Les morsures chez les jeunes enfants constituent l'un des défis les plus fréquents auxquels les parents sont confrontés. Passé l'âge d'un an, ce comportement nécessite une approche spécifique pour aider votre enfant à développer des moyens de communication plus appropriés. Environ un enfant sur cinq traverse cette phase qui, bien que préoccupante, reste normale dans le développement infantile.
Découvrez des stratégies efficaces et éprouvées pour gérer cette phase délicate du développement de votre tout-petit. Contrairement aux idées reçues, la morsure n'est jamais un acte de méchanceté délibérée mais plutôt une réaction instinctive que vous pouvez accompagner sereinement.
Jusqu'à l'âge d'un an, l'enfant explore le monde à travers ses papilles gustatives. Il est donc tout à fait normal qu'il mette les objets à sa bouche pour en vérifier la consistance et se faire une idée de leur saveur. C'est aussi le moment où les premières dents apparaissent, ce qui gêne souvent l'enfant qui se met à mordre, même ses parents. Néanmoins, passé un an, le fait de mordre n'a plus la même signification et il devient nécessaire de le contrôler. Voici quelques indications.
Comprendre pourquoi mon enfant mord : identifier les causes profondes
Pour un enfant plus âgé, mordre les gens qui l'entourent (ses parents, ses grands-parents, sa nounou, l'assistante maternelle de la crèche ou ses frères et sœurs) ne correspond pas à une façon impétueuse d'exprimer son amour et sa joie. Ce n'est pas non plus un moyen d'apprendre à connaître les gens qui l'entourent.
Les principales raisons qui poussent un enfant à mordre sont multiples : la frustration liée à son vocabulaire encore limité, le besoin d'affirmer sa volonté dans un groupe, la défense de son territoire ou de ses jouets, et parfois une simple recherche d'attention. Les neurosciences confirment que le cerveau de l'enfant n'est pas encore suffisamment mature pour inhiber ses pulsions, notamment au niveau du cortex préfrontal qui ne se développe complètement qu'à l'âge adulte.
Ce geste a une connotation agressive : l'enfant peut agir par colère, pour obtenir ce qu'il veut, ou encore pour attirer l'attention de ses parents. La morsure constitue souvent un moyen de décharge émotionnelle face à des sentiments intenses que l'enfant ne sait pas encore nommer ou gérer. Plus l'enfant est fatigué, affamé ou surstimulé, plus le risque de morsure augmente, car ses capacités d'autorégulation sont alors diminuées. Les crises et colères font partie du développement normal et nécessitent une approche adaptée.

Techniques efficaces pour empêcher l'enfant de mordre
Il faut arrêter le geste de l'enfant, en évitant de rire et qu'il ne pense que vous le prenez comme un jeu et que ce n'est pas très grave. L'enfant doit comprendre que mordre est un geste socialement inacceptable, car cela peut faire mal. La cohérence entre les réactions des différents adultes qui l'entourent est cruciale pour que l'enfant intègre durablement cette limite.
La réaction immédiate est cruciale pour l'apprentissage. Dès que votre enfant mord, intervenez calmement mais fermement en utilisant un ton sérieux sans crier. Placez-vous à sa hauteur, regardez-le dans les yeux et dites clairement : "On ne mord pas, cela fait mal". Cette approche permet à l'enfant de comprendre la gravité de son acte sans pour autant le traumatiser. Les recherches montrent qu'une intervention dans les 30 secondes suivant l'acte est plus efficace qu'une réprimande tardive.
Évitez absolument de mordre votre enfant en retour, même pour "lui montrer ce que ça fait". Cette pratique est contre-productive et ne fait qu'enseigner que la violence est acceptable. De même, les punitions physiques ou l'isolement prolongé ne sont pas recommandés car ils ne permettent pas à l'enfant de comprendre les conséquences de ses actes. Privilégiez toujours l'explication et l'accompagnement émotionnel à la punition pure.
La technique du "stop" ferme : établir des limites claires
Il faut arrêter le geste de l'enfant en disant « stop ! » et l'éloigner de vous. Les spécialistes recommandent d'utiliser "stop" plutôt que "non" car ce mot est plus précis et moins chargé émotionnellement. Ne recourrez jamais à la fessée ou à des cris.
L'établissement de limites claires est fondamental dans l'éducation de votre enfant. Lorsque vous prononcez ce "stop", assurez-vous que votre langage corporel soit cohérent avec votre message : posture droite, regard direct, ton ferme mais sans agressivité. Cette cohérence aide l'enfant à comprendre que certains comportements sont inacceptables. La fermeté sans violence permet d'instaurer un cadre sécurisant pour l'enfant.
Après avoir dit "stop", proposez immédiatement une alternative positive. Par exemple : "Tu ne peux pas mordre Paul, mais tu peux lui dire 'c'est mon jouet' si tu veux le récupérer". Encourager le développement du langage est essentiel pour réduire les frustrations qui mènent aux morsures. Proposer des mots pour exprimer les émotions donne à l'enfant des outils concrets pour remplacer la morsure.
Rediriger le comportement : la solution des objets de substitution
Si l'enfant continue à mordre les gens qui l'entourent, il peut être utile de dévier son geste vers un objet souple. Quand il est sur le point de mordre, offrez-lui une peluche, par exemple en lui disant : « Tiens, mords-le. Lui, ça ne lui fera pas mal ». De cette façon, l'enfant comprendra que l'on ne traite pas les êtres humains comme des objets : c'est la première étape de l'apprentissage du respect envers les autres.
La redirection du comportement est une technique comportementale très efficace. En plus des peluches, vous pouvez proposer des anneaux de dentition spécialement conçus pour mordre, des balles anti-stress adaptées aux enfants, ou même un coussin "à émotions" que l'enfant peut mordre ou frapper en toute sécurité. Les professionnels recommandent d'avoir toujours un objet de substitution à portée de main lors des moments à risque.
Cette méthode permet non seulement de protéger les autres enfants et adultes, mais aussi d'enseigner à votre enfant qu'il existe des moyens acceptables de libérer ses tensions. Il est important d'accompagner cette redirection de mots simples qui l'aident à verbaliser ses émotions : "Tu es en colère, tu peux mordre ton doudou au lieu de mordre papa". Progressivement, l'enfant apprend à identifier ses émotions et à les exprimer de manière appropriée.
Prévention et environnement : créer les conditions du succès
La prévention reste la meilleure stratégie pour éviter les épisodes de morsures. Observez attentivement votre enfant pour identifier les situations qui déclenchent ce comportement : fatigue, faim, surexcitation, ou frustration face à un jouet convoité. Les moments de la journée les plus propices aux morsures sont généralement avant les repas, lors des transitions et en fin de journée quand la fatigue s'accumule.
Adaptez l'environnement pour réduire les sources de conflit : proposez des activités calmes avant les repas, évitez la surstimulation, et assurez-vous que votre enfant ait suffisamment d'espace personnel. Dans les situations de groupe, une surveillance accrue permet d'intervenir avant que la morsure n'ait lieu. Réduire le nombre d'enfants dans un même espace diminue significativement les risques de morsures, comme le confirment les observations en milieu collectif.
Encouragez également le développement de l'empathie en expliquant les conséquences des morsures : "Regarde, ton ami pleure parce que tu l'as mordu, il a mal". Cette sensibilisation progressive aide l'enfant à développer sa compréhension des émotions d'autrui. Valorisez systématiquement les moments où votre enfant gère bien ses frustrations : "Tu étais en colère mais tu as utilisé tes mots, bravo !". L'apprentissage de l'empathie chez l'enfant est un processus graduel qui nécessite patience et répétition.
Vos questions fréquentes concernant les enfants qui mordent
1. À partir de quel âge dois-je m'inquiéter si mon enfant continue de mordre ?
Si votre enfant continue de mordre régulièrement après 3 ans, ou si ce comportement s'accompagne d'autres signes d'agressivité persistante, il peut être pertinent de consulter un professionnel de la petite enfance ou un psychologue pour enfants. La persistance après 4 ans nécessite une évaluation plus approfondie.
2. Mon enfant ne mord que moi, pas les autres. Pourquoi ?
C'est très courant ! Votre enfant se sent en sécurité avec vous et teste ses limites. Il sait instinctivement que votre amour est inconditionnel. Maintenez les mêmes règles fermes : mordre n'est jamais acceptable, même envers les parents. Cette sélectivité montre paradoxalement votre lien de confiance.
3. Que faire si mon enfant mord à la crèche ?
Collaborez étroitement avec l'équipe éducative pour adopter une approche cohérent. Les professionnels de la petite enfance ont l'habitude de gérer ces situations et peuvent vous donner des conseils personnalisés selon le tempérament de votre enfant. Une fiche de suivi peut aider à identifier les déclencheurs spécifiques.
4. Est-ce que mordre son enfant en retour peut lui apprendre ?
Non, absolument pas. Cette pratique est contre-productive et peut traumatiser l'enfant. Elle lui enseigne que la violence est acceptable quand on est plus fort, ce qui va à l'encontre des valeurs que vous souhaitez transmettre. Les neurosciences confirment l'inefficacité de cette méthode.
5. Combien de temps faut-il pour qu'un enfant arrête de mordre ?
Cela varie selon chaque enfant, mais généralement, avec une approche cohérente et patiente, les morsures diminuent significativement en quelques semaines à quelques mois. Le développement du langage joue un rôle clé dans cette amélioration. La phase de morsure dure rarement plus de 6 mois avec un accompagnement adapté.
Conclusion : accompagner votre enfant vers des comportements positifs
Les morsures chez l'enfant de plus d'un an, bien que préoccupantes pour les parents, constituent une étape normale du développement. Avec de la patience, de la cohérence et les bonnes techniques, ce comportement disparaîtra progressivement au fur et à mesure que votre enfant développe son vocabulaire et apprend à mieux gérer ses émotions. Cette phase transitoire témoigne de l'évolution cognitive et sociale de votre enfant.


