Déni de grossesse : "Je l'ai découvert le jour de l'accouchement" - Le témoignage bouleversant de Maëva

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Le déni de grossesse raconté par une maman

Le déni de grossesse reste un phénomène méconnu qui touche pourtant entre 1 500 et 3 000 femmes chaque année en France. Maëva avait 21 ans lorsqu'elle a découvert sa grossesse aux urgences, à 39 semaines. Dans ce témoignage poignant, elle nous raconte comment sa vie a basculé en quelques heures, et comment elle a surmonté ce choc pour créer un lien avec son bébé. Une histoire qui met en lumière cette réalité souvent taboue et mal comprise.

 

Qu'est-ce que le déni de grossesse et comment se manifeste-t-il ?

Le déni de grossesse se définit comme le fait de porter un enfant sans en avoir conscience. Cette situation concernerait 1 grossesse sur 450 à 500 en France, touchant toutes les catégories socio-professionnelles, tous les âges, et même les femmes qui sont déjà mères.

On distingue deux formes de déni : le déni partiel, lorsque la grossesse est découverte après le premier trimestre mais avant le terme, et le déni total, quand la femme apprend qu'elle attend un bébé au moment même de l'accouchement. Dans les deux cas, le corps ne présente aucun des signes habituels de la grossesse : pas de ventre arrondi, pas de nausées, pas de prise de poids significative, et parfois même des saignements réguliers confondus avec les règles.

Ce phénomène s'explique par un mécanisme psycho-corporel inconscient, une forme de protection du cerveau face à une situation que la femme ne peut psychologiquement envisager. Il ne s'agit pas d'un choix délibéré, mais d'une réaction de défense inconsciente du corps et de l'esprit.

 

Le témoignage de Maëva : quand la vie bascule en une soirée

Maëva avait 21 ans en janvier 2016, étudiante en préparation au concours infirmier. Sa vie était celle d'une jeune femme active : sorties entre amis, verres de vin occasionnels, sensations fortes avec des manèges et même un saut à l'élastique de 55 mètres. Rien ne laissait présager ce qui allait suivre.

Ce vendredi 15 janvier commence comme tous les autres. Maëva a ses règles comme chaque mois à la même période. Elle fait le ménage, va chercher sa mère au travail, et en soirée sort promener son chien avec une amie. Puis, les douleurs au ventre commencent, qu'elle attribue naturellement à ses menstruations.

Face à l'intensité croissante de la douleur, sa mère décide de l'emmener aux urgences. Sur le trajet, les contractions - car c'est bien de cela qu'il s'agit - s'intensifient. Lorsque sa mère lui dit en plaisantant que si elle était enceinte, elle dirait qu'elle a des contractions, Maëva ne trouve pas cela drôle du tout.

Le verdict du médecin tombe comme un coup de tonnerre : "Félicitations vous allez être maman ! Vous en êtes à 39 semaines de grossesse". Les mots résonnent dans sa tête, le monde s'écroule. Elle est célibataire depuis mai, a des projets d'études, de voyages, de missions humanitaires. Comment est-ce possible ?

 

L'urgence médicale et l'accouchement inattendu

Tout s'accélère alors. Maëva est transférée en salle d'accouchement, encore sous le choc. Son ventre était rond, pas très gros mais visible, avec une peau rougie. La gynécologue veut attendre pour évaluer si un accouchement par voie basse est possible, mais le bébé montre des signes de détresse cardiaque. Une césarienne d'urgence est nécessaire.

Quelques heures plus tard, les esprits se calment progressivement. Maëva trouve un prénom pour son fils. Elle fait alors un choix déterminant : allaiter son bébé pour créer ce lien qui n'a pas pu se construire pendant les neuf mois de grossesse. Pour elle, il était fondamental de lui apporter tout ce qu'elle pouvait, tout ce qu'elle n'avait pas pu lui donner pendant ces mois d'inconscience.

Cette décision d'allaiter après un déni de grossesse est souvent recommandée par les professionnels de santé, car elle favorise l'attachement mère-enfant et aide à compenser l'absence de préparation psychologique à la maternité. Si vous vous interrogez sur l'allaitement et ses bienfaits, vous pouvez consulter des ressources sur l'allaitement maternel qui vous guideront dans cette démarche.

 

Les défis du quotidien après un déni de grossesse

Le retour à la maison marque le début d'une nouvelle vie. Les parents de Maëva ont préparé une chambre pour le bébé, mais les premières semaines sont difficiles. Il faut s'organiser, apprendre à devenir mère du jour au lendemain, et penser à reprendre les cours au plus vite.

L'un des aspects les plus compliqués reste le côté administratif, notamment avec la sécurité sociale et la CAF. Heureusement, les parents de Maëva l'ont beaucoup aidée dans ces démarches, car il est difficile de faire comprendre la situation et son caractère urgent aux administrations.

Puis viennent les jugements. Le déni de grossesse étant peu répandu et méconnu, beaucoup de gens ne comprennent pas. Les sorties avec bébé deviennent parfois éprouvantes : les balades, les courses, croiser des connaissances qui posent une tonne de questions. C'est gênant selon les endroits, et usant de répondre 20, 30, 50 fois aux mêmes interrogations quand on est encore fragile et en recherche de repères.

Il est important de savoir que le déni de grossesse touche toutes les catégories socio-professionnelles et, contrairement aux idées reçues, concerne le plus souvent des femmes qui sont déjà mamans. Ce n'est pas une question de milieu social, d'éducation ou de situation familiale.

Pour mieux comprendre les bouleversements que vivent les jeunes mamans, vous pouvez également lire des témoignages sur les expériences de maternité qui aident à se sentir moins seule dans ces moments de questionnements.

 

La reconstruction et la vie après la découverte

Après quelques semaines et l'arrivée du printemps, la vie reprend progressivement son cours. Maëva sort un peu plus avec son bébé, s'adapte à sa nouvelle vie de maman. Malgré les difficultés, elle trouve la force de partager son expérience et son quotidien sur Instagram via le compte @juste.avant.le.bonheur.

La période post-partum après un déni de grossesse présente des caractéristiques particulières. L'accompagnement psychologique est fortement recommandé pour aider la maman à construire son identité maternelle et créer un lien d'attachement avec son enfant. Dans certaines maternités, comme celle de Jeanne de Flandre à Lille, des groupes de parole ont été mis en place spécifiquement pour les femmes ayant vécu un déni de grossesse.

Ces groupes permettent de mettre des mots sur le traumatisme vécu, de partager l'expérience avec d'autres mamans concernées, et d'être accompagnée par une équipe pluridisciplinaire. Contrairement aux idées reçues, les femmes qui poursuivent leur grossesse après la découverte d'un déni s'adaptent généralement très bien, et les enfants nés dans ces conditions ne présentent pas de problèmes physiques ou psychologiques particuliers.

Pour toutes les futures mamans qui traversent des moments difficiles pendant ou après la grossesse, n'hésitez pas à consulter des informations sur la santé mentale maternelle et l'importance d'un accompagnement adapté.

 

Vos questions fréquentes concernant le déni de grossesse

 

1. Combien de femmes sont concernées par le déni de grossesse en France ?
Entre 1 500 et 3 000 femmes sont touchées chaque année en France par un déni de grossesse, soit environ 1 grossesse sur 450 à 500. Parmi ces cas, environ 330 femmes accouchent sans avoir jamais su qu'elles étaient enceintes, ce qu'on appelle un déni total.

 

2. Peut-on avoir un test de grossesse négatif en cas de déni de grossesse ?
Dans de très rares cas, un test de grossesse peut être négatif en début de déni, mais dans la grande majorité des situations, le test détecte bien la présence d'hormones de grossesse. Le déni est avant tout un mécanisme psychologique qui empêche la femme de réaliser ou d'accepter consciemment sa grossesse, même face à des preuves médicales.

 

3. Le déni de grossesse ne concerne-t-il que les jeunes femmes ou les femmes sans enfant ?
Non, c'est une idée reçue. Le déni de grossesse touche toutes les catégories d'âge et tous les milieux socio-professionnels. Près de la moitié des femmes concernées sont d'ailleurs déjà mères d'un ou plusieurs enfants. Il n'existe pas de profil type de femme susceptible de vivre un déni de grossesse.

 

4. Comment le ventre peut-il ne pas être visible pendant un déni de grossesse ?
Dans le cas d'un déni de grossesse, le fœtus se positionne différemment, souvent en se plaçant derrière les côtes ou contre la colonne vertébrale, ce qui rend le ventre moins visible. Fait remarquable : lorsque le déni est levé, le ventre peut se développer de manière spectaculaire en quelques heures seulement, une fois que le mécanisme psychologique de défense cesse.

 

Conclusion

Le témoignage de Maëva illustre la réalité bouleversante du déni de grossesse total. Découvrir que l'on va devenir mère en quelques heures, sans aucune préparation psychologique ni physique, représente un choc traumatique majeur. Pourtant, avec le soutien familial, l'accompagnement médical approprié et sa propre détermination, Maëva a su créer un lien avec son fils et construire sa nouvelle vie de maman.

Son histoire souligne l'importance de parler davantage du déni de grossesse, de mieux former les professionnels de santé à cette problématique, et d'offrir un accompagnement psychologique adapté aux femmes concernées. Le déni de grossesse n'est ni un choix, ni une négligence, mais un mécanisme de défense inconscient qui mérite compréhension et soutien.

 

 

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