Selon les données les plus récentes, environ 1% des jeunes de 12 à 25 ans, principalement des filles, souffrent d'anorexie (du grec an, « sans », et óreksis, « appétit »), caractérisée par le rejet de la nourriture, ou de boulimie (de bous, « bœuf », et limós, « faim »), caractérisée par des épisodes de suralimentation compulsive. De plus, 15 % présentent des troubles alimentaires graves ou des habitudes alimentaires incorrectes. Aujourd'hui, l'anorexie ne progresse pas, mais l'âge des filles affectées diminue, et le trouble commence à toucher également les garçons.

L'ABA (Association pour la Recherche sur l'Anorexie et la Boulimie, l'Obésité et les Troubles Alimentaires de La Corogne, Espagne) a tiré la sonnette d'alarme, basée sur les analyses des pédiatres des écoles et des hôpitaux, révélant une augmentation des cas chez les filles âgées de sept à dix ans. La EDA (Association Britannique des Troubles Alimentaires) confirme également que l'âge d'apparition de l'anorexie diminue progressivement, affectant principalement les écolières.

Comment se manifestent l'anorexie et la boulimie

L'anorexie nerveuse commence par un régime strict, entraînant une réduction drastique de la quantité et de la qualité des aliments, voire l'abolition des repas. Pour contrôler leur poids, les malades se font souvent vomir, prennent des laxatifs ou diurétiques, et pratiquent des exercices physiques épuisants.

Selon l'ABA, l'anorexie, la boulimie et l'obésité se manifestent comme suit :

  • Anorexie : La maladie débute généralement par un régime strict pour améliorer son image. Elle se caractérise par un rejet catégorique de la nourriture, poursuivant un idéal de minceur inatteignable. Le corps, réduit à l'os, devient le reflet d'une souffrance intérieure inexprimée. Derrière l'anorexie se cache un profond mal-être, dissimulé par un contrôle obsessionnel des calories et du poids. L'anorexie affecte gravement toutes les fonctions vitales et peut avoir des conséquences physiques dramatiques : insuffisance rénale, ostéoporose, problèmes cardiovasculaires, et perte de dents et de cheveux. L'anorexie peut être mortelle.

  • Boulimie : La personne boulimique a une faible estime de soi, ressentant un vide profond qu'elle tente de combler en mangeant compulsivement. Submergée par la culpabilité, elle adopte des comportements punitifs, comme se faire vomir et abuser de laxatifs et diurétiques. La boulimie ne présente pas de symptômes aussi visibles que l'anorexie, mais elle entraîne également des conséquences dramatiques pour la santé. Le boulimique devient dépendant de la nourriture, comme un toxicomane de la drogue.

  • Obésité : Comme pour la boulimie, l'obésité crée une véritable addiction à la nourriture, utilisée comme « solution magique » aux difficultés existentielles et comme « anesthésiant » contre la douleur. La personne obèse ne se punit pas, ce qui la conduit à une prise de poids excessive et à la maladie. Souvent, l'obésité est une barrière défensive contre la dépression, la nourriture jouant un rôle de « médicament antidépresseur ».

À retenir

Bien que l'on parle encore de l'anorexie et de la boulimie comme de deux pathologies distinctes, de nombreux experts préfèrent aujourd'hui parler de syndrome anorexique-boulimique, ou d'attitude anorexique-boulimique.

Quelles sont les causes de ces troubles alimentaires ?

La « baby-anorexie » peut avoir des causes variées : certains évoquent des facteurs environnementaux et génétiques, tandis que d'autres y voient une attirance précoce pour des modèles plus typiques de l'adolescence, révélant un désajustement entre l'âge psychologique et physiologique, et une confusion entre les rôles du monde des adultes et celui de l'enfance.

Aujourd'hui, de nombreuses écolières souhaitent maintenir la ligne, sont insatisfaites de leur apparence physique et veulent maigrir. Une étude récente de l'Université Flinders du Sud, en Australie, a analysé un groupe de 80 filles âgées de cinq à huit ans et a révélé une insatisfaction générale : presque toutes croient qu'il faut être mince pour avoir des amis, 47 % souhaitent être plus minces et seraient prêtes à suivre un régime. En particulier, 71 % des filles de sept à huit ans aimeraient maigrir, certaines ayant déjà commencé un régime.

Les chercheurs s'accordent à dire que les comportements anorexiques-boulimiques expriment une désespérée quête d'amour, cachant une profonde conviction d'inaptitude, d'impuissance et d'incapacité à accepter le jugement des autres. En réalité, ces attitudes sont une tentative de :

  • Obtenir admiration et se sentir uniques et spéciaux, même au prix de se faire du mal.
  • Développer un sentiment d'autonomie et d'individualité par la discipline du corps et le contrôle de la nourriture.

Comment reconnaître le trouble

Pour diagnostiquer une anorexie nerveuse, certaines caractéristiques doivent se manifester simultanément. Un manuel américain des maladies mentales décrit les critères principaux :

  • La personne fait tout pour obtenir un poids inférieur au minimum normal pour son âge et sa taille.
  • Elle est constamment obsédée par la prise de poids, même si elle est déjà en dessous de la moyenne.
  • Elle ressent le besoin constant de contrôler la forme et le poids de son corps, malgré les dommages physiologiques évidents.
  • Si elle a déjà eu ses premières règles, une absence chronique de menstruation peut survenir (au moins trois cycles consécutifs).

L'anorexie nerveuse peut se caractériser par :

  • Restrictions (absence de crises de boulimie ou d'autopunitions).
  • Crises de boulimie et/ou comportements punitifs (crises régulières ou comportements d'élimination).

Reconnaître le trouble n'est pas facile, car la perte de poids peut être interprétée comme une simple inappétence infantile ou un symptôme de stress scolaire. Contrairement aux adolescentes, les jeunes filles ne justifient pas leur refus de manger, disant souvent simplement qu'elles n'ont pas faim.

Pour déterminer s'il s'agit d'une inappétence passagère ou du début d'une anorexie, les experts recommandent d'observer les habitudes alimentaires et le comportement à table de l'enfant :

  • Elle émiette la nourriture en petits morceaux.
  • Elle met des heures à finir son repas.
  • Elle boit beaucoup d'eau.
  • Elle est physiquement hyperactive.
  • Après avoir mangé, elle se rend souvent aux toilettes.
  • Elle présente des sautes d'humeur soudaines et une agitation inhabituelle.

ATTENTION

Si l'on soupçonne une attitude anorexique chez un enfant, il est crucial de consulter un pédiatre qui indiquera la marche à suivre. Dans tous les cas, il est important de ne pas se focaliser sur la nourriture ou la perte de poids : les troubles alimentaires ne sont pas une maladie de l'appétit, mais de l'âme. Il est donc essentiel de soutenir l'enfant, l'écouter sans le culpabiliser ni l'accuser.