Vous allaitez votre bébé et vous n'avez toujours pas eu vos règles depuis l'accouchement ? Vous vous demandez si une nouvelle grossesse est possible malgré l'absence de menstruations ? Cette question revient souvent chez les jeunes mamans qui allaitent. Découvrez ce qu'il faut savoir sur la fertilité pendant l'allaitement et comment détecter une éventuelle grossesse.
La question d'une maman allaitante
Je n'ai pas encore eu mes règles (je donne le sein à mon bébé qui a 4 mois et demi). Comment puis-je savoir si je suis à nouveau enceinte après avoir eu des rapports sexuels sans protection pendant la période d'allaitement ?
La réponse du gynécologue
Normalement, tant que le circuit de l'allaitement fonctionne (Hypophyse → Sein), le circuit de l'ovulation ne marche pas (Hypophyse → Ovaire), c'est la raison pour laquelle une femme qui allaite ne tombe généralement pas enceinte.
Dans certains cas, cette règle ne se vérifie pas et la femme allaitante peut tomber enceinte. Le savoir est facile, il suffit de faire un test de grossesse avec urine ou une prise de sang ; si on détecte la gonadotrophine chorionique, le test est positif et cela signifie que vous êtes enceinte.
Comment l'allaitement influence-t-il la fertilité ?
L'allaitement maternel a un effet naturel sur la fertilité féminine grâce à un mécanisme hormonal bien précis. Lorsque vous allaitez votre bébé, votre corps sécrète de la prolactine, l'hormone responsable de la production de lait maternel. Cette hormone joue également un rôle crucial dans le blocage temporaire de l'ovulation.
À chaque tétée, le taux de prolactine augmente et atteint un pic environ 45 minutes après la mise au sein. Cette élévation constante de prolactine envoie un signal au cerveau qui inhibe la libération des hormones nécessaires à l'ovulation. C'est ce qu'on appelle l'aménorrhée de lactation, c'est-à-dire l'absence de règles pendant l'allaitement.
Cependant, ce mécanisme naturel n'est pas infaillible. Son efficacité dépend de plusieurs facteurs : la fréquence des tétées, leur durée, le caractère exclusif ou non de l'allaitement, et la réponse hormonale individuelle de chaque femme. Certaines femmes ovulent avant même le retour de leurs règles, ce qui signifie qu'une grossesse peut survenir sans signe avant-coureur.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le fonctionnement de l'allaitement, n'hésitez pas à consulter nos ressources complètes sur le sujet.

La méthode MAMA : une contraception naturelle sous conditions strictes
La méthode MAMA (Méthode de l'Allaitement Maternel et de l'Aménorrhée) est reconnue comme une forme de contraception naturelle efficace à 98% si toutes les conditions sont respectées. Cette méthode repose sur trois critères essentiels qui doivent être réunis simultanément :
- Allaitement exclusif : Votre bébé ne doit recevoir que du lait maternel, sans complément de lait artificiel, d'eau ou d'aliments solides
- Fréquence des tétées : Minimum 6 tétées par 24 heures, avec un intervalle maximum de 4 heures le jour et 6 heures la nuit
- Âge du bébé : Cette méthode n'est fiable que pendant les 6 premiers mois suivant l'accouchement
- Absence de menstruations : Vous ne devez pas avoir eu votre retour de couches
Si l'une de ces conditions n'est pas remplie, l'efficacité de la méthode MAMA diminue considérablement. Par exemple, l'introduction d'un biberon, l'utilisation régulière d'une sucette qui réduit le temps de succion au sein, ou le début de la diversification alimentaire peuvent suffire à relancer l'ovulation. Il est donc important de ne pas considérer l'allaitement comme une contraception fiable à 100% si vous ne pouvez pas respecter toutes ces conditions.
Pour mieux comprendre les différentes étapes du développement de votre bébé et adapter votre allaitement, découvrez notre guide sur le développement du nourrisson.
Comment savoir si vous êtes enceinte pendant l'allaitement ?
Détecter une grossesse pendant l'allaitement peut s'avérer plus complexe que dans des circonstances habituelles, car l'absence de règles est normale durant cette période. Voici les signes et les méthodes qui peuvent vous alerter :
Les symptômes physiques à surveiller :
- Sensibilité accrue des seins et des mamelons : Une douleur inhabituelle pendant les tétées peut apparaître
- Modification du lait maternel : Le lait peut devenir plus salé en début de grossesse, ce qui peut déplaire à votre bébé
- Diminution de la production de lait : Certaines femmes constatent une baisse de leur lactation
- Nausées matinales : Comme lors de toute grossesse, elles touchent environ 80% des femmes enceintes
- Fatigue intense : Plus marquée que la fatigue habituelle liée à l'allaitement et aux soins du bébé
- Légers saignements : Qui peuvent être confondus avec un retour de couches
Les tests de grossesse restent fiables :
La bonne nouvelle, c'est que les tests de grossesse fonctionnent parfaitement pendant l'allaitement. Ils détectent la présence de l'hormone HCG (gonadotrophine chorionique humaine) dans vos urines ou votre sang. Cette hormone est produite uniquement en cas de grossesse et n'est pas affectée par l'allaitement ou la prolactine.
Vous pouvez réaliser un test urinaire disponible en pharmacie dès le premier jour de retard de règles (si vous avez eu votre retour de couches) ou en cas de doute même sans règles. Pour une confirmation plus précoce et précise, une prise de sang prescrite par votre médecin permet de doser l'HCG de manière quantitative.
Si vous venez d'apprendre votre grossesse, consultez nos conseils sur le déroulement des trimestres de grossesse pour bien vivre cette nouvelle aventure.
Vos questions fréquentes concernant la grossesse pendant l'allaitement
1. Puis-je continuer à allaiter si je découvre que je suis enceinte ?
Oui, dans la grande majorité des cas, vous pouvez poursuivre l'allaitement pendant votre grossesse. De nombreuses études démontrent que c'est sans danger pour le fœtus, l'enfant allaité et la maman. Votre lait reste nutritif même si sa composition évolue. Cependant, certains changements peuvent survenir : sensibilité des mamelons, diminution de la production de lait, et apparition du colostrum en fin de grossesse. Il est recommandé d'en parler avec votre gynécologue, surtout si vous avez des antécédents de fausses couches ou d'accouchement prématuré.
2. L'ovulation peut-elle vraiment survenir avant le retour de couches ?
Absolument. C'est d'ailleurs l'un des pièges de la période post-partum. L'ovulation précède toujours les règles d'environ deux semaines. Vous pouvez donc ovuler et tomber enceinte sans jamais avoir eu votre retour de couches. C'est pourquoi de nombreuses femmes découvrent leur grossesse alors qu'elles pensaient être protégées par l'allaitement. Si vous ne souhaitez pas une nouvelle grossesse rapidement, une contraception adaptée est indispensable, même en l'absence de règles.
3. Quand la fertilité revient-elle après l'accouchement ?
Le retour de la fertilité est très variable d'une femme à l'autre. Sans allaitement, l'ovulation peut reprendre dès 3 semaines après l'accouchement. Avec un allaitement exclusif et intensif, elle peut être repoussée de plusieurs mois, voire jusqu'à un an ou plus. Cependant, dès que la fréquence des tétées diminue (introduction d'un biberon, début de la diversification alimentaire, espacement des tétées nocturnes), la prolactine baisse et l'ovulation peut redémarrer rapidement. Il n'existe pas de règle universelle, d'où l'importance d'une contraception si vous ne souhaitez pas une nouvelle grossesse.
4. Quelles contraceptions sont compatibles avec l'allaitement ?
Plusieurs options contraceptives sont possibles pendant l'allaitement. Les méthodes recommandées incluent les contraceptifs progestatifs uniquement (pilule microdosée, implant, injection), le DIU (stérilet) au cuivre ou hormonal, les préservatifs, et les méthodes naturelles comme la symptothermie. En revanche, les contraceptifs combinés contenant des œstrogènes sont déconseillés pendant les 6 premières semaines post-partum et peuvent diminuer la production de lait. Votre médecin ou sage-femme vous aidera à choisir la méthode la plus adaptée à votre situation.
Conclusion
L'allaitement maternel offre une protection naturelle contre une nouvelle grossesse, mais cette protection n'est ni automatique ni absolue. Bien que le mécanisme hormonal de la prolactine bloque généralement l'ovulation, de nombreuses variables peuvent influencer le retour de votre fertilité : la fréquence et l'intensité des tétées, l'âge de votre bébé, votre physiologie personnelle.


