Les TSA (Troubles Spécifiques de l’Apprentissage) englobent tous les troubles de l’apprentissage chez les enfants. Mais quels sont-ils exactement ? Comment et quand les détecter ? Nous vous l’expliquons ici.

 
Les difficultés scolaires de l'enfant peuvent trouver leur origine dans les troubles de l’apprentissage, ce que l’on appelle aussi les TSA ou les troubles « dys ». Il s’agit des troubles spécifiques de l’apprentissage infantile qui incluent la dyslexie (difficulté dans la lecture), la dysgraphie et la dysorthographie (difficultés liées à l'écriture), et enfin la dyscalculie (difficulté dans le calcul). Il faut savoir de plus qu’une difficulté n’empêche pas l’autre et qu’un enfant peut donc souffrir de plusieurs troubles à la fois.

Existe-t-il une relation entre les troubles du langage et de l'apprentissage ?

C’est, selon les experts, une question difficile car il existe de nombreuses études sur le sujet mais aucun consensus, même s’il est vrai que les enfants présentant un trouble du langage sont plus susceptibles d'avoir des difficultés d'apprentissage.

Pour pouvoir détecter précocement les TSA, il est important que les parents soient très attentifs au développement de leur enfant, tout spécialement pendant la première année de primaire, et qu’ils n’hésitent pas à alerter les enseignants s’ils observent une anomalie, que ce soit une difficulté dans le langage, l’écriture ou le calcul. Plus on détecte ce genre de troubles, plus on a de chance de les résoudre. Les parents ne doivent donc pas hésiter à faire part aux enseignants et au pédiatre de leurs préoccupations relatives à l'apprentissage et/ou au comportement de leur enfant car ces derniers pourront les orienter, le cas échéant, vers un orthophoniste ou autre spécialiste du langage.

Une des barrières auxquelles se heurtent les enfants ayant des difficultés d'apprentissage est le matériel pédagogique qui leur est proposé : souvent, il s'avère trop complexe et ils n'arrivent pas à atteindre le niveau de compréhension requis.

Selon les experts, les causes principales de ces difficultés doivent être recherchées dans un manque de prérequis essentiels pour les processus d'apprentissage. Pour cette raison, il n'est pas utile de surcharger l'enfant avec des cours de rattrapage ou des devoirs supplémentaires ; il est nécessaire, au contraire, d'intervenir pour identifier ses points faibles et fournir à l'enfant les fonctions cognitives nécessaires à l'étude.

Problèmes les plus répandus

L'enfant peut rencontrer des difficultés lors de la phase de collecte d'informations et dans les opérations cognitives de base, telles que la déduction, le raisonnement analogique (la relation entre « haut » et « bas » est similaire à celle entre « large » et « étroit »), le raisonnement inductif (si « a », « b » et « c » existent, alors « d » existe aussi), le raisonnement transitif (si « a » est plus grand que « b » et « c » est plus grand que « a », alors « c » est plus grand que « b »), etc. Les problèmes les plus courants sont les suivants :

Perception épiso­dique de la réalité 

  • L'enfant perçoit des fragments de réalité, mais n'arrive pas à les recomposer de manière cohérente.
  • Il entend une histoire avec un début, un développement et une fin, mais peine à relier ces éléments entre eux.
  • Il a du mal à établir des relations entre différentes parties d'une même catégorie. Il se contente de mémoriser des séries de données et de phrases sans les relier.
  • Il ne parvient pas à écouter correctement et à recueillir les données essentielles pour définir une situation. Il observe les informations de manière superficielle, imprecise, sans saisir les faits les plus importants. Les difficultés dans les tâches nécessitant habileté et précision, comme les mathématiques et la lecture, sont fréquentes.

Attitude impulsive :

  • L'enfant réagit aux premières informations qu'il reçoit, parce qu'elles sont relativement importantes ou parce que ce sont les premières rencontrées, sans les mettre en relation avec d'autres données essentielles.
  • Par exemple, lorsque l'enseignant demande aux élèves : « Qui a été le premier à... ? » et avant que la question soit terminée, beaucoup d'entre eux lèvent déjà la main pour répondre à une question qui n'a pas encore été complètement formulée.
  • Il en va de même lorsque l'enfant prépare son goûter pour l'école et prend une glace du congélateur sans penser qu'elle va fondre pendant le trajet. L'attitude impulsive peut également conduire l'enfant à considérer des informations inappropriées lors de la phase de traitement.

Difficultés liées à l'orientation spatiale

  • Difficulté à s'orienter dans l'espace : L'enfant peut éprouver des difficultés en lecture car il a du mal à organiser les symboles en fonction de leur position dans l'espace. Par exemple, la lettre située à l'extrême gauche de la page doit être lue avant celle qui est juste à sa droite ; le mot de gauche doit être lu avant celui de droite, etc
  • Difficulté à se référer à deux sources d'information distinctes mais simultanées : Il peut avoir des problèmes pour comparer deux objets. Par exemple, lorsqu'il est confronté à deux paniers de tailles différentes, il a du mal à déterminer lequel peut contenir le plus de fruits.
  • Capacité de récapitulation insuffisante : Il rencontre des difficultés pour répondre à des questions telles que : « Combien de fruits y a-t-il dans ce panier ? », même s'il est capable de les nommer un par un.

Les fonctions cognitives

Selon le psychologue Reuven Feuerstein, qui a élaboré un programme utilisé dans le monde entier, un enfant ayant des difficultés d'apprentissage peut ne pas avoir certaines fonctions cognitives développées, ou les utiliser de manière limitée et inefficace. Ces déficits peuvent se manifester à différentes étapes de l'action mentale : lors de la collecte des données (input), de leur traitement (élaboration), et de la présentation de la réponse (output). Parfois, les déficits dans une phase peuvent affecter la fonctionnalité d'une autre phase. Par exemple, si la collecte des données lors de la phase d'input n'est pas précise, cela peut entraîner des limitations dans la phase de traitement et/ou de l'output. Il est également possible que le traitement des données soit créatif et correct, mais que les réponses (output) soient erronées, en raison d'une collecte incorrecte des données durant la phase d'input ou d'un langage inadéquat pour les exprimer dans la phase d'output. C'est pourquoi il est crucial d'identifier les causes du problème et d'intervenir de manière appropriée pour les résoudre.

Fonctions déficientes lors de la collecte des données (input) :

  • Perception confuse et insuffisante.
  • Attitude d'exploration discontinue, impulsive et non planifiée.
  • Manque ou insuffisance d'outils verbaux ou conceptuels, affectant la capacité à discriminer les objets ou les événements sans nom.
  • Absence de systèmes de référence pour déterminer l'organisation de l'espace.
  • Manque ou insuffisance du concept de temps.
  • Absence ou insuffisance de permanence dans les constantes (mesure, forme, quantité, orientation, etc.).
  • Manque ou insuffisance de précision et de soin dans la collecte des données.
  • Incapacité à prendre en compte simultanément deux ou plusieurs sources d'information.

Fonctions déficientes lors du traitement des données :

  • Incapacité à percevoir et définir un problème.
  • Incapacité à distinguer les données pertinentes des moins pertinentes lors de la définition du problème.
  • Incapacité à confronter spontanément ou insuffisance de la nécessité de confrontation.
  • Étroitesse du champ mental.
  • Perception épisodique de la réalité.
  • Manque ou insuffisance de déduction.
  • Manque ou faible besoin de récapitulation.
  • Manque ou insuffisance de preuve logique.
  • Absence de processus hypothétiques (si j'avais... alors...).
  • Absence de stratégies pour la vérification des hypothèses.
  • Absence de stratégies pour la planification.
  • Difficulté d'intériorisation.
  • Incapacité à élaborer des concepts en raison d'un manque de vocabulaire.

Fonctions déficientes lors de l'expression des données (output) :

  • Modalité de communication égocentrique.
  • Difficulté à projeter des relations virtuelles.
  • Blocage.
  • Réponses par essais et erreurs.
  • Manque ou insuffisance de précision et d'exactitude dans la communication ou les réponses.
  • Insuffisance de transposition visuelle.
  • Attitude impulsive, souvent casual ou non planifiée.

Comment aider votre enfant s'il rencontre ces troubles

Les erreurs à éviter

Souvent, face aux nombreuses difficultés rencontrées par l'enfant, les parents hésitent à lui présenter l'ensemble des stimuli présents dans son environnement, craignant qu'ils soient « trop difficiles pour lui ».

Les attitudes suivantes sont courantes e à éviter :

  • Ne pas présenter les stimuli complexes nécessitant des processus d'abstraction, pensant que l'enfant ne pourrait en tirer aucun bénéfice.
  • Ne pas aborder des sujets généraux. Lorsque l'enfant assiste à une discussion animée sur un sujet d'actualité, il n'est pas impliqué dans la conversation, lui refusant ainsi la possibilité d'assimiler et de traiter les idées présentées.
  • Ne pas l'impliquer dans les discussions sur les valeurs ni dans les décisions familiales.
  • Lorsqu'un stimulus est présenté, ne pas fournir les outils nécessaires pour l'exploiter. Par exemple, les parents regardent souvent la télévision avec leurs enfants sans jamais discuter de ce qu'ils voient ou entendent.

Ce qu'il est recommandé de faire

L'intervention doit viser les objectifs suivants :

  • Offrir à l'enfant l'opportunité d'être exposé à des stimuli intenses et répétés.
  • Accroître sa capacité d'imitation.
  • Créer une pression positive de l'environnement afin que l'enfant modifie sa perception de lui-même : passer de l'individu constamment protégé à une personne avec ses propres responsabilités.

Voyons ce que cela implique :

  • Offrir des stimuli intenses et répétés : L'enfant, en raison de ses difficultés d'apprentissage, a besoin de plus d'expositions aux stimuli intenses et répétés sous la guidance d'un adulte. Plus les stimuli sont nombreux et attractifs, plus il est probable que l'enfant s'engage.

  • Accroître sa capacité d'imitation : L'imitation est essentielle dans le processus d'apprentissage. Les enfants créent des modes : des autocollants, des petits jeux, des livres, etc., et deviennent passionnés par ces tendances. La capacité à imiter permet de s'intégrer dans un groupe. Si, par exemple, l'enfant ne souhaite pas étudier, inviter un camarade à étudier avec lui peut le motiver. En âge scolaire, l'imitation stimule des processus qui amènent l'enfant à accepter les comportements des autres. L'objectif est donc de créer des situations où l'enfant est motivé à imiter les autres.

  • Créer une attente positive dans l'environnement : Cela aide l'enfant à changer sa perception de lui-même : d'un individu protégé en permanence à une personne avec des responsabilités propres. Il est important de ne pas traiter l'enfant comme quelqu'un qui a besoin de protection constante. Une protection excessive peut donner l'impression que l'enfant ne peut pas surmonter ses difficultés. Le but est de créer un environnement où l'enfant est vu comme capable de contribuer et de s'engager activement.

Comment évaluer les priorités d'intervention

Lors de l'évaluation des problèmes de l'enfant, il est important de répondre à trois questions :

  • Quels sont ses compétences et les contenus qu'il doit apprendre ?
  • Parmi les changements nécessaires, lesquels ont la priorité ?
  • Comment induire ces changements ?

Il est crucial de choisir parmi les différentes zones de connaissance. En matière d'apprentissage, le langage et les compétences de base sont centraux. La compréhension des mots est indispensable pour l'intégration, suivie de la capacité à s’exprimer, à lire et à comprendre les textes. Les enfants capables d'écouter et de comprendre de manière satisfaisante peuvent tirer parti des cours, même s'ils ne savent pas encore lire. La capacité d'écrire est nécessaire mais pas indispensable.

En ce qui concerne les mathématiques, le manque de connaissances dans cette matière ne constitue généralement pas un obstacle à l'intégration dans la classe. Une fois les compétences de base acquises, il faut distinguer entre les matières modulaires et celles dont les notions introductives sont fondamentales pour la compréhension des niveaux suivants. En mathématiques, les sujets sont souvent plus interconnectés que dans les matières littéraires.

À Retenir

Plus nous sommes familiers avec une activité donnée, mieux nous la maîtrisons. Certains experts recommandent que l'enfant se prépare à l'avance sur le sujet abordé en classe pour qu'il ne soit pas nouveau pour lui. Une préparation préalable aide l'enfant à être plus attentif et à mieux comprendre les choses. Ainsi, il peut se concentrer davantage sur le traitement des données et obtenir de meilleurs résultats dans un environnement qui lui est familier.

L'importance de la socialisation

La socialisation joue un rôle essentiel dans l'intégration en classe et le succès de l'enfant avec des difficultés d'apprentissage. Il est important que l'enfant sente qu'il appartient à un groupe. Il faut aider l'enseignant et l'école à percevoir l'intégration de chaque enfant comme une contribution importante pour l'ensemble de l'école. L'intégration d'un enfant avec des difficultés est un critère important pour évaluer le niveau de l'école, ses valeurs humaines et surtout la qualité de son personnel enseignant. Certains affirment qu'ils ne peuvent enseigner que dans des classes homogènes, mais cette attitude discrédite la figure de l'enseignant : tout problème avec un enfant est attribué à son incapacité. Dans ces cas, un ensemble de professionnels (psychologues, consultants, directeurs pédagogiques, etc.) est parfois sollicité pour « placer » l'enfant, qui peut alors commencer à se sentir exclu. En revanche, les enseignants qui prennent en compte le sentiment d'appartenance de l'enfant peuvent mieux faire face aux problèmes des enfants immigrants et de ceux ayant des difficultés d'apprentissage ou des problèmes d'attention.

Transmettre à l'enfant un sentiment d'appartenance ne signifie pas nécessairement favoriser ou accorder une attention excessive. Ce sentiment repose sur un système de droits et de devoirs, et aide l'enfant à se sentir comme une partie active de la classe. L'enseignant devra l'intégrer dans un groupe de travail en profitant de toutes les opportunités pour lui confier de nouvelles tâches. Il est important de reconnaître que, n'étant pas sûr d'appartenir à la classe, l'enfant ne se proposera pas spontanément pour assumer des responsabilités. L'enseignant doit donc identifier les domaines où l'enfant peut le mieux contribuer. Par exemple, s'il aime le théâtre, il sera encouragé à continuer dans cette voie ; s'il commence à jouer d'un instrument, il sera invité à se produire lors d'une fête ou d'un spectacle de fin d'année. Il est essentiel de trouver un rôle pour lui. Tous les élèves font partie de la classe et doivent participer aux activités.

Parfois, les efforts de l'enseignant peuvent rencontrer une opposition de la part des autres élèves, qui peuvent se plaindre que l'enfant ne sait pas bien agir ou exprimer des réserves quant à son intégration excessive dans la classe. Dans de telles situations, il est important d'expliquer aux enfants le principe de l'acceptation des différences, en transmettant l'idée que chacun est dans une situation particulière et que cela ne définit pas une caractéristique immuable. L'enseignant peut évoquer des exemples de réussites et d'échecs sans nommer directement des élèves, et partager ses propres expériences. Ces discussions permettent de créer une atmosphère de classe qui encourage l'acceptation mutuelle et le développement personnel.

Attitudes à éviter

Souvent, nous négligeons l'investissement de temps et d'énergie pour aider l'enfant à surmonter ses difficultés, en raison de préjugés profondément enracinés que nous ne reconnaissons même pas comme tels. Les obstacles sont généralement les suivants :

  • « Il est comme ça ». On dit : « Il est comme son père, distrait par nature. Depuis qu'il est bébé, il a toujours été maladroit, renversant des choses, trébuchant à chaque coin de rue… ». Nous faisons appel à l'hérédité et acceptons l'enfant tel qu'il est, sans essayer de provoquer des changements.

  • « J'ai essayé, mais il n'y a pas moyen de le changer ». Dans ce cas, le manque de confiance dans la capacité de changement ne concerne pas de manière générale mais spécifiquement cet enfant. Pour développer ses potentialités, il ne suffit pas de croire théoriquement que l'enfant peut changer ; il faut être convaincu que cela est réellement possible. Imaginez comment vous réagiriez face à un médecin qui, après avoir examiné un enfant un peu faible, dirait : « Que voulez-vous que je fasse ? C'est inutile de lui donner des vitamines, de l'emmener à la plage ou de lui faire pratiquer un sport… Il est trop fragile ! ».

Le psychologue Reuven Feuerstein explique que pour aider un enfant à s'améliorer, nous devons être convaincus de cinq choses :

  • Les êtres humains sont modifiables.
  • La personne que j'éduque est modifiable.
  • Je peux modifier la personne que j'éduque.
  • Je peux (et dois) me modifier moi-même.
  • La société peut (et doit) être modifiée par les individus qui la composent.

Attention

Si l'enfant rencontre des difficultés d'apprentissage, des changements structuraux nécessitent une intervention systématique, spécifique et intensive, sous la direction d'un expert.