Vous êtes épuisée par les multiples réveils nocturnes de votre bébé ? Vous n'êtes pas seule. De nombreuses mamans vivent cette situation avec leur bébé allaité qui ne parvient à se rendormir qu'en tétant. Cette problématique, bien que courante, peut être source de fatigue intense et de questionnements sur vos pratiques d'endormissement. Découvrez les explications et les solutions pour retrouver des nuits plus sereines, tout en poursuivant votre allaitement.
Question de maman
"Mon fils a huit mois, la nuit il ne veut dormir que s'il a le sein dans la bouche, quand je vois qu'il dort je le mets dans son lit. Une demi-heure après, il se réveille et commence à pleurer sans s'arrêter, je le prends dans mes bras et il cherche mon sein, et à nouveau, il se rendort. Il me fait le coup tous les jours depuis qu'il a 6 mois. Mais il est impossible qu'il ait faim à ce moment. J'aimerais savoir si ce que je fais est la bonne chose en venant et le laissant s'endormir avec le sein dans la bouche, se réveillant jusqu'à trois fois par nuit. Je souhaiterais également savoir si c'est bien qu'il aille dormir à 23 heures. Je ne sais pas quoi faire."
Réponse du Pédiatre
Les bébés, quand ils s'endorment, gardent en mémoire la dernière image qu'ils avaient. S'ils se réveillent et s'étaient endormis au sein de la mère, il est très probable qu'ils aient peur et pleurent pour réussir à revivre la dernière situation. C'est pour cette raison que les bébés doivent être placés dans leur lit quand ils ne sont pas encore endormis, même s'ils n'en sont pas loin.
L'heure à laquelle ils doivent être mis au lit dépend de ce que vous décidez, bien que généralement on les mette au lit après la dernière tétée, dans un environnement calme, paisible et détendu.
Comprendre les réveils nocturnes de votre bébé allaité
Les réveils nocturnes chez les bébés de 6 à 12 mois sont extrêmement fréquents et considérés comme normaux sur le plan développemental. À 8 mois, votre petit traverse une période particulièrement intense appelée l'angoisse de la séparation. Cette étape cruciale se manifeste souvent par des pleurs au coucher et des réveils multiples durant la nuit.
Le sommeil de votre bébé fonctionne par cycles d'environ 50 minutes à cet âge. Entre chaque cycle, il existe naturellement un micro-réveil pendant lequel votre enfant vérifie inconsciemment son environnement. Si les conditions ont changé depuis son endormissement initial - par exemple, s'il s'est endormi au sein et se retrouve seul dans son lit - son cerveau déclenche une alerte qui le réveille complètement. Ce mécanisme de protection est tout à fait naturel et répond à un besoin de sécurité.
Il est important de comprendre que ces réveils ne sont généralement pas liés à la faim, surtout après 6 mois. Votre bébé recherche plutôt à retrouver ses conditions d'endormissement, ce qu'on appelle une "association au sommeil". Le sein devient alors un outil de réconfort et de retour au sommeil plutôt qu'une source de nutrition.

Les associations au sommeil : comprendre le besoin de votre bébé
Lorsque votre bébé s'endort systématiquement au sein, il crée une association forte entre la tétée et l'endormissement. Cette habitude, bien que réconfortante et pratique au début, devient problématique lorsqu'elle empêche votre enfant de développer sa capacité à se rendormir seul entre les cycles de sommeil.
Le phénomène s'explique simplement : imaginez que vous vous endormiez chaque soir avec votre oreiller préféré, et qu'au milieu de la nuit, vous vous réveilliez sans lui. Vous le chercheriez naturellement pour vous rendormir. Pour votre bébé, le sein joue ce rôle d'oreiller indispensable. Son cerveau a enregistré que pour dormir, il faut téter, et il ne sait pas encore comment faire autrement.
Cette situation ne remet absolument pas en cause votre allaitement ni votre rôle de mère. Elle témoigne simplement d'un apprentissage du sommeil qui reste à faire. La bonne nouvelle ? Il est tout à fait possible d'aider votre bébé à acquérir une autonomie nocturne tout en continuant l'allaitement en journée et même le soir.
Des solutions concrètes pour des nuits plus paisibles
Pour améliorer la situation, plusieurs ajustements peuvent être progressivement mis en place. La première étape consiste à dissocier la tétée du moment de l'endormissement. Plutôt que de laisser votre bébé s'endormir au sein, proposez-lui la dernière tétée dans une autre pièce que sa chambre, ou au moins 15 à 20 minutes avant le coucher.
Instaurez ensuite un rituel du coucher régulier et rassurant qui ne comprend pas la tétée comme dernière étape. Ce rituel peut inclure :
- Un bain tiède relaxant
- Un massage doux avec une huile adaptée
- Une histoire racontée avec une voix calme
- Une berceuse ou une musique douce
- Un câlin dans les bras, en position verticale
L'objectif est de coucher votre bébé alors qu'il est encore éveillé mais somnolent. Oui, il protestera probablement au début. C'est normal : vous modifiez ses habitudes bien ancrées. Restez à ses côtés, posez votre main sur son ventre, parlez-lui doucement, mais résistez à la tentation de le reprendre immédiatement dans vos bras ou de lui proposer le sein au premier pleur.
Concernant l'heure du coucher, 23 heures est effectivement tardif pour un bébé de 8 mois. À cet âge, un coucher entre 19h et 20h30 est plus adapté au rythme biologique des enfants. Un coucher trop tardif peut paradoxalement entraîner plus de réveils nocturnes car votre bébé accumule une dette de sommeil.
L'accompagnement progressif vers l'autonomie
Le changement ne se fera pas du jour au lendemain, et c'est parfaitement normal. Votre bébé a besoin de temps pour apprendre de nouvelles stratégies d'endormissement. Soyez patiente et cohérente dans votre approche.
Lors des réveils nocturnes, attendez quelques instants avant d'intervenir - parfois quelques secondes suffisent pour que votre bébé se rendorme seul. S'il pleure vraiment, allez le voir pour le rassurer par votre présence, votre voix et vos caresses, mais essayez de ne pas le sortir systématiquement de son lit ni de lui proposer le sein immédiatement.
Si votre bébé insiste, vous pouvez espacer progressivement vos interventions : revenez le voir au bout de 2 minutes, puis 5 minutes, puis 7 minutes. Cette méthode, utilisée graduellement et avec douceur, aide votre enfant à comprendre qu'il est en sécurité et qu'il peut se rendormir sans votre aide constante.
N'oubliez pas que le sommeil du bébé évolue constamment durant la première année. Les périodes de régression sont fréquentes, notamment lors de poussées dentaires, d'apprentissages moteurs ou de changements dans la routine. Adaptez vos attentes en conséquence.
Vos questions fréquentes concernant les réveils nocturnes et l'allaitement
1. Est-ce que je dois arrêter l'allaitement pour que mon bébé fasse ses nuits ?
Absolument pas. L'allaitement n'est pas incompatible avec de bonnes nuits. De nombreux bébés allaités dorment très bien. Le problème n'est pas l'allaitement en lui-même, mais l'association créée entre le sein et l'endormissement. Vous pouvez parfaitement continuer à allaiter tout en aidant votre bébé à s'endormir autrement le soir.
2. Mon bébé pleure beaucoup quand j'essaie de le coucher éveillé, est-ce que je lui fais du mal ?
Les pleurs ne signifient pas que vous faites du mal à votre bébé. Ils expriment simplement sa frustration face au changement de ses habitudes. Tant que vous restez présente, que vous le rassurez et que vous procédez progressivement, vous l'aidez en réalité à acquérir une compétence essentielle : celle de s'apaiser seul. Cependant, si vous n'êtes pas prête émotionnellement, il vaut mieux attendre le bon moment pour vous.
3. Combien de temps faut-il pour voir des améliorations ?
Cela varie beaucoup d'un bébé à l'autre. Certains s'adaptent en quelques nuits, d'autres ont besoin de 2 à 3 semaines. La cohérence est essentielle : si vous alternez entre l'ancienne et la nouvelle méthode, votre bébé sera désorienté et les progrès seront plus lents. Tenez bon et soyez régulière dans votre approche.
4. Est-ce que le cododo peut aider ou aggraver la situation ?
Le cododo peut être une solution pratique pour les tétées nocturnes nécessaires, mais il peut aussi renforcer l'association entre le sein et le sommeil. Si vous pratiquez le cododo et souhaitez réduire les réveils, vous pouvez envisager de placer un berceau accolé à votre lit plutôt que de garder votre bébé directement dans votre lit. Ainsi, il sent votre présence rassurante sans avoir un accès immédiat au sein.
5. À partir de quel âge un bébé peut-il réellement faire ses nuits complètes ?
Physiologiquement, la plupart des bébés sont capables de dormir 5 à 6 heures d'affilée dès 4 à 6 mois. Cependant, "faire ses nuits" ne signifie pas dormir 12 heures sans se réveiller. Il est normal qu'un enfant se réveille brièvement entre les cycles, l'important est qu'il sache se rendormir seul. Certains bébés continuent à avoir besoin d'une tétée nocturne nutritive jusqu'à 9-12 mois, et c'est tout à fait normal.
6. Que faire si mon bébé se réveille à cause d'une poussée dentaire ou d'une maladie ?
Durant les périodes difficiles (poussées dentaires, rhumes, otites), il est normal de revenir temporairement à des pratiques plus réconfortantes, y compris l'endormissement au sein si nécessaire. Une fois la période passée, vous pourrez reprendre progressivement vos nouvelles habitudes. Ne culpabilisez pas de ces retours en arrière temporaires - ils font partie du processus d'apprentissage.
Conclusion : retrouver l'équilibre entre allaitement et sommeil
Les réveils nocturnes répétés de votre bébé de 8 mois sont épuisants, mais ils témoignent d'un fonctionnement normal de son développement et de son besoin de sécurité. La solution ne passe pas par l'arrêt de l'allaitement, mais par un apprentissage progressif de l'autonomie au sommeil.
En modifiant graduellement les conditions d'endormissement, en instaurant un rituel apaisant et en avançant l'heure du coucher, vous aiderez votre bébé à acquérir cette compétence essentielle. Le processus demande de la patience, de la cohérence et de la confiance - tant en vous qu'en votre enfant.
N'oubliez pas que vous connaissez votre bébé mieux que quiconque. Si vous vous sentez dépassée, n'hésitez pas à consulter votre pédiatre ou une consultante en lactation qui pourra vous accompagner personnellement dans cette transition. Vous pouvez également trouver des informations utiles sur l'allaitement et consulter nos conseils sur le développement de bébé pour mieux comprendre les différentes étapes que traverse votre enfant.


