Votre tout-petit mélange systématiquement le rouge et le vert, ou hésite face à des objets colorés ? Cette situation, vécue par de nombreux parents, soulève naturellement des questions sur le daltonisme. Découvrez comment identifier ce trouble de la vision des couleurs chez les jeunes enfants et à partir de quel âge un diagnostic fiable peut être posé.
La question d'une maman
« Comment diagnostiquer le daltonisme chez les jeunes enfants ? »
C'est la question que nous a posée une maman concernant sa fille qui aura bientôt 2 ans. La petite fille n'a jamais présenté de troubles de la vision et possède un excellent sens de l'observation, voyant parfaitement les détails. Pourtant, la définition des couleurs pose un véritable problème.
Bien qu'elle connaisse les mots associés aux couleurs grâce à la crèche, elle confond systématiquement deux couleurs différentes. Lorsqu'on lui montre un objet rouge et qu'on l'interroge sur sa couleur, elle répond immédiatement « vert ». Si on lui demande de bien regarder, elle maintient sa réponse. Même après correction en lui disant que l'objet est rouge – ce qu'elle accepte de répéter – elle revient à « vert » dès la troisième sollicitation.
Lors d'un autre jeu, le même problème se manifeste. Quand on lui demande : « Peux-tu me passer le cube jaune ? », elle saisit le cube le plus proche, quelle que soit sa couleur, avec peu de chances qu'il soit effectivement jaune.
Cette situation préoccupe naturellement cette maman qui s'interroge : s'agit-il d'un manque de distinction visuelle, d'une difficulté de compréhension ou simplement d'un désintérêt pour les couleurs ? D'autant que la fillette ne présente aucun autre trouble de l'apprentissage et que son intelligence est même soulignée par ses animatrices.
Qu'est-ce que le daltonisme et qui touche-t-il ?
Le daltonisme, également appelé dyschromatopsie, désigne un trouble de la perception des couleurs. Il s'agit d'une anomalie congénitale qui affecte environ 8 % des hommes et moins de 1 % des femmes. Cette différence s'explique par la transmission génétique du daltonisme, le gène responsable étant situé sur le chromosome X.
L'incapacité à percevoir correctement les couleurs se manifeste le plus souvent par la difficulté à distinguer le rouge du vert. Plus rarement, le trouble concerne la distinction entre le jaune et le bleu. Dans des cas exceptionnels, toutes les couleurs peuvent être affectées. Le daltonisme résulte d'un dysfonctionnement des cônes, ces cellules de la rétine responsables de la perception des couleurs.
Il est important de noter que le daltonisme n'affecte généralement pas la netteté de la vision. Les enfants daltoniens conservent une excellente acuité visuelle et peuvent voir les détails avec précision. Seule la perception des teintes est altérée.
La réponse du pédiatre : patience et prudence avant 3 ans
Le diagnostic à 2 ans reste complexe
Dans le cas présenté, l'âge de l'enfant rend le diagnostic de daltonisme particulièrement délicat. À 2 ans, votre petite fille n'est pas nécessairement assez mature pour comprendre pleinement le concept abstrait des couleurs. Le fait qu'elle se trompe ou qu'elle réponde « à côté » ne signifie pas automatiquement qu'elle ne peut pas distinguer les couleurs visuellement.
Pour diagnostiquer le daltonisme chez les enfants, les médecins utilisent des tests spécifiques d'anomalies chromatiques. Toutefois, ces examens nécessitent que l'enfant comprenne le concept des couleurs et qu'il puisse coopérer activement pendant les tests. Il faut souvent attendre l'âge de 3 ans, voire plus, pour qu'un enfant puisse être examiné de manière optimale et obtenir un diagnostic fiable.
Le test d'Ishihara demeure l'examen de référence pour détecter les anomalies chromatiques. Il consiste à présenter à l'enfant des planches composées de points colorés formant des chiffres ou des formes. Si l'enfant ne présente pas de troubles de la vision des couleurs, il parviendra à identifier ces éléments sans difficulté. D'autres tests comme le test de Farnsworth, utilisant des capsules de différentes teintes à classer, peuvent compléter le diagnostic.

Les signes qui peuvent alerter les parents
Même si un diagnostic formel doit attendre que l'enfant soit plus grand, certains signes peuvent alerter les parents :
- Confusion systématique entre certaines couleurs, particulièrement le rouge et le vert, ou le bleu et le jaune
- Réponses mécaniques ou aléatoires lors des jeux de reconnaissance des couleurs
- Difficulté à trier des objets par couleur, même après plusieurs démonstrations
- Désintérêt apparent pour les activités impliquant les couleurs, qui peut masquer une réelle difficulté
- Utilisation de stratégies d'évitement, comme prendre l'objet le plus proche plutôt que celui de la couleur demandée
Ces manifestations méritent une attention particulière, surtout s'il existe des antécédents familiaux de daltonisme. N'hésitez pas à en parler lors des consultations de suivi de votre enfant ou à consulter un ophtalmologue pédiatrique pour un bilan approfondi.
Accompagner un enfant potentiellement daltonien au quotidien
En attendant qu'un diagnostic puisse être établi avec certitude, vous pouvez adopter quelques stratégies pour faciliter l'apprentissage de votre enfant. Privilégiez les jeux et activités qui ne reposent pas uniquement sur la reconnaissance des couleurs. Proposez des alternatives comme le tri par forme, par taille ou par texture.
Lors des apprentissages, associez les couleurs à d'autres repères : « le rouge comme la fraise », « le vert comme l'herbe ». Ces associations concrètes peuvent aider votre enfant à mémoriser les noms des couleurs, même si sa perception diffère. Soyez patiente et évitez de multiplier les corrections, qui pourraient créer de la frustration.
Si le daltonisme est confirmé plus tard, sachez que des aménagements simples permettent aux enfants daltoniens de bien vivre leur scolarité. L'information de l'équipe éducative reste essentielle pour adapter certaines activités et éviter les situations d'échec. Pour en savoir plus sur le développement et la santé de votre bébé, n'hésitez pas à consulter les ressources disponibles.
Vos questions fréquentes concernant le daltonisme chez les jeunes enfants
1. À quel âge mon enfant devrait-il connaître parfaitement ses couleurs ?
La plupart des enfants commencent à nommer correctement les couleurs de base entre 2 et 3 ans. Cependant, la maîtrise complète intervient généralement vers 3-4 ans. Avant cet âge, des confusions sont tout à fait normales et ne signifient pas nécessairement un trouble de la vision.
2. Le daltonisme peut-il s'améliorer avec le temps ?
Non, le daltonisme congénital est permanent et ne s'améliore pas avec l'âge. Il s'agit d'une particularité génétique présente dès la naissance. Toutefois, les personnes daltoniennes développent des stratégies d'adaptation qui leur permettent de mieux gérer leur quotidien.
3. Mon enfant peut-il être daltonien même si personne dans la famille ne l'est ?
Oui, c'est possible. Les femmes peuvent être porteuses du gène sans être elles-mêmes daltoniennes et le transmettre à leurs fils. Le daltonisme peut ainsi « sauter » une génération et réapparaître de manière inattendue.
4. Quels professionnels consulter en cas de doute ?
Commencez par en parler à votre pédiatre lors d'une consultation de routine. Si nécessaire, il vous orientera vers un ophtalmologue pédiatrique qui pourra réaliser des tests adaptés à l'âge de votre enfant. Un orthoptiste peut également intervenir dans le dépistage des troubles de la vision des couleurs.
5. Le daltonisme empêche-t-il une scolarité normale ?
Non, le daltonisme n'empêche absolument pas une scolarité réussie. Avec quelques aménagements simples et une information adéquate des enseignants, les enfants daltoniens suivent leur scolarité sans difficultés particulières. Pour accompagner au mieux le développement et l'éducation de votre enfant, restez à l'écoute de ses besoins spécifiques.
Conclusion
Face aux confusions de couleurs de votre enfant de 2 ans, gardez à l'esprit que le diagnostic de daltonisme ne peut être établi avec certitude avant l'âge de 3 ans minimum. À cet âge, les difficultés observées peuvent simplement refléter une immaturité normale dans la compréhension du concept abstrait des couleurs.
Si les doutes persistent au-delà de 3 ans, n'hésitez pas à consulter un spécialiste pour réaliser des tests adaptés. En attendant, continuez à stimuler votre enfant à travers des activités variées et restez attentive à son développement global. Le daltonisme, s'il est confirmé, ne constitue pas un handicap majeur et permet une vie tout à fait normale avec quelques adaptations simples. Pour plus d'informations sur la santé et le bien-être de votre enfant, consultez régulièrement votre pédiatre.


