Vivre adulte chez ses parents : “gros bébé” ? Pas toujours…

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Vivre adulte chez ses parents : “gros bébé” ? Pas toujours…

Ce n’est pas seulement une question d’argent. Beaucoup ont un travail stable, un salaire correct et l’autonomie financière nécessaire pour partir. Et pourtant, ils restent chez papa et maman. Mais pourquoi ?

 

À 30 ans (et plus), avoir un salaire et continuer à vivre avec ses parents n’est pas forcément exceptionnel. En Italie, c’est presque devenu la norme : selon les données Eurostat, plus de 64 % des jeunes de 25 à 34 ans vivent encore dans le foyer parental. Et non, cela ne s’explique pas uniquement par la précarité économique. Les raisons sont multiples, parfois logistiques, parfois profondément psychologiques. Découvrons-les avec l’aide de notre experte.

 

Vivre avec ses parents : la raison la plus simple… c’est que ça vaut le coup

Avec des loyers qui explosent, des factures toujours plus élevées et un coût de l’ameublement hors de prix, vivre seul devient un luxe.

« Pour beaucoup d’hommes, l’avantage économique de rester chez leurs parents est trop important pour être ignoré : pas de loyer, moins de dépenses, le frigo rempli et la lessive “incluse” », explique la psychothérapeute Cinzia Gorla. « Rester en famille est donc davantage une stratégie financière qu’un échec personnel. Cela permet d’accumuler des économies pour des projets futurs, comme l’achat d’un bien immobilier ou un départ à l’étranger. »

 

 

Confort psychologique et liens familiaux très forts

En Italie, la famille occupe une place centrale. Contrairement à d’autres pays européens, il n’existe pas de pression sociale forte pour partir tôt. Résultat : vivre chez ses parents n’est pas perçu comme une prison.

Au contraire, beaucoup d’hommes entretiennent des relations familiales sereines et choisissent de rester par confort et affection. Dîners partagés, quelqu’un avec qui discuter le soir, soutien émotionnel et logistique : la cohabitation familiale peut offrir une stabilité précieuse dans une vie de plus en plus incertaine et frénétique.

La pandémie a amplifié ce phénomène. Revenir – ou rester – dans la maison d’origine a offert une sensation de protection. Certains ont même découvert qu’une cohabitation “adulte” pouvait très bien fonctionner, surtout lorsque chacun dispose de ses espaces.

 

Amour et travail : une vie devenue beaucoup plus flexible

La vie sentimentale a évolué. Pour beaucoup d’hommes, la maison n’est plus le lieu où l’on construit immédiatement une famille, mais un espace flexible, personnel. On stabilise d’abord sa carrière et son identité, puis éventuellement on se met en couple.

Tant que la relation n’est pas vraiment solide, quitter le foyer parental peut sembler être un risque inutile.

À cela s’ajoute la flexibilité croissante du travail :

  • Carrières moins linéaires,
  • Contrats temporaires,
  • Mobilités fréquentes,
  • Télétravail.

Dans ce contexte, disposer d’une “base” familiale stable est souvent perçu comme un avantage, et non comme une limitation.

 

 

Quand la famille ne lâche pas : la dépendance autorisée

Rester chez ses parents n’est pas toujours un choix logique ou financier. Parfois, cette décision révèle des dynamiques psychologiques profondes qui concernent toute la famille.

Les psychologues parlent de “syndrome de dépendance autorisée” : un mécanisme où parents et enfants, souvent inconsciemment, entretiennent un lien de dépendance réciproque qui bloque la séparation naturelle.

« Cela arrive lorsque la famille a été trop autoritaire, empêchant l’enfant d’expérimenter son autonomie, ou au contraire trop permissive, le laissant sans guide dans les moments décisifs. Le résultat est le même : difficulté à construire une identité adulte séparée et peur de quitter le “nid” protecteur », explique la docteure Gorla.

« Il arrive aussi que les parents eux-mêmes retiennent leur enfants à la maison, parfois pour combler un vide dans leur couple ou pour ne pas affronter la fin de leur rôle parental actif. Dans ces cas, la présence prolongée à la maison devient un blocage évolutif partagé, une sorte de “pacte silencieux” qui ralentit la croissance de chacun. Cela crée une dynamique manipulatrice ou narcissique qui, si elle n’est pas reconnue, peut durer des années et empêcher le développement d’une véritable autonomie. »

 

Vivre avec ses parents : apprendre à prendre son envol

Dans ces situations, comprendre les dynamiques familiales ne suffit pas. Les parents doivent encourager le jeune adulte à devenir indépendant pour qu’il puisse construire une vie libre et autonome.

« En parallèle, l'enfant doit prendre conscience des pièges invisibles de sa famille et commencer un parcours d’émancipation : demander de l’aide, fixer des objectifs, apprendre à gérer la vie seul », recommande la psychothérapeute.

« Rester prisonnier des dynamiques familiales peut devenir un véritable frein évolutif, avec des répercussions sur l’estime de soi, les relations et la réalisation personnelle. Dans les cas extrêmes, cela peut même contribuer à des troubles psychologiques ou des difficultés relationnelles. S’encourager mutuellement devient alors essentiel. Prendre son envol, ce n’est pas seulement déménager : c’est se libérer des liens émotionnels qui empêchent de devenir un adulte pleinement autonome. »

 

Vos questions les plus posées sur le sujet

 

À quel âge les jeunes quittent-ils généralement le domicile parental en Europe ?
L’âge moyen varie fortement : dans certains pays nordiques, on part autour de 20 ans, alors qu’en Italie, Espagne ou Croatie, le départ tourne souvent autour de 29–30 ans.

 

Pourquoi les jeunes mettent-ils plus de temps à devenir indépendants aujourd’hui ?
Les loyers élevés, la précarité professionnelle, la difficulté à obtenir un crédit et la flexibilité du travail jouent un rôle majeur. Mais il existe aussi des raisons culturelles et psychologiques.

 

Rester chez ses parents empêche-t-il vraiment de devenir adulte ?
Pas toujours. Cela dépend de la dynamique familiale. Certains gagnent en stabilité et en sécurité émotionnelle, tandis que d’autres peuvent développer une dépendance qui freine leur autonomie.

 

Comment savoir si je reste chez mes parents pour de “bonnes” raisons ?
Demandez-vous si vous êtes capable de gérer seul votre quotidien, vos finances, vos décisions. Si la réponse est oui, rester che zvos parents est probablement un choix. Si la réponse est non, il peut y avoir une dépendance.

 

Comment se préparer à quitter la maison ?
Fixer un budget, gagner en compétences pratiques (administration, ménage, cuisine), renforcer son autonomie émotionnelle et définir un projet de vie réaliste sont des étapes clés.

 

Contenus aimablement offerts par : Style

 

 

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