popularité. La placentophagie n'échappe pas à cette règle. Après Tom Cruise et Katie Holmes, qui ont déclaré avoir consommé le placenta de leur fille en 2006, de nombreuses autres personnalités ont suivi cette voie en choisissant d'ingérer leur placenta de différentes manières. Les sœurs Kardashian, January Jones ou encore Holly Madison ont chacune partagé leurs expériences dans les magazines et émissions people, contribuant à populariser cette pratique.
Dans le règne animal, la consommation du placenta est courante chez la plupart des mammifères. Cependant, les raisons exactes de ce comportement naturel restent débattues. Certains chercheurs suggèrent que les animaux le font pour maintenir la propreté du nid et protéger leur progéniture des prédateurs attirés par l'odeur du sang. Chez les humains, cette pratique connaît un regain d'intérêt, particulièrement aux États-Unis où elle s'inscrit dans une recherche de naturalité post-accouchement.

Les bienfaits supposés de la consommation du placenta
Les défenseuses de la placentophagie mettent en avant plusieurs avantages potentiels. Selon elles, le placenta serait riche en vitamines, hormones féminines et minéraux essentiels, notamment en fer comparable à celui présent dans la viande rouge en raison de sa vascularisation importante. Ces éléments nutritifs aideraient la jeune maman à retrouver rapidement ses forces après l'effort de l'accouchement.
Parmi les bienfaits fréquemment évoqués :
- La prévention du baby-blues et de la dépression post-partum : les hormones contenues dans le placenta contribueraient à stabiliser l'humeur après la chute hormonale brutale qui suit l'accouchement
- L'amélioration de la lactation : certaines adeptes affirment que leur production de lait maternel a augmenté après avoir consommé leur placenta
- Un regain d'énergie : les minéraux et vitamines présents aideraient à combattre la fatigue post-natale
- Une récupération plus rapide : les nutriments faciliteraient la guérison du corps après l'accouchement
Cependant, il est important de noter que les recherches scientifiques n'ont pas confirmé ces effets thérapeutiques. Si le placenta contient effectivement tous ces composés, aucune preuve scientifique solide n'établit que ces bienfaits perdurent une fois l'organe expulsé de l'utérus et transformé pour la consommation. Pour mieux comprendre le rôle du placenta pendant la grossesse, vous pouvez consulter notre article sur les questions essentielles autour de l'accouchement.
Les différentes méthodes de consommation
Pour rendre l'ingestion du placenta plus acceptable, plusieurs méthodes ont été développées, principalement aux États-Unis. La forme la plus populaire est l'encapsulation : le placenta est déshydraté, broyé puis transformé en gélules. Cette méthode présente l'avantage d'être facile à avaler avec une boisson, et les capsules peuvent être conservées pour une utilisation ultérieure, permettant à la maman d'en prendre selon ses besoins.
Une autre approche, appelée isothérapie, consiste à utiliser des préparations homéopathiques élaborées à partir du placenta. Une portion de l'organe est diluée pour créer des doses infinitésimales destinées à stimuler le système immunitaire. Cette pratique reste difficile à mettre en œuvre en France, où le placenta est systématiquement récupéré par le personnel hospitalier et considéré comme un déchet biologique qui doit être incinéré.
Toutefois, l'encapsulation ne supprime pas le risque d'infection bactérienne. Une maladie infectieuse présente chez la mère peut contaminer le placenta et, si elle allaite, être transmise à son enfant. Aux États-Unis, plusieurs cas d'infections néonatales liées à la consommation de placenta encapsulé ont été recensés, poussant les autorités sanitaires à émettre des recommandations de prudence.
Le regard de la science sur la placentophagie
Malgré l'engouement croissant pour cette pratique, le consensus scientifique reste très réservé. Les autorités sanitaires majeures, dont la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, Santé Canada et les Centers for Disease Control and Prevention américains, ont toutes émis des avis défavorables à la placentophagie.
Les études menées jusqu'à présent présentent des limitations importantes : échantillons trop petits, méthodologies insuffisantes, absence de groupes témoins adéquats. Aucune recherche rigoureuse n'a pu démontrer que la consommation de placenta améliore effectivement les taux de fer, l'humeur ou la production de lait maternel. Les concentrations d'hormones retrouvées dans le placenta encapsulé sont souvent trop faibles pour produire un effet physiologique mesurable.
En revanche, les risques potentiels sont documentés. Le cas d'un nourrisson hospitalisé en Oregon en 2016 pour une infection bactérienne transmise par les gélules de placenta contaminées que sa mère avait ingérées illustre les dangers réels de cette pratique. Le placenta, qui a joué un rôle de filtre pendant la grossesse, peut concentrer des bactéries, des virus ou même des métaux lourds. Si vous ressentez des difficultés après votre accouchement, consultez plutôt notre page sur la dépression post-partum pour obtenir des solutions validées.
Le témoignage des célébrités hollywoodiennes
Dans l'univers des stars, la placentophagie bénéficie d'un soutien vocal. Kim et Kourtney Kardashian ont toutes deux annoncé sur les réseaux sociaux avoir choisi de consommer des gélules de placenta après la naissance de leurs enfants. L'actrice Alicia Silverstone défend ardemment le caractère naturel de cette pratique, tandis que la top-modèle Holly Madison témoigne d'une récupération plus rapide après l'accouchement de sa fille.
Mayim Bialik, connue pour son rôle dans la série « The Big Bang Theory », figure parmi les militantes les plus actives en faveur de la placentophagie. Elle affirme avoir consommé son placenta lors de ses deux accouchements. January Jones, quant à elle, prône cette pratique en affirmant qu'elle l'aurait aidée à surmonter la dépression du post-partum, bien que cette affirmation ne soit pas scientifiquement validée.
Ces témoignages de personnalités publiques ont indéniablement contribué à la popularisation de la placentophagie, créant un effet de mode qui se répand au-delà des frontières américaines. Pour en savoir plus sur la période post-accouchement et comment favoriser naturellement votre récupération, découvrez nos conseils sur l'allaitement et la lactation.
Vos questions fréquentes concernant la consommation du placenta
1. La placentophagie est-elle légale en France ?
En France, le placenta est considéré comme un déchet opératoire et doit être obligatoirement incinéré. Il ne peut être conservé qu'à des fins thérapeutiques ou scientifiques strictement encadrées. La pratique de la placentophagie n'est donc pas autorisée sur le territoire français.
2. Quels sont les risques réels de manger son placenta ?
Les principaux risques incluent les infections bactériennes et virales, car le placenta peut être contaminé même après encapsulation. Des cas d'infections néonatales transmises par l'allaitement ont été documentés. Le placenta peut également concentrer des métaux lourds ou d'autres toxines accumulées pendant la grossesse.
3. Existe-t-il des alternatives prouvées pour prévenir le baby-blues ?
Oui, plusieurs approches ont fait leurs preuves : un repos suffisant, une alimentation équilibrée riche en fer, un soutien psychologique, l'entretien postnatal précoce avec une sage-femme, et dans certains cas, un traitement antidépresseur compatible avec l'allaitement prescrit par un médecin.
4. Pourquoi cette pratique est-elle si populaire chez les célébrités ?
La placentophagie s'inscrit dans une tendance plus large de retour au naturel et de recherche de bien-être post-natal. Les témoignages positifs de certaines célébrités, largement relayés sur les réseaux sociaux, créent un effet d'entraînement, même en l'absence de preuves scientifiques solides.
5. Le placenta contient-il vraiment des nutriments bénéfiques ?
Le placenta contient effectivement des hormones, des vitamines et des minéraux. Cependant, les études montrent que les concentrations présentes dans le placenta traité (déshydraté ou encapsulé) sont trop faibles pour produire un effet physiologique mesurable chez la mère.
Conclusion : Entre mythe et réalité
La placentophagie illustre parfaitement le décalage entre les croyances populaires, amplifiées par les témoignages de célébrités, et les données scientifiques disponibles. Si l'idée de consommer son placenta pour bénéficier de ses nutriments peut sembler séduisante et naturelle, la réalité scientifique invite à la prudence.
Les autorités sanitaires internationales s'accordent pour déconseiller cette pratique en raison du manque de preuves de ses bénéfices et des risques infectieux documentés. Les femmes qui traversent des difficultés après l'accouchement, qu'il s'agisse de fatigue intense, de baby-blues ou de dépression post-partum, devraient plutôt se tourner vers des solutions médicalement validées : accompagnement par des professionnels de santé, soutien psychologique, traitements adaptés si nécessaire.


