Mieux vaut-il que mon bébé suce son pouce ou une tétine ? Laurence Lupi Pegurier, orthodontiste et maître de conférence, répond à Bébés et Mamans et donne son opinion sur le pouce ou la tétine pour bébé.
L'intérêt clinique qu'il y a à déceler l'étiologie et à établir un diagnostic précoce de la béance antérieure justifie pleinement la conduite d'études épidémiologiques. L'interception orthodontique est souvent nécessaire, non seulement pour éviter les altérations dento-squelettiques, mais aussi pour stopper les parafonctions qui peuvent induire une interposition linguale conduisant à une déglutition anormale ou à des difficultés d'élocution, si handicapantes à l'âge où les relations sociales se construisent. La question du choix entre pouce ou tétine n'est toujours pas résolue.
Or, les orthodontistes peuvent être amenés à orienter le choix des parents souvent désemparés face à cette problématique. Pour tenter de répondre à cette question, nous avons mené une enquête épidémiologique descriptive transversale exhaustive auprès des 468 enfants scolarisés en moyenne section dans les écoles maternelles de la ville de Cagnes-sur-mer.
Nous avons obtenu un taux de réponse de plus de 58%. Notre étude révèle qu'il est plus difficile de se défaire du pouce que de la tétine, cependant, près d'un enfant sur deux, à 4 ans, suce toujours la tétine. Qu'elle quelle soit, l'habitude de succion non nutritive, lorsqu'elle est prolongée, induit un déséquilibre des arcades. Il n'est dès lors pas raisonnable d'évoquer des sucettes « anatomiques », « physiologiques », encore moins «orthodontiques » ! Pire encore, les déformations dues à la tétine seraient plus complexes et plus difficiles à prendre en charge que celles produites par le doigt.