Les enfants ressentent la peur, tout comme les adultes. C'est une émotion naturelle et même bénéfique, car elle les préserve des dangers. En tant que jeunes parents, il est important de comprendre les peurs de vos enfants. Cela vous permettra de les guider afin que leurs craintes ne deviennent pas handicapantes, mais qu'elles contribuent plutôt à leur apprentissage, renforcent leur confiance en eux et favorisent leur développement !

 

Comprendre la peur chez les enfants

La peur est une émotion fondamentale que nous éprouvons tous dès notre plus jeune âge. Chez les enfants de 0 à 6 ans, elle joue un rôle crucial dans le développement, leur permettant de reconnaître et de réagir aux dangers. Comprendre les peurs des enfants n'est pas uniquement une question de savoir les rassurer ; c'est également les aider à se construire et à apprendre à affronter le monde en sachant s’adapter.

Qu'est-ce que la peur ?

Définie comme un « état émotionnel de répulsion et d'appréhension à la proximité d'un danger réel ou imaginé », la peur est à la fois une réaction protectrice et un défi émotionnel. Le danger perçu peut être réel, comme une voiture qui approche rapidement, ou imaginaire, comme les monstres sous le lit. Dans tous les cas, cette émotion prépare les enfants à faire face à ces situations.

Pourquoi la peur est-elle essentielle ?

La peur a des avantages indéniables. Un certain degré d'anxiété est nécessaire pour que les enfants puissent réagir adéquatement dans diverses situations, qu'il s'agisse d'éviter un danger immédiat réel ou de surmonter un danger issu de leur imagination.

L'impact de la peur sur le développement des enfants

Les enfants, en particulier ceux qui ont une forte imagination, sont confrontés à de nombreuses situations qu'ils considèrent comme dangereuses, qu'ils ne connaissent pas, qu'ils ne maîtrisent pas, qui leur sont étrangères ou dans lesquelles ils voient la réaction inquiète des adultes.

À ces occasions, ils répondent par l'anxiété qui, selon le Dr José Gil, « peut se manifester par des tremblements, une sensation de vertige, des convulsions, des maux de tête ou des évanouissements, mais elle peut aussi influencer le langage - mutisme ou loquacité - ou le comportement - timidité, hyperactivité, solitude, insécurité, complexe d'infériorité, hypersensibilité ou idées obsessionnelles ». L'intensité avec laquelle la peur se manifeste va de l'agitation à peine perceptible à l'anxiété paralysante.

Les recherches indiquent que près de 40% des enfants âgés de 1 à 16 ans éprouvent de l'anxiété, de la dépression ou des phobies. Cela montre à quel point il est vital de comprendre et d'accompagner correctement les peurs des enfants, afin que ces émotions ne deviennent pas disproportionnées par rapport aux dangers réels.

Il est important pour les adultes de guider les enfants dans la distinction entre les dangers réels et ceux qui sont le produit de leur imagination. Cette compétence est essentielle pour leur permettre de développer une perception équilibrée du monde qui les entoure et de réagir de manière appropriée aux différentes situations qu'ils rencontrent.

Les caractéristiques de la peur chez les enfants de 0 à 6 ans

- La peur est une expérience subjective : le mixeur en lui-même n'est pas un instrument dangereux, mais son bruit effraie de nombreux enfants. Même si elle n'est pas motivée, cette peur est tout à fait réelle.

- La peur est tangible, mesurable et provoque des réactions physiologiques : le rythme cardiaque s'accélère, les pupilles des yeux se dilatent, le cerveau se met à palpiter… C'est un sentiment qui ne peut être caché : même s'il est basé sur un fantasme, il existe. Même si le danger est présumé, en ce sens qu'il n'est présent que dans la tête de la personne effrayée, l'état émotionnel d'appréhension est réel.

- La peur est contagieuse : les peurs les plus fréquentes chez les enfants sont celles qui leur sont transmises par les adultes.

- La peur permet d’éviter certaines situations : par exemple, l'enfant refuse de s'endormir dans une pièce sombre.

Comment évolue la peur avec l'âge de l'enfant

La perception de la peur chez les enfants évolue significativement à mesure qu'ils grandissent et traversent différentes étapes du développement psychologique. Comprendre cette évolution peut aider les parents et les éducateurs à adapter leur soutien de manière appropriée.

Les peurs des enfants de 0 à 3 ans. Durant les trois premières années, les enfants expérimentent des peurs principalement liées à la séparation d'avec leurs parents et aux changements brusques dans leur environnement. Ces réactions sont en grande partie dues à leur développement cognitif encore limité, qui ne leur permet pas de comprendre ou d'anticiper les situations autour d'eux. À mesure qu'ils grandissent, ils commencent également à développer des peurs liées à leur imagination, telles que la peur du noir ou la peur de monstres imaginaires.

Les peurs des enfants de 3 à 6 ans. À cet âge, les enfants acquièrent une meilleure compréhension des concepts de danger et de sécurité, ce qui complexifie leurs peurs. Ils commencent à craindre des situations réelles, comme la peur de se blesser ou de perdre un parent, mais aussi des événements sociaux stressants tels que la première journée d'école ou la rencontre avec de nouveaux camarades. Plus tard, ces craintes sont remplacées par la peur de la mort, des voleurs, de la guerre... Leur capacité à distinguer la réalité de la fiction s'améliore, mais leur imagination reste une source riche de peurs.

Dans ces deux phases, il est essentiel que les adultes reconnaissent et valident les peurs des enfants, tout en offrant un soutien adapté. Ceci inclut une présence rassurante, des discussions ouvertes sur leurs craintes et un encouragement à affronter progressivement des situations qui les effraient, permettant ainsi de développer leur résilience et leur confiance en eux.

Stratégies pour rassurer un enfant qui a peur

Pour aider les enfants à gérer leurs peurs de manière efficace, il est essentiel d'adopter des stratégies adaptées à leur âge et à leur niveau de développement.

Éviter de minimiser ou de nier les peurs

Dire à un enfant « N'aie pas peur » ou « Il n'y a pas de raison d'avoir peur » ne fait souvent qu'ignorer ses sentiments réels. De telles affirmations peuvent faire que l'enfant se sente incompris et seul avec ses craintes. Rappelez-vous que même les adultes éprouvent parfois des peurs irrationnelles, il est donc naturel que les enfants en fassent autant.

Offrir écoute et réassurance

Lorsqu'un enfant exprime une peur, il est crucial de l'écouter avec patience et de lui transmettre sécurité et tranquillité. Évitez des phrases qui pourraient déprécier ses sentiments, comme « Quelles bêtises tu inventes... » ou « Tu ne vois pas qu'il n'y a rien là ?! » Ces réactions peuvent empêcher l'enfant de partager ses craintes à l'avenir, ce qui ne fait qu'augmenter son angoisse.

Comprendre sans renforcer l'angoisse

Essayez de voir le monde à travers les yeux de votre enfant. Si l'enfant vous parle d'un monstre effrayant, prenez ses mots au sérieux. Demandez-lui de décrire ce qu'il a vu ou entendu. Cela montre que vous prenez en compte ses sentiments sans pour autant renforcer ses peurs. Évitez les réactions surprotectrices telles que « Pauvre petit... », qui peuvent involontairement encourager l'anxiété de l'enfant.

Encourager l'enfant à surmonter ses peurs

Il est important de communiquer à l'enfant que vous croyez en sa capacité à surmonter ses peurs. Tout en traitant ses craintes avec sérieux, montrez-lui aussi que vous êtes là pour l'aider à se sentir en sécurité et à développer des stratégies pour faire face aux situations qui l'effraient. Cela peut inclure des exercices de relaxation, des jeux de rôle où l'enfant apprend à affronter ce qui lui fait peur, ou même la lecture de contes où les personnages surmontent des défis similaires.

Les contes sont une aide précieuse

Bruno Bettelheim, l'un des plus grands spécialistes de la psychologie de l'enfant, affirme que les contes classiques sont l'outil idéal pour soulager les peurs des enfants.

De nombreuses recherches menées dans le monde entier ont montré que les enfants qui s'endorment avec un conte de fées dorment plus paisiblement et font moins de cauchemars. La raison en est simple. La forêt, le château enchanté, le feu, la sorcière, le prince charmant sont des images d'états intérieurs, l'incarnation de vices et de passions qui nous tourmentent et que nous, enfants, mais aussi adultes, avons du mal à exprimer avec des mots.

Dans les contes de fées, les enfants peuvent affronter et surmonter leurs peurs les plus enfouies. Par exemple, dans Le Petit Poucet, ils explorent la crainte de l'abandon, tandis que Les Trois Petits Cochons illustre la difficulté de résister à des menaces extérieures, comme le loup. Le Petit Chaperon Rouge traite de la peur de l'inconnu. De plus, nombreux sont les contes qui mettent en scène des figures maternelles sévères ou injustes, reflétant des moments où les enfants peuvent ressentir du ressentiment envers leur propre mère lorsqu'elle se montre plus stricte.

Ces histoires permettent aux enfants de vivre symboliquement ces émotions et de trouver des stratégies pour les dépasser.

Les objets de transition

Beaucoup d'enfants adoptent un doudou ou une poupée à laquelle ils s'attachent profondément. Ce compagnon constant, qu'ils emportent au lit, qu'ils serrent dans leurs bras ou qu'ils mettent dans leur bouche, même lorsqu'il est usé et abîmé, reste irremplaçable.

Les psychologues qualifient ces objets de « transitionnels » car ils aident l'enfant à évoluer d'une dépendance totale envers sa mère vers un attachement à un autre objet affectif. Ces objets symbolisent pour l'enfant la sécurité et le confort de l'amour maternel et deviennent des compagnons essentiels dans la gestion de ses peurs. La séparation avec ces objets se fait souvent naturellement et progressivement, par exemple quand l'enfant commence à les laisser dans son panier à jouets.

Peur chez l'enfant : quand faut-il aller voir le pédiatre ?

Si les peurs apparaissent régulièrement pendant plus d'un mois et si, pendant la journée, l'enfant est agressif ou réagit à toute observation par des pleurs et de la colère, il est conseillé de consulter le pédiatre.

Au final, voici ce qu’il faut retenir sur les peurs chez l’enfant :

- Les peurs sont une composante normale de certaines étapes du développement des enfants et ne sont pas nécessairement liées à l'attitude des parents.

- Comme le souligne le renommé pédiatre américain T. Berry Brazelton, « les peurs sont une étape nécessaire vers un développement équilibré ». En effet, grandir implique d'apprendre à gérer ses premières expériences, de gagner en confiance lors de rencontres avec de nouvelles personnes et de nouveaux lieux, et de réaliser certaines actions sans l'aide parentale.

- La peur signifie également accepter les incertitudes et les risques associés à l'exploration de nouveaux environnements et à l'acquisition d'une certaine autonomie.

- Si un enfant était véritablement négligé, il ne manifesterait pas ces peurs par des pleurs, mais serait plutôt dans un état d'apathie totale.