Chacun de nous a un don, une qualité qui se détache des autres et qui nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes. Marie Cicuendez, journaliste et thérapeute, nous en parle.

Du Burkina Faso, Sobonfu Somé, nous renvoi l’écho des messages d'unité et de solidarité qui résonnent en Occident avec la force des tambours africains. «Nous vivons pour développer un don » lance le vent prêtant sa voix à la Terre Mère. Les femmes de tous les coins du monde, des endroits les plus perdus et inconnus, nous rappellent les valeurs qui font rire et se sentir aimé dans les diverses communautés, des valeurs que l'homme occidental a perdues dans sa volonté de réussite à tout prix.

Sobonfu Somé nous rappelle la différence entre «gagner sa vie» et «donner un sens à sa vie». Pour sa tribu africaine, les Dagara, le nom que l’on donne au bébé portera toute la charge énergétique de sa mission dans la vie. Ainsi, l’homme se rappellera toujours qu'il est né pour développer son don. Dans la découverte et le développement de ce don, unique et incomparable, il pourra compter sur l'aide de la communauté avec laquelle il a des liens qui le rattachent à une unité spirituelle, comprenant les figures paternelles et maternelles en plus d’un mentor ou d’un guide qui lui apprendra à trouver son propre chemin dans les vicissitudes de la vie.

À l'ère de la technologie, les villes les plus développées de la planète se caractérisent aussi par la solitude de leurs habitants. Dans un changement radical de la structure sociale, la désintégration des familles et des valeurs communautaires laissent l'homme vide et solitaire, à la recherche de réconfort sur Internet ou dans des addictions qui conduisent à la maladie du corps et de l'âme.

Les réseaux sociaux ont remplacé, dans un substitut illusoire, la véritable amitié, la compagnie, le contact physique d’une embrassade et le partage avec l’autre. Le guide de la tribu apparaît dans la figure de l’entraîneur ou du thérapeute, au choix, suivant la personnalité et le niveau de scepticisme de la personne concernée. On recherche la chaleur et l’esprit de communauté dont on a besoin dans la joie et la peine, dans les loisirs, les croyances spirituelles et religieuses et même le sport qui crée parfois l’union nationale.

Dans ce contexte de déconnexion, Sobonfu Somé souligne l'importance de ne pas vivre dans l'isolement, comme l'a fait le Conseil international des 13 grands-mères Indigènes qui nous rappellent que, pour combattre « ce en quoi nous avons transformé notre société et notre mode de vie », tout le monde devrait récupérer son don et prendre conscience qu’il faut aider la communauté en coopérant, plutôt qu’à travers la rivalité et la compétitivité.

Sobonfu Somé doit son nom à son don « Gardien des traditions », qui nous rappelle que nous devons laisser le nôtre s’exprimer. « Nous vivons pour développer notre don », résonnent les tam-tams du Burkina Faso jusque dans le cœur de l'homme.