Le développement moteur de l'enfant va de pair avec sa maturation physiologique. Notre expert, Claudia Vittar, nous explique ce qu’est la graphomotricité et ce qu’elle nous apprend du développement de l’enfant.
La maturité physiologique de l’enfant s’acquiert à partir de l’âge d’un an avec la main, l’organe de la manipulation. Lorsque l'enfant commence à bouger ses mains et à les observer, c’est le signe d’une reconnaissance sensomotrice. Au fur et à mesure qu’il grandit, l’enfant manipule les objets et parvient à les garder progressivement dans la main. C’est ainsi qu’à travers les expériences et l’exploration, en utilisant la paume de la main, le pouce, le majeur ou encore l’index pour faire pince, il affinera sa motricité. La découverte des crayons de couleur et des peintures est un moment important dans la maturation de l’enfant.
Lorsque l’on observe et compare entre eux les premiers gribouillis de l'enfant, on constate des différences qui sont dues à la maturation neuro-motrice de son bras.
La position de l’enfant quand il fait ses premiers gribouillis
- La position allongée sur le sol permet à l’enfant d’avoir tout son corps en contact avec le support, dans ce cas le sol. Détendu, il peut s’exprimer de façon totalement décomplexée.
- La position verticale l’aidera également à désinhiber sa graphomotricité pour assimiler un espace de référence (processus de distanciation).
- À la phase suivante, l’enfant est capable de s'asseoir et est prêt à dessiner assis à une table. C’est une nouvelle étape de la maturité, son bras est plus tonique, il parvient à tendre l’avant-bras et à ouvrir le coude, le poignet gagne en indépendance et les doigts s’adaptent au plan horizontal (grand support – petit support).
- La maturation neuro-motrice spontanée permet les apprentissages et si on stimule les mécanismes de ces apprentissages, l’enfant gagnera encore en maturité. Mais il est difficile de savoir où termine la maturation et où commencent les apprentissages car les résultats obtenus font partie d’un processus global.
Les outils nécessaires pour développer le graphisme
- Pour commencer, on peut proposer à l'enfant d'utiliser ses mains, ses doigts et ses pieds pour, par exemple, dessiner dans l’air.
- On peut lui proposer de presser des éponges, ou du coton que l’on aura mis dans un sac (pression palmaire).
- Les broches, rouleaux et pinceaux sont des outils qui nécessitent une pression radio-palmaire.
- Pour développer la pression digitale (c’est-à-dire de tous les doigts), on pourra par exemple utiliser des craies ou des pommes de terre ciselées.
- Les poinçons et ciseaux exigent une pression tri-digitale du pouce, de l’index et du majeur.
- Enfin, viennent des outils qui nécessitent une pression de « pince digitale » comme les craies grasses, les crayons de couleur et les feutres qui permettent de donner de la tonicité à la main et à l’avant-bras.
Chacun de ces instruments offre et induit des réflexes neuro-moteurs qui se transforment en habitudes graphomotrices, bonnes ou mauvaises, selon la façon dont chaque élément a été introduit.
Les traits
Les traits sont le résultat de la maturation, d’une bonne coordination des différents éléments de la graphomotricité et de leur réalisation au moment opportun.
En conclusion, pour que l'enfant apprenne les mouvements de base et évite les mouvements inutiles, il est important de se centrer sur des activités visant à acquérir le contrôle de la graphomotricité. Elles permettent ainsi de prévenir les défaillances ultérieures de l'écriture, comme les arrondis inversés, la direction, la pression, etc.
Il est très important de laisser les enfants, dès leur plus jeune âge, exprimer leurs émotions à travers le gribouillage. Autour de 15 mois, on peut leur offrir des couleurs et des peintures au doigt. Puis, au fur et à mesure qu’ils grandissent, d’autres matériaux, tels qu’aquarelles, feutres, papier de soie, craies, etc.
Voici, ci-dessous, quelques exemples de gribouillages d'enfants et l’évolution en fonction de la maturation neuro-motrice du bras.
VA ET VIENT
Mouvement de va et vient (bras entier depuis l'épaule).
Mouvement de balayage (articulation du coude).
CIRCULAIRE
Mouvement circulaire (articulation du coude avec mouvement d’avant en arrière du bras).
BOUCLES
Mouvement en boucle (bras entier depuis l'épaule, articulation du coude avec mouvement d’avant en arrière et rotation du poing à partir du poignet).