Jalousie entre frères et sœurs : comment transformer ce défi en opportunité ?

Jalousie de l'ainé à l'arrivée d'un petit frère ou petite soeur

La jalousie entre frères et sœurs fait partie des préoccupations majeures des parents. Loin d'être un défaut, ce sentiment révèle en réalité la capacité d'aimer de votre enfant. Découvrez comment accompagner vos enfants dans la construction d'une relation fraternelle épanouie et durable.

"La jalousie est bonne et saine, car elle naît de l'amour. Si les enfants étaient incapables d'aimer, ils ne seraient jamais jaloux", affirme le grand psychologue et psychanalyste anglais Donald Winnicott. Elle représente donc un sentiment positif, preuve que l'enfant ne veut pas être privé de l'amour parental.

Tous les enfants veulent être aimés exclusivement. Les parents leur offrent non seulement de la nourriture et de la protection, mais aussi le sentiment de leur propre identité, de leur propre valeur et de leur caractère unique. C'est pourquoi l'intrusion d'un frère ou d'une sœur menace cette exclusivité. L'enfant l'interprète comme moins de temps à passer avec ses parents, moins d'attention, moins de câlins et peut-être moins de cadeaux.

Pour les adultes, il ne s'agit que d'imagination, mais pour les enfants, ce sont de véritables peurs. C'est pourquoi, à la naissance d'un petit frère ou d'une petite sœur, ils se battent avec ténacité pour conquérir tous les espaces, avoir tous les jouets, toute la nourriture, tout l'amour et tout l'espace de la maison.

 

Pourquoi la jalousie ne doit jamais être refoulée

Comme l'amour, la jalousie n'est pas un trait de personnalité, mais un sentiment. Un enfant ne naît pas jaloux, il le devient. Et, comme l'amour, la jalousie grandit, s'enracine, se renforce et étouffe parfois tous les autres sentiments.

Pourtant, il ne faut absolument pas la refouler. Ressentir de la jalousie à l'égard de son petit frère ou sa petite sœur, être capable de l'exprimer puis de la surmonter, est une étape obligatoire de la croissance. Elle révèle la capacité d'aimer de l'enfant, elle enrichit et féconde son monde intérieur.

Donald Winnicott poursuit en expliquant : "Les personnes très jalouses, lorsqu'elles étaient petites, ont eu la malchance de ne pas pouvoir exprimer leur jalousie et leur agressivité. Si elles avaient eu cette possibilité, elles auraient pu surmonter leur jalousie et s'en débarrasser, comme le font la plupart des enfants. Au contraire, ce sentiment demeure dans les structures de leur personnalité, même si la raison qui l'a déclenché est perdue depuis longtemps."

En exprimant sa jalousie, l'enfant trouve un moyen de la réorienter et d'utiliser son énergie à des fins positives : compétitivité et ambition modérée de réussite. Si, en revanche, l'expression de ce sentiment est étouffée, elle reste en lui et continuera à conditionner sa vie, même à l'âge adulte.

 

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Préparer sereinement l'arrivée du deuxième enfant

La façon dont l'enfant vit la nouvelle présence dans la famille dépend dans une large mesure de votre comportement. Tout déplacement ou modification doit être communiqué comme une nouveauté positive, et non comme un renoncement pour faire de la place à quelqu'un d'autre.

Pour apaiser la souffrance de l'enfant, deux stratégies peuvent être adoptées : diluer dans le temps les changements inévitables dus à la nouvelle présence à la maison, ou les présenter de manière positive, afin qu'ils soient vécus par l'enfant comme des conquêtes, et non comme des défaites.

À chacun sa place

Si, pour faire de la place au petit frère, vous devez réduire l'espace dont l'aîné a toujours bénéficié, le changement doit être effectué bien avant la naissance. Quelques mois avant l'événement, vous pouvez décider de réorganiser les espaces de la maison. Si possible, ne vous limitez pas à modifier l'aménagement de la chambre de l'enfant, mais intervenez d'une manière ou d'une autre dans le reste des pièces.

Les deux dans la même pièce

Si les enfants ont le même âge, même si vous avez deux pièces, la solution proposée par de nombreux experts est de les faire dormir dans la même pièce et d'utiliser l'autre pièce comme salle de jeux. En dormant ensemble, ils apprendront vite à se tenir compagnie, surtout au moment critique de l'endormissement. En partageant l'espace, il est plus facile pour eux de développer un sentiment profond de proximité et d'intimité.

Dans la période qui précède la naissance d'un petit frère ou d'une petite sœur, il est essentiel de conserver tous les repères de l'aîné : le rituel du sommeil, les câlins dans le lit avec papa et maman, les promenades avec papa ou les grands-parents le dimanche matin.

Dans la mesure du possible, les grands changements doivent être reportés à plus tard : un déménagement, l'entrée à l'école maternelle ou l'arrivée d'une nouvelle baby-sitter. Privé de ses habitudes, l'enfant se sentirait désorienté et plein d'incertitudes. Dans son esprit, tous ces bouleversements seraient immédiatement liés à l'arrivée du bébé.

 

Comment accompagner les premiers signes de jalousie

La jalousie commence lorsque l'enfant commence à soupçonner que quelqu'un veut le priver de la possession privilégiée et exclusive de sa mère. Les psychologues situent la date de cette découverte vers 15 mois, âge auquel l'enfant réalise qu'il n'est plus le centre de l'univers.

Cette prise de conscience s'accentue et se renforce entre deux et trois ans : bien qu'il ait conquis plus d'autonomie, l'enfant a toujours besoin de se sentir petit et protégé. Ses sentiments sont intenses et directs, car il n'a pas encore acquis la capacité de les contrôler.

Le moment où le nouveau-né est allaité est celui qui suscite le plus d'envie et fait remonter à la surface le désir d'être à nouveau petit, de pouvoir jouir de ce privilège. Cette réaction est tout à fait normale et ne doit pas inquiéter.

Avant l'arrivée du bébé, les relations affectives de la famille tournaient autour de trois pôles : le père, la mère et l'enfant. Avec l'arrivée d'un nouvel enfant, la dynamique familiale s'enrichit et se complique. Pour la première fois, l'enfant unique doit faire face à un concurrent : il est contraint de partager, de coopérer, de négocier, de se disputer, de se battre et d'apprendre à perdre.

Comme si cela ne suffisait pas, dans de nombreux cas, au cours de ce processus de prise de conscience, il ne se sent même pas compris. On attend de l'aîné maîtrise de soi, responsabilité, générosité et acceptation face au personnage qui a osé accaparer la mère et toutes ses attentions pendant une bonne partie de la journée.

 

Gérer l'agressivité entre frères et sœurs avec justesse

Face aux actes agressifs d'un enfant envers son frère ou sa sœur, le comportement des adultes oscille entre deux extrêmes. Souvent, on réagit par l'indulgence, l'indifférence ou la répression. Cependant, aucune de ces trois solutions ne résoudra le problème.

Pour savoir comment réagir, il est important de comprendre le point de vue de l'enfant : l'enfant déteste le bébé parce qu'il craint qu'on l'aime plus que lui. Si vous êtes en colère ou froid avec lui, ses craintes seront renforcées. Se sentant rejeté, il devient anxieux et le ressentiment à l'égard de son petit frère ou de sa petite sœur grandit dans son cœur.

Il existe une autre raison pour laquelle il est déconseillé de culpabiliser un enfant qui frappe son petit frère ou sa petite sœur. Effrayé par votre réaction, il apprend à ne pas exprimer sa jalousie et la garde en lui, ce qui a pour conséquence qu'elle dure plus longtemps.

Il n'y a pas de mal à montrer au petit agresseur que vous êtes irrité, mais avec une précaution très importante : vous devez lui faire comprendre que ce n'est pas lui le méchant, mais son comportement, et que celui-ci peut donc être modifié.

Certains éléments doivent être garantis :

  • Protéger l'enfant pour qu'il ne soit pas en danger
  • Faire comprendre à l'aîné qu'il n'a pas le droit d'exprimer sa jalousie par un comportement agressif
  • Faire en sorte qu'il ait confiance en l'amour de ses parents, en le cajolant encore plus que d'habitude

Saisissez l'occasion de lui faire comprendre que ses sentiments sont compréhensibles et acceptables. Ce qui n'est pas permis, c'est de les transformer en actes agressifs. Prenez votre enfant dans vos bras et dites-lui : "Je sais ce que tu ressens. Tu voudrais qu'il n'y ait personne d'autre et que papa et maman ne s'intéressent qu'à toi. Mais tu peux être sûr d'une chose : nous t'aimerons toujours."

Empêcher l'enfant de blesser son frère ou sa sœur n'est pas seulement une action défensive envers le plus petit. Les pulsions agressives, si elles ne sont pas contenues, peuvent également affecter l'enfant plus âgé. Le laisser agir sans lui fixer de limites le maintient dans un état d'immaturité et de désorientation qui l'insécurise.

Face à un enfant qui a "perdu la tête", il est inutile de lui en demander la raison. Il ne saurait pas quoi répondre. Au contraire, il est beaucoup plus utile de lui demander : "Décris-moi comment tu as fait, comment cela s'est passé". En retraçant l'enchaînement de ses actions et en les expliquant, l'enfant ne se sent pas jugé et apprend à prendre conscience de son impulsivité.

 

Reconnaître les manifestations cachées de la jalousie

L'agression directe est le mode d'expression le plus simple de la jalousie. Cependant, l'enfant n'est pas toujours capable d'exprimer de manière explicite les pensées qui le tourmentent. L'une des réactions les plus courantes à la naissance d'un frère ou d'une sœur est ce que les psychologues appellent la "régression".

Votre grand recommence à faire pipi dans sa culotte, il veut être nourri, vient dans vos bras dès qu'il en a l'occasion et veut dormir avec vous. Des phrases telles que : "Mais tu es un grand garçon" ou "Tu te comportes comme un petit garçon" sont contre-productives, car elles ne font qu'accroître son insécurité.

Dans tous les cas, laissez-le libre de se comporter comme son petit frère ou sa petite sœur : boire au biberon, être dans vos bras. Cependant, faites-lui comprendre que l'autonomie est un grand privilège, qui lui permet d'être plus libre et de décider seul.

Autres signes à surveiller :

  • L'enfant explose soudainement de colère : Il se jette à terre, donne des coups de pied ou mord. Le moyen le plus efficace de calmer la rage de l'enfant jaloux est d'être "son fan numéro un", c'est-à-dire de lui montrer que vous êtes de son côté, tout en l'empêchant de se faire du mal
  • Se cacher : Un enfant qui se cache dans un placard envoie un message : "Maman me néglige". Le fait de se cacher est une demande d'aide, une invitation à venir le chercher
  • Étouffer le petit avec de l'attention : Parfois la jalousie se cache derrière un masque de préoccupation et d'attention excessives. L'excès de sollicitude à l'égard du frère ou de la sœur est une autre façon d'exprimer son stress
  • Il provoque et fait des rebuffades aux parents : Les rebuffades ont pour but d'attirer l'attention. Pour briser la spirale du chantage, essayez de calmer son irritation légitime en la considérant comme une demande d'appel à l'aide
  • Il fait preuve d'indifférence : Ignorer la présence de l'intrus est un moyen de contrôler l'agressivité. L'enfant sensible et renfermé a besoin d'être continuellement réconforté, même s'il ne semble pas en avoir besoin

 

Conclusion : transformer la rivalité en complicité durable

Malgré les difficultés, l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite sœur est un moment essentiel dans la maturation psychologique de l'enfant. Les conséquences positives sont nombreuses : l'enfant rompt la relation symbiotique avec sa mère, sort de son égocentrisme et découvre que l'amour de ses parents reste inconditionnel.

Il ne faut pas craindre que la jalousie empêche le développement d'un lien profond entre frères et sœurs. Bien au contraire. L'enfant est intensément jaloux parce qu'il l'aime intensément. Dans une fratrie, les enfants se disputent, se frappent, se pincent, mais parfois ils se prennent dans les bras et se cherchent.

Dans la plupart des cas, l'antagonisme initial fait progressivement place à une relation d'amitié et de tendresse fraternelle. Cela dépend en grande partie des adultes : moins ils interviennent dans les relations entre frères et sœurs, plus ils éveillent facilement chez eux une solidarité profonde et durable.

 

Vos questions fréquentes concernant la jalousie entre frères et sœurs

 

1. À quel âge commence vraiment la jalousie entre frères et sœurs ?
La jalousie commence vers 15 mois, âge auquel l'enfant réalise qu'il n'est plus le centre de l'univers. Elle s'accentue particulièrement entre deux et trois ans, période où l'enfant a acquis plus d'autonomie mais a toujours besoin de se sentir petit et protégé. Ses sentiments sont alors intenses car il n'a pas encore la capacité de les contrôler.

 

2. Mon aîné est devenu agressif depuis la naissance du bébé, que faire ?
L'agressivité de votre aîné exprime sa peur de ne plus être aimé. Plutôt que de le punir, montrez-lui que ce n'est pas lui qui est méchant, mais son comportement qui peut être modifié. Prenez-le dans vos bras et expliquez-lui que vous comprenez ses sentiments tout en posant des limites claires : "Je sais que tu voudrais qu'on ne s'intéresse qu'à toi, mais tu ne peux pas exprimer ta jalousie en faisant mal à ton frère."

 

3. Mon enfant fait semblant d'adorer son petit frère mais je sens que ce n'est pas sincère, est-ce normal ?
Oui, c'est normal. Le déni de ses propres sentiments négatifs est souvent à l'origine d'un comportement particulièrement gentil. Vous pouvez remarquer que les marques d'affection sont exagérées, qu'un baiser se transforme parfois en mordillement ou qu'une caresse devient un pincement. Ces comportements contradictoires confirment les sentiments ambivalents que votre enfant éprouve : il l'aime, mais il aimerait aussi qu'il ne soit jamais né.

 

4. Comment encourager mon enfant à exprimer sa jalousie sans violence ?
Utilisez les histoires et le jeu comme outils d'expression. Racontez des histoires qui parlent de jalousie entre frères et sœurs (Le Petit Poucet, Cendrillon, Les Trois Petits Cochons). Les poupées, marionnettes et peluches offrent également à l'enfant la possibilité de projeter ses frustrations et d'évacuer son agressivité de manière symbolique. Les déguisements lui permettent aussi de jouer des rôles opposés entre lesquels oscillent ses sentiments.

 

5. Faut-il s'inquiéter si mon enfant ne montre aucune jalousie ?
Pas nécessairement, mais restez vigilant. Si votre enfant semble particulièrement gentil et généreux sans montrer aucun signe de jalousie, observez son attitude générale. S'il semble stressé, très sensible et fatigué, c'est peut-être que l'effort nécessaire pour masquer ses sentiments est important. Dans ce cas, montrez-lui qu'il peut avoir confiance en votre amour et trouvez des moments pour être exclusivement avec lui.

 

6. Quelles erreurs éviter absolument quand on ramène le bébé à la maison ?
Évitez de consacrer toute l'attention au nouveau-né en oubliant l'aîné, de lui demander constamment de ne pas faire de bruit parce que le bébé dort, d'imposer des interdictions permanentes ("Ne le touche pas, ne le serre pas si fort"), de sortir le soir avec le plus jeune en laissant l'aîné à la baby-sitter, ou de gâter le petit pendant que l'aîné fait une crise de jalousie. L'aîné a besoin de se sentir tout aussi important dans cette nouvelle configuration familiale.

 

 

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