Pourquoi votre enfant travaillera jusqu'à 70 ans...avec de la chance

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Pourquoi votre enfant travaillera jusqu'à 70 ans

Entre mai 2024 et mai 2025, la France a franchi un cap historique : pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, notre pays a enregistré plus de décès que de naissances. Ce tournant démographique n'est pas qu'un simple chiffre statistique. Il annonce un bouleversement profond de notre modèle social et, plus particulièrement, de l'avenir professionnel de nos enfants.

 

Un modèle social à bout de souffle

Notre système de protection sociale repose sur un principe simple : les actifs d'aujourd'hui financent les retraités d'aujourd'hui. Ce modèle, mis en place après la Seconde Guerre mondiale, fonctionnait dans un contexte démographique et économique très différent du nôtre.

En 1950, les paramètres étaient les suivants :

  • 7 à 8 actifs pour financer 1 retraité.
  • Une natalité en pleine croissance avec le baby-boom.
  • Un âge de départ à la retraite fixé à 65 ans.
  • Une espérance de vie moyenne d'environ 65 ans.

En 2024, la réalité est tout autre :

  • Seulement 1,5 actif pour financer 1 retraité.
  • Une natalité en chute libre : l'indice de fécondité est tombé à 1,62 enfant par femme, le niveau le plus bas depuis 1919.
  • Un âge de départ à la retraite à 62 ans (bientôt 64 ans, mais pas sûr car la réforme a été suspendue).
  • Une espérance de vie de 85,6 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes.

La différence est frappante : alors qu'en 1950, les retraités vivaient en moyenne quelques années après leur départ en retraite, ils vivent aujourd'hui plus de 20 ans. Dans le même temps, il y a cinq fois moins d'actifs pour les financer. Le calcul n'est pas difficile à comprendre, et nous avons comblé cet écart avec de la dette. Bref, nous vivons au-dessus de nos moyens. Ce n'est pas un jugement, c'est un fait.

 

La dette : une bombe à retardement pour nos enfants

Vous avez peut-être entendu parler de la dette publique sans vraiment comprendre ce qu'elle signifie pour votre famille. Pourtant, cette dette est directement liée à l'avenir de votre enfant.

La dette d'aujourd'hui, ce sont les impôts de demain pour vos enfants.

Depuis 50 ans, on nous répète que la dette est un problème. Et pourtant, tout semble continuer normalement. Mais cette apparente stabilité cache une réalité inquiétante : la dette génère des intérêts, exactement comme votre prêt immobilier.

Les chiffres qui donnent le vertige :

  • La dette publique française s'élève à 3 305 milliards d'euros, soit 113 % du PIB.
  • Les intérêts de la dette atteignent 58 milliards d'euros en 2024.
  • Ces intérêts devraient atteindre 67 milliards d'euros en 2025 et 72,3 milliards d'euros en 2027.

Pour mettre ces chiffres en perspective : 58 milliards d'euros, c'est l'équivalent du budget de l'Éducation nationale ou de la Défense. Chaque année, l'État dépense cette somme colossale uniquement pour payer les intérêts de ses emprunts, sans même rembourser le capital (ce qui n'est pas le but, mais bon...).

Le budget total de l'État (hors prestations sociales) s'élève à environ 450 milliards d'euros. Cela signifie que près de 13 % de ce budget part uniquement en intérêts. Et ce pourcentage ne cesse d'augmenter.

 

On ne peut pas vivre indéfiniment au-dessus de ses moyens

Imaginez un instant que vous dépensiez chaque mois plus que vous ne gagnez, en empruntant la différence. Au début, cela semble gérable. Mais année après année, vos dettes s'accumulent, les intérêts grimpent, et vous finissez par emprunter simplement pour payer les intérêts de vos anciens emprunts. C'est exactement ce qui se passe pour notre pays.

Tôt ou tard, il faudra payer le prix de cette vie au-dessus de nos moyens :

  • Soit par une augmentation massive des impôts pour nos enfants.
  • Soit par une réduction drastique des prestations sociales (allocations familiales, remboursements de santé, aides au logement...).
  • Soit par une diminution des services publics (moins d'enseignants, d'infrastructures, d'hôpitaux...).

 

Votre enfant travaillera-t-il vraiment jusqu'à 70 ans ?

Avec une démographie en berne, un système de retraite déséquilibré et une dette qui explose, le scénario d'un âge de départ à la retraite repoussé à 70 ans n'est plus de la science-fiction. C'est une possibilité réelle que plusieurs économistes évoquent déjà. On pourrait aussi se demander quelle forme prendra sa retraite...

Les raisons qui pourraient pousser à ce report :

  1. Le déséquilibre démographique : avec 1,5 actif pour 1 retraité aujourd'hui, le ratio pourrait encore se détériorer avec le vieillissement de la population.

  2. L'allongement de l'espérance de vie : si les gens vivent plus longtemps, ils percevront leur retraite plus longtemps, ce qui coûte plus cher au système.

  3. Le poids de la dette : les générations futures devront rembourser nos emprunts actuels, tout en finançant leurs propres besoins..

  4. Les comparaisons internationales : plusieurs pays européens envisagent déjà des réformes avec des âges de départ autour de 67-68 ans, et ce n'est qu'un début.

 

Une question de choix de société

Face à ce constat alarmant, une question s'impose : voulons-nous vraiment laisser cet héritage à nos enfants ? Voulons-nous qu'ils travaillent jusqu'à 70 ans pour financer les erreurs économiques de nos générations ?

Le bébé que vous portez ou que vous bercez aujourd'hui entrera sur le marché du travail dans les années 2045-2050. Il sera confronté à un système économique et social façonné par les décisions que nous prenons - ou que nous ne prenons pas - aujourd'hui.

Les solutions existent, mais elles nécessitent des choix difficiles :

  • Réformer en profondeur notre système de retraite.
  • Maîtriser les dépenses publiques.
  • Relancer la natalité par des politiques familiales ambitieuses.
  • Réduire progressivement notre dette pour ne pas la transmettre aux générations futures.

 

Un appel à la responsabilité

En tant que parents, nous nous préoccupons naturellement de l'avenir de nos enfants. Nous voulons qu'ils vivent mieux que nous, qu'ils aient les mêmes opportunités, voire davantage. Mais la réalité économique et démographique actuelle dessine un avenir plus sombre.

La question n'est plus de savoir si votre enfant travaillera jusqu'à 70 ans, mais de savoir si nous, en tant que société, sommes prêts à faire les efforts nécessaires aujourd'hui pour lui éviter ce destin.

Chaque milliard d'euros de dette supplémentaire aujourd'hui, ce sont des impôts en plus ou des services en moins pour votre enfant demain. Chaque réforme reportée, chaque décision difficile évitée, c'est un fardeau supplémentaire sur les épaules de la génération qui arrive.

Nos enfants méritent mieux que de travailler jusqu'à 70 ans pour payer les erreurs de leurs parents et grands-parents. Il est encore temps d'agir, mais le temps presse. Car pendant que nous tergiversons, la dette continue de grimper, les baby-boomers continuent de partir à la retraite, et les naissances continuent de diminuer.

L'avenir de vos enfants se joue maintenant.

 

 

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