Selon les statistiques, aux 5 ans de l’enfant, plus de la moitié des parents adoptifs n'ont pas encore révélé à leur enfant qu’il a été adopté. La grande majorité (87 %) estime que cette révélation peut créer un traumatisme pour l'enfant, tandis que les 13 % restants font valoir qu'ils n'ont jamais trouvé le bon moment.

Or, pour se sentir complet, un individu doit pouvoir reconstituer tous les éléments de son histoire. Il est donc important d'établir dès le départ avec l'enfant adopté une relation basée sur la sincérité et le dialogue, afin de lui permettre de construire son propre équilibre, dans le respect de la réalité.

Tous les enfants aiment être reconnus par leurs parents et être considérés comme spéciaux et uniques. Par conséquent, expliquer son arrivée à la maison est pour lui une grande source de réconfort et de confiance. C'est pourquoi il est fortement déconseillé de cacher le fait qu'il a été adopté. De cette manière, des années plus tard, la vérité pourrait représenter pour lui un "choc de découverte" plus difficile à surmonter.

Les parents ont le devoir de montrer à l'enfant les aspects positifs de la réalité, même les plus difficiles à accepter. À cette fin, il est important qu'il y ait à la maison des traces de l'histoire de l'adoption, afin que l'enfant, en grandissant, puisse y accéder quand il le souhaite, sans y être contraint.

Par exemple, vous pouvez conserver un objet que votre enfant avait avant de vous rencontrer. Vous pouvez faire un album photo ou écrire un journal relatant votre première rencontre, afin que vous puissiez lui raconter son histoire.

Comment aborder cette discussion ?

Chaque famille est unique et a une histoire qui lui est propre. C'est pourquoi, en parlant d'adoption avec votre enfant, il est essentiel de trouver une manière qui corresponde à ses sensibilités personnelles. Toutefois, certains principes doivent être gardés à l'esprit.

- Jusqu'à l'âge de cinq ans, l'enfant ne comprend pas tout à fait ce que signifie le mot adoption. Il est cependant important de lui en parler, afin qu'il se familiarise avec un mot auquel ses parents attachent un sens positif. À cet âge, il peut également être utile de lire une histoire dont le personnage principal est un enfant adopté.

- L'expérience et les études sur le sujet suggèrent l'utilisation de certains mots que les parents peuvent adapter à leur propre lexique familial. Par exemple : "Il y a une personne qui t'a fait avec son ventre et une autre, qui est moi, qui t'a fait avec son cœur. Tu as toujours été dans mon cœur, dans un endroit chaud et doux.

- Plus tard, on trouvera les mots justes pour donner d'autres explications. Pour l'instant, il suffit de faire comprendre à l'enfant qu'il a aussi été à l'intérieur de sa mère, comme tous les enfants du monde sont à l'intérieur de leur mère.

Une ou deux mamans ?

Certains experts recommandent de ne pas parler de deux mamans. Nous vous expliquons à continuation ce point de vue.

Pour les enfants qui n'ont jamais connu leur mère biologique (ceux qui ont été adoptés avant l'âge d'un an), il faut leur expliquer qu'il n'y a qu'une seule maman : c'est leur maman adoptive qui joue ce rôle et il existe aussi une autre femme, mais qui l’a mis au monde.

Parler de "deux mamans" créerait une grande confusion pour l'enfant. En effet, il risquerait de se faire une image exagérément bonne ou mauvaise de la femme qui l'a mis au monde, mais différente de celle de la mère qui s'occupe de lui tous les jours. Mais surtout, dans son esprit, l'une serait la "vraie" mère et l'autre la "fausse".

Pour éviter que l'enfant ne se sente rejeté par sa mère adoptive, il est important de lui expliquer très clairement la différence entre les deux figures. Les premières pensées qui lui viendront à l'esprit seront : « Pourquoi ne m'as-tu pas eu dans ton ventre ? Est-ce que j’ai été méchant ?»

Il faut lui faire comprendre avec douceur qu'il n'est pas méchant, mais que le ventre de sa mère n'a pas pu le porter : "Je ne t'ai pas fait avec mon ventre parce qu'il n'a pas fonctionné, et je n'ai pas pu t'avoir à l'intérieur. Mais mon cœur a fonctionné, parce que je voulais être ta maman. Tu étais dans mon cœur et tu grandissais dans le ventre de Paula".

Peu importe que le nom soit réel ou inventé. En tout cas, il est nécessaire de lui en donner un car sinon votre enfant en viendrait à appeler cette femme « maman » et à lui attribuer le rôle de mère. Il faut nommer la personne qui l'a mis au monde, mais sans jamais porter de jugement sur elle.

Il est important de faire comprendre à votre enfant que Paula ne l'a pas rejeté, mais qu'elle a rejeté son rôle de mère. 

Si l'enfant est d'une origine ethnique différente de celle de ses parents 

Là encore, il est essentiel que l'enfant ne se sente pas "dépaysé", et lui expliquer les choses le plus naturellement possible. 

L'enfant, surtout s'il est d’origine ethnique différente, peut remarquer des différences entre lui et ses parents qu'il ne remarquait pas auparavant, même s'il savait qu'il avait été adopté. Il s'agit d'une situation tout à fait normale, liée à sa croissance intellectuelle et non au fait qu'il a été adopté. Dans ces cas, invitez-le à regarder autour de lui, à observer et à apprécier la différence ! Peu à peu, il l’intègrera comme quelque chose de tout à fait normal. 

Au fur et à mesure que votre enfant grandit, vous pouvez l'aider à approfondir sa curiosité pour les autres traditions et coutumes. Il est important de lui transmettre un sentiment d'acceptation à l'égard de son passé, afin qu'il puisse construire sa propre histoire, qui a une continuité dans l'espace et dans le temps.

L'importance du dialogue avec votre enfant

Avec les enfants qui savent qu'ils ont été adoptés, il est également important de maintenir le dialogue sur ce sujet. À l'âge de 6-7 ans, un camarade peut poser des questions telles que : "Pourquoi ta mère ne s'est-elle pas occupée de toi ? C'est aussi à cet âge qu'ils commencent à remarquer les différences entre leurs parents et eux-mêmes (surtout s'ils ont des caractéristiques somatiques différentes), des détails qu'ils ne remarquaient pas auparavant, même s'ils étaient conscients de leur situation. 

Il faut savoir qu'à l'âge de huit ans, un enfant peut ne pas se sentir à l'aise s'il se sent différent des autres. Pour toutes ces raisons, il est important de donner des explications et de rassurer l'enfant pour qu'il accepte son histoire. Les difficultés éventuelles peuvent être une bonne occasion de clarifier les doutes qui peuvent surgir au sujet de l'adoption.

Les erreurs qui peuvent être évitées avec un enfant adopté

Lorsque l'on parle à l'enfant de ses parents biologiques, il est important d'éviter les critiques et les commentaires négatifs, car l'enfant peut se sentir mal aimé : personne n'aime savoir qu'il a été abandonné. Pour éviter que l'enfant n’ait le sentiment d’avoir été rejeté par sa mère biologique, parlez-en lui sans émettre aucun jugement.

Dans ce sens, il faut lui faire comprendre que ce que sa mère biologique a rejeté, ce n'est pas lui, mais son rôle de mère. Rassurez-le en lui disant : « Je n'ai pas pu t'avoir dans mon ventre, mais je t'ai toujours eu dans mon cœur".