L'alimentation des enfants est souvent source de préoccupations pour les parents. Comment réagir face à un enfant qui refuse de manger ou, au contraire, qui mange avec excès? Découvrez dans cet article des conseils pratiques et des astuces pour comprendre et gérer les fluctuations de l'appétit de votre enfant, tout en favorisant une relation saine et équilibrée avec la nourriture.

L'appétit est le désir de manger, stimulé par la vue, l'odeur ou même simplement la pensée de la nourriture. Contrairement à la faim, qui est une nécessité impérieuse de manger, l'appétit est une sensation agréable, provoquée par une série de modifications dans l'organisme : la sécrétion de salive et de sucs gastriques augmente, et un flux sanguin plus important atteint les parois de l'estomac.

Si l'enfant ne mange pas

Il est normal que les enfants jusqu'à cinq ans aient des périodes où ils mangent moins que d'habitude ou refusent même de manger.

Cependant, certaines situations particulières peuvent entraîner une diminution de l'appétit. Voici lesquelles :

  • Des aliments peu savoureux, un environnement ou une compagnie désagréables, l'anxiété, l'irritation et la peur peuvent provoquer une perte temporaire de l'appétit.

  • Le manque d'appétit peut être le symptôme d'un malaise passager ou d'une maladie. En cas de fièvre, il est conseillé de laisser l'enfant manger seulement quand il en a envie. Toutefois, comme le jeûne en cas de fièvre peut favoriser la production de corps cétoniques (acétone), il est recommandé de lui donner des aliments riches en sucres simples, comme du jus ou du lait sucré.Le refus habituel de la nourriture peut être dû à de mauvaises habitudes alimentaires : repas irréguliers, peu appétissants ou mal équilibrés, consommation fréquente de sodas, jus de fruits, bonbons ou glaces. Une fois ces « extras » éliminés, l'enfant retrouve généralement son appétit.

  • Dans de nombreux cas, l'insistance des adultes est à l'origine de l'inappétence de l'enfant. Si l'enfant est vif, malgré une silhouette plus mince ou plus petite que la moyenne, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Les rythmes de croissance varient considérablement. Si, par anxiété, vous faites tout pour l'obliger à manger, vous risquez de créer un cercle vicieux qui empêchera l'enfant de s'habituer à manger à des horaires réguliers.

Comment stimuler l'appétit de l'enfant

  • Pour maintenir une bonne relation avec la nourriture, il est nécessaire d'établir de bonnes habitudes alimentaires : suivre des horaires réguliers et éviter les collations, la pâtisserie, les sucreries ou les bonbons entre les repas.

  • Au moment des repas, même s'il s'agit d'un simple sandwich, il est bon de s'asseoir et de se concentrer uniquement sur ce que l'on mange, en évitant d'autres activités en même temps, comme jouer, regarder la télévision ou feuilleter un livre.

  • L'environnement dans lequel on mange doit être aussi agréable que possible. La nourriture doit être présentée de manière appétissante.

  • La composition des repas doit être équilibrée : les céréales ou autres glucides, comme les pommes de terre, doivent constituer la partie principale du repas ; en termes de poids, ils représentent 50-60 %, les légumes 20-30 %, et les protéines (viande, poisson ou fromage) 15-20 %.

  • L'utilisation d'arômes a une importance particulière pour stimuler les sucs gastriques. Un plat peu appétissant peut être transformé en ajoutant un peu de sel aromatique, origan, menthe, marjolaine, thym, basilic, cumin, fenouil, genièvre, cannelle ou curry.

L'excès d'appétit

L'excès d'appétit est un symptôme beaucoup plus courant que son manque. En général, il est la conséquence d'une mauvaise relation avec la nourriture qui s'instaure dès l'enfance. Les repas irréguliers et déséquilibrés tendent à augmenter le désir de nourriture. De plus, il est fréquent de forcer l'enfant à manger plus que nécessaire, une habitude qui se prolonge jusqu'à l'âge adulte.

Les conflits avec la nourriture

En engageant une bataille pour faire manger l'enfant, vous transformerez un moment de plaisir en une occasion de tension. En fait, la faim et l'appétit sont des réponses instinctives de l'organisme. L'enfant a une capacité naturelle d'autorégulation quant à la quantité de nourriture qu'il doit consommer. Pour cette raison, il est important de comprendre les signaux avec lesquels il communique son appétit ou sa satiété. Si, même devant une assiette à moitié terminée, vous respectez ces signaux, l'enfant pourra établir une relation équilibrée avec la nourriture, qui l'accompagnera pendant des années.

Principes à suivre pour éviter les conflits lors des repas

Alimentation correcte et rythmes réguliers

Petit déjeuner, déjeuner, goûter et dîner, sans grignoter. Il est important que, dès les premières années de vie, l’enfant apprenne à se nourrir correctement.

Ne l'obligez pas à manger

Les pédiatres et psychologues recommandent de ne pas se laisser emporter par la peur que l’enfant ne mange pas assez. La base d'une bonne relation entre l'enfant, les parents et la nourriture est la confiance. « L’enfant a un instinct de survie et, si on lui offre du lait et des aliments solides qu’il peut manger, il ne sera jamais sous-alimenté », explique la célèbre psychologue pour enfants Penelope Leach.

Si son poids et sa taille se situent dans les limites des courbes de croissance, qui sont très larges, et s’il est vif et actif, il n’y a pas de raison de s’inquiéter, même s’il saute un repas ou ne finit pas son assiette. Au contraire, comme nous l’avons déjà dit, c’est un signe que son corps sait se réguler en fonction de ses besoins : l’enfant prend ce dont son organisme a besoin, selon sa constitution.

Cela ne signifie pas que les parents doivent montrer de l’indifférence envers lui : il est important de se demander pourquoi il manque d’appétit, et si ce manque d’intérêt se manifeste aussi dans d'autres comportements. Si le problème persiste plusieurs jours, il est nécessaire de vérifier si l’inappétence peut indiquer le début d’une maladie.

Laissez-le décider de la quantité qu'il veut manger

Autrefois, lorsque les famines décimaient des milliers de personnes, offrir beaucoup de nourriture et, par conséquent, être gros, était une garantie de survie. De nos jours, lorsque la menace est plutôt représentée par le surpoids et l'obésité, cette ancienne conviction, aussi absurde soit-elle, persiste encore. « Quel enfant joufflu et adorable ! », s’exclame-t-on avec conviction.

Manger est avant tout la satisfaction d’un besoin physiologique. Inciter l’enfant à manger plus qu'il ne le souhaite peut perturber son délicat système de régulation de l’appétit, pouvant conduire à des troubles alimentaires à l’avenir. Lorsque vous servez votre enfant, prenez l’habitude de lui demander combien il en veut, et arrêtez-vous lorsqu'il dit « Ça suffit ». Servez-lui une petite portion et, s’il la termine, demandez-lui s’il en veut encore un peu. Il aura la satisfaction de se resservir.

Faites asseoir l’enfant à table avec vous

Si l’enfant manque d’appétit, mangez ensemble, à table, et peut-être que son appétit se réveillera. En fait, il serait contre-productif de l'inviter à table et de lui interdire ensuite de goûter ce qu'il trouve. Lui interdire déclencherait une série de conflits pour obtenir la bouchée interdite. Adapter le menu familial aux besoins de l’enfant peut être l’occasion idéale de revoir les habitudes alimentaires des adultes, en les simplifiant, les rendant plus naturelles et en introduisant des aliments sains.

N’utilisez pas le chantage ou les punitions pour le faire manger

C’est une grave erreur d’utiliser la nourriture pour faire du chantage affectif avec des phrases telles que : « Si tu ne veux pas manger, c’est que tu ne m’aimes pas », « Encore une bouchée, pour maman » ou « Si tu ne manges pas l’œuf, tu n’iras pas chez mamie ». Ces mots transmettent un message très clair à l’enfant : manger est une preuve d'amour. Lui faire croire qu’il doit manger pour montrer son amour, et non par faim, pose un problème : peut-être, au début, l’enfant se laissera convaincre de manger un peu de purée, mais il découvrira bientôt que, s’il mange pour faire plaisir à quelqu'un, il peut aussi refuser de manger pour lui déplaire. Selon l’âge, les exigences augmenteront : « Je mange si tu me racontes une histoire », « Je mange seulement si c’est toi qui me le donnes », « Je mange, mais je veux une glace », « Je mange si tu m'achètes ce que je veux », « Je mange seulement des frites et des hamburgers… », etc.

Dans tous les cas, le résultat sera son manque de motivation pour changer de comportement, tirant avantage de la situation, puisqu’il obtiendra toute l’attention de la famille. À l'extrême opposé, l'enfant peut manger pour contenter maman, avec le risque de développer une relation peu sereine avec la nourriture. Il est encore plus grave d'utiliser la nourriture comme punition, en obligeant l'enfant à manger à tout prix un plat qu'il n'aime pas.

La règle devrait être d’offrir, à des heures établies, seulement des plats sains, en l'encourageant à tout goûter, même juste une bouchée, et en le laissant décider ensuite de la quantité qu'il veut manger. C’est pourquoi des phrases apparemment anodines, telles que : « Très bien, tu as tout mangé » ou « J’aime beaucoup les enfants qui ne laissent rien dans leur assiette », peuvent involontairement créer des problèmes. Le message transmis est très concret : manger ou refuser de manger n’est pas une question d’appétit ou de goûts, mais de comportement. Le jour où l’enfant n’aura pas faim pour une quelconque raison, il se sentira « mauvais » et non aimé.

Ne lui permettez pas d’amener ses jouets à table

Pendant le repas, l'enfant ne doit pas jouer, et vous ne devez pas non plus lui raconter des histoires ou essayer de lui introduire la bouchée dans la bouche à tout prix. L’attention portée à la nourriture ne doit pas se concentrer sur combien et comment l’enfant mange, mais sur le fait de l’apprécier, de la déguster, de la complimenter et de la décrire, en transmettant enthousiasme et intérêt à l’enfant.

Ni pactes, ni échanges

« Si tu manges les légumes, tu auras un dessert ». Ainsi, au lieu d’encourager l’enfant à apprécier de nouvelles saveurs, vous renforcez sa tendance aux saveurs sucrées. Le dessert est la récompense, l’aliment bon, tandis que le légume est l’obligation, l’aliment mauvais. De plus, ce type d’échange ne parvient pas à son objectif. Une étude a démontré qu’incités par un bonbon, seulement trois enfants sur 12 se laissent convaincre, tandis que les neuf autres renforcent leur antipathie envers l’aliment en question. De plus, l'enfant apprend rapidement les règles du jeu : « Si je veux la glace, je fais semblant de ne pas vouloir manger et je suis sûr qu'on me la donnera ». Au lieu de la glace, le pacte peut consister en un jouet, des cartes à collectionner ou la télévision, mais le mécanisme et les résultats sont les mêmes.

À RETENIR

Si l’enfant a de la fièvre ou ne se sent pas bien, il est naturel qu'il ait peu d’appétit : l'organisme fait un effort pour combattre les virus et les bactéries, et il est obligé d’utiliser certaines énergies pour la digestion. Insister pour qu'il mange est contre-productif. Au contraire, il est important de lui offrir une alimentation liquide ou semi-liquide, à base de jus de fruits et de légumes, en partie parce que l'organisme a besoin de s’hydrater en raison de l’élévation de la température. L’enfant qui mange peu ne doit pas être stimulé avec des médicaments qui ouvrent l’appétit. L’inappétence est presque toujours un fait constitutionnel, qui ne met pas en danger la croissance. Il n’est pas vrai qu’un enfant ne soit en bonne santé et bien nourri que s’il est joufflu. Lorsque cela est possible, faites en sorte que l’enfant mange en compagnie d’autres enfants. Ne vous inquiétez pas : s’il refuse un repas, il aura plus d’appétit au prochain. Préparez-lui ce qu’il préfère, mais ne montrez pas votre disposition à lui cuisiner d'autres plats à la dernière minute.

Quand consulter le pédiatre

La plupart du temps, un enfant qui mange peu mais grandit normalement, est vif, joyeux et insouciant, est en bonne santé. Le développement se fait par « poussées » et l'enfant se prépare probablement à la prochaine phase de croissance. Consultez le pédiatre dans les cas suivants :

  • L'appétit de l'enfant diminue de façon drastique.
  • La croissance ralentit considérablement depuis trois ou quatre mois.
  • En plus du manque d'appétit, d'autres symptômes sont présents : aspect souffrant, peau pâle, fièvre, vomissements ou diarrhée.
  • Le régime alimentaire de l'enfant est quantitativement insuffisant ou excessif, ou il ne consomme aucun aliment d'un groupe nutritionnel particulier.

 Mon enfant ne mange pas bien : dois-je le laisser à la cantine ? 

Une Maman de notre communauté Bébés et Mamans nous partage ses doutes au sujet de son enfant qui manque un peu d'appétit. 

«Cette année, je voudrais laisser mon enfant déjeuner à la cantine. Je suis un peu inquiète, car il ne mange pas bien: il est très capricieux et a des goûts difficiles... ».

En général, la réponse aux mamans qui ont des doutes quant au fait de savoir s'il est bon de laisser leur enfant manger à la cantine de l'école est de ne pas s'inquiéter. L'expérience consistant à manger avec d'autres enfants a souvent pour effet d’assouplir le comportement de l'enfant.

Manger à l'école est une opportunité éducative, une occasion unique d’aider les enfants à grandir ensemble en joignant les aspects de l'éducation, de la nutrition et de vie en communauté.

- Si l'enfant mange à la cantine de l'école, il aura l'occasion de gouter des choses différentes de celles qu'il mange à la maison, il apprendra à utiliser son sens critique et à élargir l'horizon de ses goûts.

- Le fait de partager ses repas avec d'autres enfants qui mangent des aliments qu'il n'aime pas peut éveiller la curiosité de votre enfant sur la nourriture, alors qu'à la maison, sans raison valable, il ne veut pas y gouter.

- Manger avec les autres enfants favorise la formation d'une coexistence fondée sur le respect de soi, des autres et de la nourriture.

- Sur le plan éducatif, le fait de devoir se respecter certaines règles de comportement est à l'avantage de la qualité du service de restauration. Pour consolider ces règles, il est important que, à la maison, les parents les renforcent également.

- Il est important d'éduquer l'enfant à accepter, sans préjugés, ce qu'on lui propose à l'école, en le considérant comme une possibilité d'améliorer ses habitudes.

Trois conseils pour que votre enfant soit content d'aller à la cantine

1/ Manger calmement : se détendre et savourer davantage ce qu'il mange.

2/ Respecter la nourriture: ce qu’il y a chaque jour dans son assiette est le résultat du travail de nombreuses personnes. Gâcher la nourriture ou l'utiliser pour jouer est une honte.

3/ Parler sans crier : le bruit empêche d’apprécier la nourriture et la compagnie.